HUMAN BEING – Live at the Zodiak – Berlin 1968

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HUMAN BEING – Live at the Zodiak – Berlin 1968
(Nepenthe Music)

En été 1968 Conrad SCHNITZLER ouvrait les portes du Zodiak Free Arts Lab. Y passèrent pendant environ deux années des formations musicales en gestation telles que ASH RA TEMPLE, AGITATION FREE, GURU GURU, PSY FREE (avec Klaus SCHULZE) et HUMAN BEING. On jurerait que le nom de cette dernière fut tiré de la formule « Every Human Being is an Artist » prônée par Joseph BEUYS, artiste conceptuel proche de Fluxus ayant communiqué sa démarche à Conrad SCHNITZLER et à bien d’autres étudiants allemands.

Renseignements pris auprès de Hans-Joachim ROEDELIUS, la dénomination « Human Being » ne serait en fait pas à créditer à BEUYS. Pourtant non seulement la formule était reprise, mais elle était mise en application. Le HUMAN BEING était en effet formé d’une demi-douzaine d’autodidactes des arts et spectacles, dont ROEDELIUS, futur membre de KLUSTER, CLUSTER et HARMONIA. On s’engouffre donc au cœur de la scène artistique berlinoise underground de la fin des sixties, underground au sens propre, puisque le Zodiak était logé dans les sous-sols d’un théâtre.

Un premier extrait de ce live fut publié en 2005 sur la compilation ROEDELIUS Works 1968-2005, livrant une improvisation totale peu audible ne laissant rien présager de très palpitant. La performance est cette fois livrée d’un bloc de quasiment une heure, Track 1 : Human Being 1 (un titre qui laisse entendre qu’il y en aurait d’autres ?). Finalement, ce n’est pas la déferlante frénétique que l’on craignait mais plutôt une bonne acclimatation à la live electronic music.

Ici, aux origines du krautrock, pas l’once d’une rythmique rock’n’roll, à peine un chouia de free jazz, mais surtout une improvisation à partir d’instruments à cordes, à vent, de cuivres, d’orgues et d’ustensiles, frottés, pincés, soufflés, en jouant sur les effets d’amplification et de réverbération permis par le système de 400 watts installé au Zodiak.

Pour en donner une idée, il s’agit de quelque chose de plus expérimental et brut que le premier TANGERINE DREAM, Electronic Meditation, (pourtant déjà pas mal dans le genre) et d’un peu moins narratif que les deux albums studios de KLUSTER. Quelques voix éparses interviennent, des grommellements plus que des paroles.

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Les membres de HUMAN BEING sculptaient collectivement une matière sonore psychédélique. Psychédélique dans le sens où ils se laissaient porter par leurs sensations, surfant sur les vagues de sons déformés, tentant de (et réussissant à) contrôler le flux sonore, parfois assez intense, grâce à une bonne cohésion d’ensemble. Un bruit de fond, un souffle est perceptible.

Sans doute qu’au Zodiak l’expérience acoustique était extrême et que pour ce disque un gros travail de mastering a été effectué à partir des bandes (fournies par un mystérieux anonyme) pour écrêter les saturations. Mais comme l’indique le livret il est fortement conseillé de l’écouter à un volume très élevé.

Éric Deshayes

Label : https://soundcloud.com/nepenthe-music

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°27 – décembre 2009)

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