Jean-Luc Hervé BERTHELOT / ARCANE WAVES – Electronic Fields

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Jean-Luc Hervé BERTHELOT / ARCANE WAVES – Electronic Fields
(Autoproduction)

Malgré ses plus de 110 albums au compteur, Jean-Luc Hervé BERTHELOT est un musicien tellement discret qu’il continue de passer allègrement sous tous les radars. C’est assez dire quel j’ai plaisir toujours à chroniquer le nouvel opus de cet immense compositeur pratiquement inconnu en France. La dernière fois, donc, que j’avais évoqué Jean-Luc Hervé BERTHELOT et l’un de ses albums, c’était concernant Disrupted Insight, qui mélangeait essentiellement des paysages soniques purement électroniques d’un niveau stratosphérique et des field recordings d’une qualité extraordinaire. Avec son tout nouveau Electronic Fields, c’est très clair, il ne s’agira que de sonorités purement électroniques. Sauf qu’en 50 ans de musique électronique, Jean-Luc Hervé BERTHELOT a tout vu, tout fait, tout connu.

On le voyait déjà dans les années 1970 posant devant un système composé de deux EMS VCS3, d’un EMS AKS et d’un séquenceur Roland 104. C’est pourquoi on ne peut se pencher sur ce nouveau Electronic Fields qu’avec le sentiment du dernier album en date d’un véritable sage du synthétiseur, un album fruit d’une expérience et d’un savoir-faire sans bornes.

Tout cela peut paraître complexe, voire intimidant. En réalité, c’est tout le contraire. On lance l’album et il n’y a plus qu’à se laisser porter d’atmosphère en atmosphère tout en rêvant à l’infini. Il n’y a rien à comprendre à Electronic Fields, c’est juste un tapis volant sonique destiné à nous porter au travers d’univers timbrales toujours renouvelés et toujours fascinants. On a cette impression constante d’être passé dans une sorte d’univers parallèle et de se promener tranquillement en flottant d’une planète sonique à une autre, chacune avec son langage harmonique propre et dégageant son expressivité sonore spécifique.

On touche là du doigt, enfin du bout de l’oreille, toute la science qui permet à Jean-Luc Hervé BERTHELOT de parvenir à des albums aussi maîtrisés et aussi stupéfiants que ce tout nouveau Electronic Fields. Et, je vous le redis, il y en a plus de 110 comme ça, dans tous les genres…

10 questions à Jean-Luc Hervé BERTHELOT

Pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

JLHB – Compositeur passionné par le son, qu’il soit naturel, instrumental, ou électronique, je travaille principalement à l’habillage d’expositions artistiques et sur des musiques de films documentaires. Refusant d’être catalogué et/ou verrouillé dans un seul style musical, j’ai créé différents projets dans des domaines comme la Musique Acousmatique, l’Électronique « old school » et la Techno.

Pourrais-tu nous résumer à grands traits ton parcours musical ?

JLHB – Une formation classique en piano et percussions, mais le conformisme académique m’a poussé rapidement au début des années 1970 vers les musiques expérimentales et improvisées.
La suite découle de rencontres et d’opportunités qui m’ont permis de travailler pour des chorégraphes, des réalisateurs et des artistes plasticiens.

Comment pourrais-tu définir ton style personnel en matière de musique électronique ?

JLHB – Je n’ai pas vraiment de style personnel ; c’est plutôt une manière de travailler en deux temps, improvisation puis construction/composition. Dans la phase improvisation, le travail du son est instinctif, suivant l’inspiration du moment, une approche par stratification où les imperfections et les incidents sonores servent d’appuis à de nouveaux développements. Dans la phase construction/composition, j’organise la matière sonore en structures et en ambiances, par coupes, déplacements et collages.

Parlons maintenant de ton tout nouvel Electronic Fields. Comment nous le présenterais-tu avec tes propres mots ?

JLHB – Electronic Fields présente des paysages électroniques abstraits, une esthétique assumée par la mise en avant des sons au détriment de la structure des morceaux.

Pourrais-tu aussi nous présenter le système modulaire sur lequel est né cet album ?

JLHB – C’est un système Eurorack en cours de construction, volontairement limité en taille et en budget, un système libre (la liberté étant le principe de base de la modularité) orienté musique expérimentale, avec une recherche de l’instabilité sonore dans le choix des modules, chaque module générateur de sons pouvant fonctionner de manière autonome. Je n’abandonne pas pour autant les sons concrets et le « field recording », un module d’enregistrement et de lecture d’échantillons étant intégré au système.

Dirais-tu qu’Electronic Fields est une nouvelle étape importante ou particulière de ton parcours ?

JLHB – C’est une étape importante du projet ARCANE WAVES, un virage vers la prépondérance du son électronique dans la composition.

Au fond, comment entends-tu en toi-même les paysages sonores que tu élabores ?

JLHB – Au fur et à mesure de l’évolution de la manière sonore, je suis fortement influencé par le but à atteindre (film, chorégraphie, exposition artistique) et l’imagination a parfois tendance à prendre le dessus. Je me laisse porter par les sons, les ambiances, mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur de mes attentes. Je prends alors du recul et le pragmatisme du compositeur finit toujours par l’emporter.

D’où te viens ce goût pour les paysages sonores ?

JLHB – De la peinture, de la nature, de mes voyages, des musiques librement improvisées… mais aussi de certaines rencontres professionnelles qui souhaitaient des musiques déstructurées sur leurs images. Tout cela m’a donné le goût des assemblages sonores en dehors de toutes contraintes inhérentes à la musique en général (je parle ici de tonalité, d’harmonie, de contrepoint).

Quels prochains horizons te fixes-tu pour tes futurs projets ?

JLHB – Dans un futur proche, le troisième album de la série Synthdrome (projet Jihel) dédié au Minimoog, et un nouvel album électro de Flying Species. À long terme, une nouvelle trilogie du projet Tales est en préparation; le système modulaire y sera très présent. Mais je peux très bien bifurquer vers d’autres horizons sonores, car je n’aime pas figer les choses…

Comment voudrais-tu conclure cette petite interview ?

JLHB – Dans la vie, j’applique toujours la devise des Thélémites : « Fay ce que vouldras ».

Chronique et entretien réalisés par Frédéric Gerchambeau

Pages : https://arcanewaves.bandcamp.com/album/electronic-fields

http://jlhb.free.fr/arcanewaves.html

 

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