Le son compact et puissant de Pixvae est devenu une marque de fabrique, depuis la naissance du phénomène dans un imaginaire commun, quelque part au-dessus des courants du Pacifique… Sa musique est toute à la fois ancrée dans les profondeurs des traditions et survitaminée par la liberté stylistique venue de l’underground contemporain. Avec El Bacaneao, son nouvel et quatrième album, le groupe atteint un nouveau palier dans l’entremêlement entre rythmes afro-colombiens et rock noise. La formule est d’autant plus efficace après deux denses années de tournées dans la version sextet des origines.
Au trio fondateur français, soudé de longue date autour du détonateur Romain Dugelay, s’est progressivement agrégé un autre trio venu de la côte Pacifique de la Colombie, berceau du currulao. La batterie augmentée de Léo Dumont et la guitare transcendée par Damien Cluzel poursuivent leur insatiable communion avec les saxophones et claviers du compositeur, accompagné pour cet album dans le travail de création par Juan Carlos Arrechea et Israël Quinones… Le premier poursuit son œuvre de transmission, entre les époques et entre les cultures, de l’instrument central du currulao : la marimba de chonta. Le second intervient aux percussions et au chant, avec une autre voix hors du commun, celle de Jennifer « Xiomora » Torres. En intensifiant sa présence en France, l’équipe colombienne a permis d’optimiser encore le côté fusionnel de cette aventure collective… Pixvae est un rassemblement de parcours tracés depuis différents points de l’horizon sur la carte d’un continent imaginaire !
L’écriture de textes originaux permet une approche contemporaine des thèmes traditionnellement abordés dans le currulao, pleins de la force du quotidien et du rapport à ses environnements naturels et spirituels. Dans la société post-moderne dissociant nature et culture ou privilégiant le profit sur l’épanouissement, le simple titre de l’album El Bacaneao est riche d’enseignements sur la démarche du groupe. Il évoque l’altérité revendiquée et le plaisir simple mais néanmoins complexe d’être au monde.
© Amaury Rullière
