ONE SHOT – Live in Tokyo
(Soleil Zeuhl)
La phase 1 de ONE SHOT (comprenez : la période avec Emmanuel BORGHI) ayant été bouclée avec la réédition du tout premier CD du groupe sous le titre Reforged, il était temps pour le plus populaire quartette de « heavy-jazz-rock-Zeuhl » de démarrer sa phase II. Et il le fait avec un CD live, le premier de son histoire ! On va me dire : « Et Vendredi 13, c’était quoi ? » Certes, cet album avait été enregistré dans les conditions du live, mais était uniquement constitué de nouveaux morceaux (pour l’époque), alors que celui-ci présente une retrospektiw… pardon, un répertoire rétrospectif puisant dans les quatre premiers albums. On y trouve deux morceaux de Dark Shot, deux d’Ewaz Vader, un de Vendredi 13 et un de Reforged.
On n’ira pas jusqu’à dire que c’est un « best of » vu qu’il y en aura toujours un pour dire qu’il manque tel ou tel morceau, mais c’est en revanche un excellent « Young Person’s Guide to ONE SHOT ». Vous aviez raté les précédents épisodes ? Ce live vous servira de résumé. Et non des moindres, sachant que, de l’aveu même du label, « la scène est réellement l’endroit où le groupe s’exprime le mieux et avec le maximum de puissance » (sic). Dont acte. Autant dire que si vous ne les avez jamais vus sur scène, vous avez vraiment raté quelque chose !
Et histoire d’ajouter au prestige, cet album a été enregistré non pas au Triton comme d’hab’, mais lors de trois dates à Tokyo ! Ce n’est pas tous les jours que ONE SHOT joue là-bas, alors il fallait marquer le coup !
De plus, ce live sert à introniser le petit nouveau, à savoir le claviériste Bruno RUDER, qui s’est fait connaître pour avoir depuis depuis plus de deux ans intégré un autre groupe dans lequel ONE SHOT a une curieuse (mais non fâcheuse) tendance à aller recruter ses musiciens… Toujours est-il qu’en deux temps, trois mouvements, Bruno RUDER s’est approprié le répertoire sans difficulté et se fond avec beaucoup d’aisance dans le son ONE SHOT, lequel est fidèle à celui qu’on lui connaît depuis sa création.
Pas de changement à ce niveau donc, ONE SHOT joue la carte de la sûreté en plus de l’excellence en matière d’interprétation. Car les versions des morceaux joués à Tokyo transcendent littéralement les versions originales, avec une inspiration une fois de plus renouvelée et qui a le vent en poupe.
Ajoutez à cela que ce Live in Tokyo jouit d’une prise de son en tous points exceptionnelle, claire et saillante, qui restitue parfaitement ce qui nous a toujours été donné de vivre à un concert de ONE SHOT, soit une ambiance chaude-bouillante, et un jeu en constante ébullition. Chaque musicien est ici audible dans ses moindres gestes, touches, glissements, pincements, frappes.
On goûte avec délice la limpidité et la chaleur du piano électrique de Bruno RUDER, l’alacrité et la fluidité de la guitare de James Mc GAW, les frappes fermes et diablement précises de Daniel JEAND’HEUR, et la sublime basse de Philippe BUSSONNET, qui n’a probablement jamais aussi bien grondé sur disque ! Ses rondeurs rugueuses imposent un cachet Zeuhl absolument terrassant !
Cerise sur le gâteau et contexte nippon oblige, ONE SHOT devient exceptionnellement quintette sur le rappel (Monsieur G.), avec la participation du guitariste Kido NATSUKI, une référence dans le milieu progressif expérimental underground japonais (BONDAGE FRUIT, COIL, SALLE GAVEAU…).
À défaut de proposer de l’inédit (bien qu’une nouvelle composition de BUSSONNET ait été jouée lors de ces concerts japonais, mais que le groupe préfère garder sous le coude pour plus tard), Live in Tokyo confirme la remise en jambes de ONE SHOT à partir de ses acquis. Le résultat est purement jouissif, ce qui n’est pas la moindre des choses !
Stéphane Fougère
Label : www.soleilzeuhl.com
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°31 – janvier 2012)