DENEZ TEKNOZ PROJEKT – Trañs

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DENEZ TEKNOZ PROJEKT – Trañs
(Coop Breizh)

Les rapports entre Denez PRIGENT et la musique électro ne sont pas nouveaux. En 1994, sur l’album Dao Dezi, produit par les compositeurs Éric MOUQUET (DEEP FOREST) et Guilain JONCHERAY, Denez, tout comme de nombreux autres artistes bretons, s’y frottait déjà. Trois ans plus tard, Denez frappait très fort avec l’album Me ‘zalc’h ennon ur fulenn aour, qui reste encore aujourd’hui une référence et une réussite en matière de fusion entre musique traditionnelle ou d’inspiration traditionnelle bretonne et musique électro.

Les enregistrements suivants, bien que captivants, verront ces dernières influences moins présentes. Après une longue période de silence discographique, Denez est revenu en 2015 avec un album acoustique aux couleurs des musiques du monde, Ul liorzh vurzhudus. Un CD bonus comprenant des remix réalisés par le DJ James DIGGER sera néanmoins proposé peu après et verra revenir des sons électros. Puis, en 2018, l’album Mil hent notera un retour partiel de passages électroniques. Une des plages retiendra particulièrement l’attention, Ar marv gwenn.

Depuis 2019, Denez a également repris le chemin des festoù-noz avec une formule nouvelle, en groupe, et surtout en proposant une musique ouvertement revendiquée techno. Le groupe s’appelle DENEZ TEKNOZ PROJECT. Outre Denez, on peut y retrouver James DIGGER (programmations), Fred GUICHEN (accordéon diatonique) et Antoine LAHAY (guitares). Le quatuor s’est produit en novembre 2019 lors du grand rendez-vous annuel de la danse bretonne, le festival Yaouank de Rennes, et c’est l’enregistrement de ce concert qui parait en CD.

La gageure était de réussir à faire cohabiter le chant, la guitare et l’accordéon avec les programmations électro sans que ces dernières, bien qu’omniprésentes, ne couvrent l’ensemble. Sur ce plan, tout fonctionne parfaitement et l’accordéon occupe même une place de choix.

Toutes les plages de l’album bénéficient d’un nom en rapport avec l’univers de la musique techno. Le premier titre, Android 56, débute par une longue introduction aux nappes de claviers que viennent approcher quelques notes d’accordéon puis la rythmique se met en place, implacable, à peine troublée par la guitare électrique. Le chant vient ensuite se poser.

Les trois titres suivants sont une suite de plinn. Le premier de ces titres, Bit-plinn, est une reprise d’An intañvez qui fut interprétée entre autres pas les célèbres Sœurs GOADEC. Là encore un rythme effréné occasionne une accélération de la fréquence cardiaque.

Plus calme, si l’on peut dire, Cyber bal permet de recharger les batteries et de reposer les pieds avant d’enchaîner avec Elektrovor. Sous ce nom, on reconnait un chant que Denez a interprété en duo avec sa complice, la regrettée Louise EBREL, E garnison, dans une version totalement revisitée qui lui sied parfaitement et qui met cette fois plus en avant la guitare électrique.

Hard-Korr est une reprise frénétique du traditionnel Pedont war bont an Naoned. Derrière Trañs-Dañs se cache Dañs, un titre qui figurait sur le premier album de Denez, Ar gouriz koar, et que l’on retrouve ici complètement réadapté, paroles et musique. Enfin, Koztez Kêr est une ré-interprétation de Nozvezh kentañ ma eured ou Fransozig en version kost ar c’hoad (ce chant est également interprété parfois sous la forme d’une gavotte).

L’album est en tout cas bien nommé, car il est clair qu’une écoute prolongée conduira inexorablement à la transe. Les rythmes répétitifs sont la marque de la musique bretonne à danser et de la musique techno. Une telle association, dès l’instant qu’elle respecte les deux univers sans les opposer, appuyée par des musiciens talentueux, ne peut que soulever l’enthousiasme.

Le pari était audacieux et prouve, s’il en était encore besoin, que la musique bretonne sait s’adapter à toutes les tendances. Le choix de l’enregistrement en public plutôt qu’en studio s’avère en outre judicieux et apporte indéniablement un surcroît de vitalité.

Trañs est un album qui fera date. Par contre, le CD n’a été édité au format physique qu’à 2500 exemplaires. Il n’y en aura donc pas pour tout le monde.

Didier Le Goff

Label : www.coop-breizh.fr

 

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