Le PRÉSENT qui rend fou
Créature attitrée du compositeur, guitariste et claviériste belge Roger TRIGAUX, PRÉSENT est né après son départ du groupe UNIVERS ZÉRO, groupe-phare, avec ART ZOYD, de ce qu’il a été convenu d’appeler, faute de mieux et en raison de leur caractère inédit à l’époque, les « musiques nouvelles européennes ».
Comme on peut s’en douter, PRÉSENT affiche la même propension que le groupe de Daniel DENIS pour une musique complexe et troublante inspirée par les grands compositeurs contemporains Igor STRAVINSKY et Béla BARTOK, à la différence que PRÉSENT y adjoint l’électricité hendrixienne, frippienne et magmaïenne.
L’œuvre de Roger TRIGAUX est cependant bien plus d’un agrégat de références glorieuses ; elle possède son identité propre, qui s’est aguerrie dans le foyer ardent d’émotions aussi douloureuses que flamboyantes. On a souvent dit de PRÉSENT qu’il peignait une vision démesurément sombre du monde, au point d’oublier qu’il la transcende aussi en peignant l’humour en noir ! Si les anges n’y ont pas leur place, les démons y sont toutefois contraints de porter des masques ricanants…
RYTHMES CROISÉS / TRAVERSES vous emmène en promenade au fond d’une démence canalisée en compagnie de Roger TRIGAUX, avec visite des différents opus de PRÉSENT.
Entretien avec Roger TRIGAUX
(Roger va faire Pif-Paf!)
PRÉSENT est souvent présenté comme le fils spirituel d’UNIVERS ZÉRO, et du reste il n’est pas rare de retrouver dans les deux groupes les mêmes musiciens, parmi lesquels Daniel DENIS, Alain ROCHETTE et Guy SEGERS. Depuis quand les connais-tu exactement et quelles sont vos affinités ?
Roger TRIGAUX : Je connais Daniel depuis 1970 ainsi que Guy SEGERS. Alain, je l’ai rencontré en1979. J’ai beaucoup d’affinités avec Daniel et Guy. Nous avons travaillé ensemble durant de longues années avec UNIVERS ZÉRO et ensuite avec PRÉSENT. Bien sûr, il y a un lien avec UNIVERS ZÉRO au début (de 1973 à 1979) puisque j’en faisais partie et que j’y composais. PRÉSENT n’est pas pour autant le « fils spirituel » d’UNIVERS ZÉRO. C’est un véritable groupe rock, et ce bien plus que UNIVERS ZÉRO ne l’a jamais été.
Ta scission avec UNIVERS ZÉRO correspond-elle à une réelle divergence musicale avec Daniel DENIS ?
RT : Oui et non. En fait, je voulais surtout être totalement responsable, dans un groupe, de la composition, de la direction et de la gestion. De plus, à l’époque où j’ai quitté UNIVERS ZÉRO, certains de ses membres voulaient se diriger vers plus d’improvisation dans la musique.
Le nom UNIVERS ZÉRO renvoie à la science-fiction, notamment à un roman de STERNBERG. Le nom PRÉSENT fait-il référence à quelque chose de similaire ?
RT : Pas du tout, il faut entendre PRÉSENT comme un cadeau. Cela ne fait pas référence au temps.
Dans quelle mesure la science-fiction a-t-elle influencé l’univers d’UNIVERS ZÉRO et de PRÉSENT ?
RT : La science-fiction n’a jamais influencé UNIVERS ZÉRO. C’étaient plutôt des climats moyenâgeux qui nous inspiraient à l’époque.
Des titres comme Triskaidekaphobie, Promenade au fond d’un canal, Répulsion… sont évidemment imprégnés d’une bonne dose d’humour noir. Sont-ils également liés à des visions ou à des émotions plus ou moins précises ?
RT : À des émotions, oui,mais pas à des images. Comme tu l’as mentionné, il y a une grande dose d’humour dans les titres des morceaux de PRÉSENT. Beaucoup de gens se créent des images en écoutant PRÉSENT. Je vais peut être te surprendre, mais moi, pas du tout ! Je ressens ce que je compose comme des émotions intenses. Mais la musique a ceci de particulier que l’auditeur peut en faire ce qu’il veut d’après sa propre culture et sa propre perception des sons. Et cela est très bien ainsi.
Le titre Le Poison qui rend fou renvoie aux Aventures de Tintin, référence culturelle belge par excellence. Sachant que PRÉSENT fait un peu figure de « brebis galeuse » en Belgique puisque le groupe n’y est guère considéré, je me suis demandé si un tel titre ne faisait pas office de boutade ou de pied-de-nez ?
RT : En effet, mon enfance a été bercée de lectures des Aventures de Tintin. Cela m’est resté. Il y a aussi une solide dose d’humour au 2e degré dans cette bande dessinée.
PRÉSENT a-t-il réellement cessé d’exister entre 1985 et 1993 ?
RT : Oui, mais seulement jusqu’en 1990. À cette époque, j’étais déçu par le milieu musical. Je m’étais également fait rouler par un producteur français… Enfin bon, je n’y croyais plus ! J’avais l’impression que ce que je faisais ne servait à rien. La grosse dépression, quoi !
Comment t’est venue l’idée de reformer PRÉSENT sous forme de duo avec ton fils Réginald ?
RT : En 1990, j’ai vraiment été tenté de refaire quelque chose. J’avais arrêté la musique, mais j’en étais malade ! Or, Réginald travaillait la musique et la guitare depuis quelques années déjà. Donc, c’était une opportunité de retravailler avec quelqu’un qui avait grandi avec cette musique. En plus, il est vraiment doué ! Il ne restait plus qu’à essayer de travailler ensemble. Et cela a fonctionné !
On retrouve certains morceaux de COD Performance dans les albums plus récents (Alone dans le Live et Love Scorn, rebaptisé The Sense of Life, dans Certitudes), sous une forme nouvelle. Cela signifie-t-il que ces morceaux avaient été conçus à l’origine pour un quartet ou un quintet, ou les as-tu réécrits ultérieurement ?
RT : Ces morceaux n’étaient pas destinés à une grande formation au départ. Je les ai réécrits après.
L’album Live a confirmé le retour de PRÉSENT en tant que vrai groupe. Quelles circonstances ont amené sa reformation ?
RT : Très vite, Réginald et moi-même nous sommes rendus compte de l’impasse qui résultait de ne travailler qu’en duo. Et le hasard des rencontres a fait le reste… Un ami à Réginald était d’accord pour travailler la basse avec nous. De plus, lors d’un concert de U TOTEM à Bruxelles, j’avais été très impressionné par le travail de Dave KERMAN. Je lui avais donc demandé si cela l’intéressait de jouer avec PRÉSENT. Cela tombait bien, il connaissait PRÉSENT et en appréciait la musique…
Le dernier album, Certitudes, me paraît présenter une nouvelle étape dans l’évolution musicale de PRÉSENT, et non un simple « retour » à ses débuts, comme on a pu le dire. La démarche est évidemment la même, mais le propos semble plus resserré. (Je ne parle pas de la durée des morceaux, mais de l’écriture qui, tout en étant toujours aussi complexe, est moins labyrinthique.) Le vois-tu ainsi ?
RT : Oui. Personnellement, je n’ai pas assez de recul par rapport à Certitudes pour affirmer que c’est réellement un tournant. Pour moi, mon travail est une suite et une évolution logique. Et cela se confirmera avec les deux nouveaux CDs que nous allons enregistrer en mai et juin en Israël. Dans le prochain album, il y aura les deux tendances (le côté labyrinthique, mais aussi beaucoup de chant).
Question bête (une de plus !) : quelles sont ces fameuses « certitudes » ?
RT : Quand j’ai composé Certitudes, j’étais en proie à des doutes importants sur la qualité de ces compositions. C’est pour ça que je l’ai intitulé Certitudes. L’humour, toujours !
Hormis COD Performance, tous les disques de PRÉSENT sont édités par Cuneiform, considéré comme un label de « musiques progressives ». Te sens-tu concerné par ce qu’on appelle le « rock progressif » ? En écoutes-tu ?
RT : Pas trop. Je n’aime pas le terme « rock progressif ». Certains considèrent GENESIS comme du rock progressif, alors… À certains endroits de la planète, ce terme signifie « hard core » ou même « metal rock », etc. En revanche, c’est le terme le plus approprié pour toute une tendance de la musique rock.
Mais bon, ce n’est pas à moi à définir ce que je fais ; moi je le fais, c’est tout ! Si les gens ont besoin de créer des tiroirs dans lesquels ils pourront classer leur goûts en leur donnant un nom, c’est leur problème !
Discographie commentée de PRÉSENT
Triskaidekaphobie / Le Poison qui rend fou
(Cuneiform / Orkhêstra – 1989)
Comprenant dans leur intégralité les deux premiers albums de PRÉSENT parus dans les années 1980, ce CD a de quoi plaire aux fans du groupe comme aux curieux qui souhaiteraient reprendre son histoire depuis le début.
Triskaidekaphobie
Sorti originellement en 1981, Triskaidekaphobie se pose en inaugurateur d’un univers parallèle à l’ »univers du rien » dépeint par le groupe que Roger TRIGAUX venait de quitter. Point de rancœur ni de rancune toutefois entre les membres puisque Daniel DENIS et Christian GENET accompagnent Roger TRIGAUX dans son exploration de la « triskaidekaphobie », ou phobie du chiffre 13. Le pianiste Alain ROCHETTE, de formation jazz et classique, complète la formation.
Bien que plus électrique qu’UNIVERS ZÉRO, PRÉSENT partage avec son frère aîné le goût des compositions complexes, avec mélodies en contrepoint, cassures et changements de rythmes. Aucun laisser-aller de virtuosité stérile n’est toléré ; la (haute) technicité des musiciens est tout entière au service de l’expression d’émotions paroxystiques au travers de peintures sonores ambiguës que chacun peut à loisir trouver sombres, vivifiantes ou subtilement humoristiques au nième degré.
L’album s’ouvre sur une Promenade au fond d’un canal, en apparence anodine, mais qui génère progressivement un climat d’effroi minutieusement détaillé, scruté, fouillé pendant 19 minutes, avec un sens délicieusement aigu de la dramatisation. C’est le type même du morceau narquois et angoisseux qui vous fait craindre le pire… pire qui n’arrive pas, mais que l’on attend toujours à la fin du morceau !
Quatre-vingt douze permet à Roger TRIGAUX et à Alain ROCHETTE de se livrer à des joutes oratoires tortueuses de pianos et de claviers (pas de guitare électrique), sous les encouragements virulents de la section rythmique DENIS/GENET.
En clôture, Répulsion effectue un zoom arrière sur une séquence particulièrement sépulcrale de Quatre-vingt douze, rendue encore plus lancinante, mais en même temps plus effroyable, donnant à l’auditeur la sensation de rester prisonnier d’un cauchemar dont il croyait s’être réveillé.
Le Poison qui rend fou
Quatre ans séparent Triskaidekaphobie de son successeur, dont le titre ne laisse présager aucun signe d’accalmie dans l’esprit de son auteur. Ainsi, Le Poison qui rend fou est-il injecté dans le paysage musical ultra-lisse des années 1980, qui auront tôt fait de le mettre en quarantaine…
Il ne faut pas forcément être un grand spécialiste de la culture B.D. pour se souvenir que ce « poison qui rend fou » n’est autre que celui qui fait des ravages auprès de certains personnages d’une aventure de Tintin, Le Lotus bleu. Il donne une image assez transparente de ce que l’écoute du disque peut inspirer à un être normalement constitué.
Dédale de thèmes, profusion d’ambiances louches ou fébriles, cassures désarmantes, thèmes folklorisants détournés, syncopes rythmiques (Daniel DENIS aux percussions et Ferdinand PHILIPPOT à la basse, en remplacement de Christian GENET) : tout concourt à égarer l’auditeur dans une jungle foisonnante dans laquelle il est bien difficile de retrouver son chemin. On notera la présence de la chanteuse Marie-Anne POLARIS (dans le rôle de la Castafiore de Hergé), dont la performance, bien que succincte, constitue un bel essai d’intégration de texte chanté dans la musique de Roger TRIGAUX.
Alain ROCHETTE, dont le jeu de piano, souvent martial et obsédant, un peu comme chez MAGMA, signe pour sa part une composition (Samana) dans laquelle ses inspirations jazz et classiques sont plus perceptibles ; mais elles sont très vite prises en otage par ce « raïdjaïdja » qui fait vraiment tourner en bourrique d’un bout à l’autre de l’album. C’est à se demander même si ce « poison » n’a pas été injecté ici à trop forte dose…
C.O.D. Performance
(Lowlands / Semantic – 1993, réédition Gazul/Muséa – 1999)
Après une traversée du désert de près de huit ans, PRÉSENT refait surface en 1993 sans tambour ni trompette, mais également sans bassiste, sans batteur et sans claviériste. Contre toute attente, PRÉSENT est devenu un duo, et familial qui plus est, puisqu’il réunit Roger TRIGAUX et son fils Réginald. C.O.D. Performance prend ainsi des allures de concerto des temps modernes pour deux guitares. Celles-ci nous entraînent dans leurs méandres mélodiques, en contrepoint le plus souvent, le temps de trois compositions étirées de 9 à 25 minutes qui réservent parfois de fort beaux moments (notamment dans Alone I et II) si tant est que l’on ne soit pas allergique aux expressions hagardes et tourmentées.
Père et fils assurent aussi, à l’occasion, les percussions (rares et vélléitaires), ainsi que le chant. Bien que l’intégration de ce dernier constitue une réelle nouveauté dans le champ musical de PRÉSENT, elle laisse dubitatif quant à sa pertinence. Est-ce un manque de conviction ? Toujours est-il que les voix, ici, ne parviennent pas à donner de l’ampleur et de l’intensité aux compositions, dont l’interprétation en formule minimaliste est déjà aride.
L’absence d’un vrai groupe, doté d’une solide section rythmique, n’est en effet pas de nature à satisfaire les fervents amateurs des deux premiers albums.
C.O.D. Performance est donc une expérience à part dans l’histoire de PRÉSENT, mais qui a au moins le mérite de rappeler à qui l’aurait oublié que Roger TRIGAUX est un guitariste inventif au son caractéristique, et d’autant plus maître de son art qu’il n’éprouve pas le besoin de déballer son savoir-faire technique dans un but essentiellement ostentatoire.
Réginald TRIGAUX, quant à lui, prouve qu’il a pleinement assumé la relève à laquelle il était destiné, et le dialogue avec son père se situe bien au-delà du devoir d’école récité par cœur. PRÉSENT « C.O.D. PERFORMANCE » a également enregistré un morceau pour la compilation Unsettled Scores de Cuneiform (1995) qui n’est autre que la reprise, torride comme il se doit, d’une composition de Nick DIDKOVSKY (DOCTOR NERVE), Pain Waits Till 5 PM. (Précisons que, dans cette compil’, le groupe canadien MIRIODOR présente aussi un surprenant medley comprenant la fameuse Promenade au fond d’un canal de PRÉSENT, couplée avec Combat et Heatwave d’UNIVERS ZÉRO !)
Live !
(Cuneiform / Orkhêstra – 1996)
Cet album live est à la fois une confirmation et une consécration. D’abord, il atteste que PRÉSENT, en tant que groupe, s’est vraiment reformé avec, autour de Roger et Réginald TRIGAUX, le batteur totémiste Dave KERMAN (5 UU’s, U TOTEM, THINKING PLAGUE…) et le bassiste Bruno BERNAS. De plus, ce disque renoue de façon indiscutable avec l’univers mélodico-rythmique, labyrinthique et agité des premiers albums du groupe et rallume la flamme tourmentée des musiques nouvelles européennes qu’UNIVERS ZÉRO, toujours sous l’emprise de la léthargie, avait laissé devant son vestiaire.
Témoignage d’un concert donné en Allemagne lors de la tournée européenne du groupe en 1995, ce Live ! ne se contente pas de tirer sur la corde facile de la nostalgie ; il rend compte de la détermination de PRÉSENT à poursuivre l’édification de son grand-œuvre en le reprenant là où il l’avait laissé après Le Poison qui rend fou, non sans tirer partie du travail exposé sur C.O.D. Performance. Ainsi, les guitares enchevêtrées de la famille TRIGAUX (un peu à la manière de KING CRIMSON à l’époque de Discipline, mais en plus rustique) prennent l’avantage sur les claviers, et sont admirablement portées par la rythmique maniaque de BERNAS/KERMAN.
Les TRIGAUX lancent leurs imprécations vocales avec beaucoup plus de vigueur, comme on peut s’en rendre compte avec les deux nouvelles compositions qui ouvrent le CD, Laundry Blues et Contre (adaptation d’un écrit de Henri MICHAUX). On appréciera aussi la réorchestration particulièrement bienvenue du morceau Alone – paru à l’origine sur C.O.D. Performance –, car elle en décuple toute la force émotionnelle. Enfin, le passé de PRÉSENT (Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?) refait surface à l’occasion d’une nouvelle Promenade au fond d’un canal, plus sombre et paranoïaque que jamais, et dont l’effroyable tension est ravivée par l’interprétation scénique.
Ajoutons que la prise de son est remarquable et procure une vitalité neuve à la musique de PRÉSENT, à qui le contexte live sied à ravir ! PRÉSENT n’est pas seulement regonflé à bloc sur ce Live !, il est aussi chauffé à blanc, et ses braises n’en finissent pas de crépiter dans nos mémoires écorchées.
Certitudes
(Cuneiform / Orkhêstra – 1998)
Certitudes ? Il y en a au moins une qui ne se discute pas : celle de la résurrection essentielle de PRÉSENT, dont c’est ici la première réalisation studio en quintet depuis 1985. PRÉSENT revenu, c’est un peu de fadeur et de frivolité en moins dans le monde très controversé des musiques progressives, qui avait trop tendance à se transformer en mare stagnante, sans même l’ombre d’un pavé pour la titiller…
C’est chose faite avec cet album. Roger et Réginald TRIGAUX continuent de se disputer les guitares et les vocaux, ceux-ci étant de mieux en mieux intégrés à l’ensemble. Surprise : les claviers et le piano d’Alain ROCHETTE sont revenus, et c’est Daniel DENIS qui opère à la batterie. Pour ne rien gâter, même Guy SEGERS, l’ancien bassiste d’UNIVERS ZÉRO, a été réquisitionné ! La formation donne bien évidemment le ton et la couleur : PRÉSENT persiste et signe dans son registre stylistique, où résonnent la rage crimsonienne, la fébrilité zeuhlienne, et dans lequel Igor STRAVINSKY vous salue bien.
Signe d’évolution, les nouvelles compositions se caractérisent par une tendance au resserrement plutôt qu’à l’expansion labyrinthique et privilégient les séquences répétitives hypnotiques et obsédantes. Leur impact n’en est que plus immédiat, à l’instar de l’époustouflant morceau d’ouverture, Délusions. Les vocaux sont de mieux en mieux intégrés, d’autant que les voix de Roger et de Réginald ont parfois l’air d’être passées au mixer, ce qui leur procure une tessiture troublante, comme si les personnes qui nous parlent ici venaient…d’ailleurs.
Aucune récréation n’est accordée à l’auditeur, qui se voit contraint d’affronter sa propre face cachée, sans aucune voie de secours. Allez savoir pourquoi la musique de PRÉSENT donne la sensation de subir un procès de la conscience, en particulier de ses manquements !
Article et entretien réalisés par Stéphane Fougère
(Article original publié dans
TRAVERSES n°4 – juillet 1999)