THE NECKS – Drive by
(ReR Megacorp / Orkhêstra)
Voici le onzième gemme de ce groupe australien qui continue à faire parler de lui. Pour ceux qui ne le connaissent pas, un rafraîchissement de mémoire s’impose. Né en 1987 à Sidney en Australie, ce trio claviers / basse / batterie est formé de musiciens de studio (un total de 160 albums à eux trois !) qui s’emploient à tous les styles et pour toutes les stars et non-stars. Mais réunis, ces trois loustics s’adonnent à une musique proche des minimalistes, jazzy aux entournures et résolument moderne dans les sonorités. Mais encore me direz-vous ?…
Lente, répétitive, la musique de THE NECKS laisse sonner les notes jusqu’à ce qu’elles nous donnent du plaisir. La texture des sons est très importante pour ce groupe. Les évolutions sont lentes dans leur musique et lorsque l’on croit que tout est prévisible (commela plupart des pionniers du minimalisme) elle devient imprévisible.
Oh ! Pas par des breaks fulgurants, mais plutôt par un changement d’accord ou par l’arrivée d’une note, d’une sonorité que l’on n’attendait pas. Bien sûr cet ajout change tout. Un instant. Juste un instant, mais il permet de revoir l’ensemble de ce que l’on avait écouté de manière différente.
Cette lente progression nous permet d’explorer les sons et la musique. D’une richesse rare, cette musique nous montre clairement que ce qui est riche n’est pas nécessairement compliqué ; que ce qui est complexe n’est pas forcément difficile techniquement ; que la profusion de notes et d’enchaînements d’accords bizarroïdes n’est pas forcément progressif…
Ici tout semble simple, évident et l’on voyage dans plus de mondes musicaux avec une basse (mais quelle basse, quel son, messieurs ça vibre !), une batterie (ha !, les jolies cymbales de TONY BUCKS) et un clavier (pas n’importe lequel, c’est vrai…) que certains vomisseurs de quadruple croches et adeptes du mellotron.
Un seul morceau et soixante minutes de trip, car la musique est évidemment prenante, cyclique et tourbillonnante. THE NECKS est à écouter lorsque l’on est juste légèrement éméché, après un verre de Cognac XO par exemple, et que l’on est assez bien pour voyager on ne sait où mais surtout au ralenti. Pas de stress ni de précipitation, ici la progression est lente, soixante minutes pour arriver…
Les claviers jouent simplement, que ce soit à l’orgue électrique, au piano classique ou électrique. Bien que quelques effets (guitare, synthétiseurs collages sonores en fond) soient rarement utilisés, le trio dévoile leur univers une petit peu comme une séance live continue (basse, batterie, piano/orgue électrique).
Pour vous donner une petite idée de ce à quoi peut ressembler cette musique, imaginez le meilleur de AIR lorsqu’il est le moins pop et le plus psychédélique et mélangez-le à un trio de jazz modal (McCOY TYNER par exemple) ou alors prenez les premiers albums de CAN et mixez-les avec du STEREOLAB et une gousse de La MONTE YOUNG. Ça ne vous aide pas beaucoup, hein ? Désolé, il vous faudra acheter cette merveille.
The Wire, la référence anglaise (et mondiale ?) des journaux spécialisés en musique pop-rock-alternative-moderne-etc., a décrit cet album comme « le chef-d’œuvre de THE NECKS ». Donc probablement un bon point de départ pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe. Les autres l’ont probablement déjà acheté.
À écouter avec ou sans Cognac.
Romain Rioboo
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°15 – juin 2004)
Site : www.thenecks.com
Label : http://www.rermegacorp.com
Distributeur : www.orkhestra.fr