X MARKS THE PEDWALK – Transformation

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X MARKS THE PEDWALK – Transformation
(Meshwork Music)

Le nom X MARKS THE PEDWALK provient en droite ligne d’un récit de science-fiction de Fritz LIEBER relatant le début d’une guerre opposant piétons et automobilistes. C’est déjà assez dire que ce groupe vieux de 28 ans, dont André SCHMECHTA a néanmoins été le seul membre stable, situe clairement son univers dans l’imaginaire, la noirceur et la technologie. Comme si écouter du X MARKS THE PEDWALK signifiait traverser en esprit un invisible miroir. Pour preuve, André SCHMECHTA s’est mué en Sevren Ni-Arb, « Brain Nerves » épelé à l’envers. Cependant la physique quantique nous apprend qu’une anti-particule n’en est pas moins une particule, quand bien même se proclamerait-elle anti. Et que donc traverser le miroir nous laisse tel quel, malgré tout. X MARKS THE PEDWALK se propulse donc dans l’ailleurs pour mieux nous parler de nous-mêmes. Et cela d’une façon très humaine, voire très émotionnelle, à ceci près que les côtés un brin obscurs de l’homme et de l’amour ne lui font pas peur.

Transformation est le dixième album de X MARKS THE PEDWALK. Le premier album fut Freaks, en 1992, il y a donc 28 ans. 10 albums, 28 ans, ce n’est pas rien. D’autant que ce groupe a traversé tellement d’époques musicales, de publics plus ou moins réceptifs à sa musique, et de changements au niveau personnel. Transformation est aussi le troisième album de X MARKS THE PEDWALK dont je chronique la sortie. Et j’avoue qu’en trois albums seulement dont les sorties se sont étalées sur cinq ans, j’ai établi sans même la chercher une sorte de relation spéciale. Car X MARKS THE PEDWALK, au-delà d’être au sommet de l’électro européenne, est surtout un groupe terriblement attachant pour peu qu’on intéresse à lui d’une manière rapprochée.

Et c’est bien ce que j’ai fait en 2015 quand j’ai chroniqué mon premier album de X MARKS THE PEDWALK, The House Of Rain. À vrai dire l’humain, dans ses affects, fut la principale raison d’être de l’album The House Of Rain. Le titre est très parlant, encore qu’il soit difficile d’en saisir tous les sens possibles ou simplement voulus. C’est cette humanité complexe et profonde sans filtre, sans fard, que j’ai tout de suite aimé chez X MARKS THE PEDWALK. C’était inattendu, touchant, troublant. Bien sûr, il y a la musique, aussi. Il ne m’a pas fallu trois titres pour que je sois totalement conquis. La beauté des mélodies, la puissance des rythmes, les arrangements aux synthés, les effets sonores multiples et parfaitement maîtrisés, la richesse émotive des voix, l’inventivité énorme encapsulé dans chaque titre, tout m’a frappé par sa volonté de qualité, par son vœu d’en donner un maximum à l’auditeur à chaque instant. Oui, j’ai pris ça pour de la générosité, mieux, pour du respect, et j’ai aimé.

Alors j’ai fouillé dans l’histoire du groupe, qui est longue, riche et passionnante. Ce groupe-là pourrait se la péter grave avec un tel passé et une discographie impressionnante d’implication profonde et intelligente dans le mouvement électro allemand. Pourtant ces gens-là, et André SCHMECHTA en particulier, restent tout à fait humbles, indéfectiblement humains. Qu’on me pardonne de m’exprimer ainsi, mais la musique de X MARKS THE PEDWALK paraît tellement synthétique, technologique, et tout et tout, qu’il me faut bien, pour vous présenter ce groupe de manière vraie et saine, remettre les choses en perspective : derrière les machines, des cœurs battent, s’émeuvent, communiquent et aiment. Ce sont des humains, comme vous et moi. Mais « humains trop humains » comme disait NIETZSCHE.

Puis X MARKS THE PEDWALK a sorti Secrets, en 2017. Dès le premier titre, Masterpiece, il était évident qu’on était là encore dans la production musicale et sonore de très haute volée. Les effets bruitistes forment un cocon étrange autour de vous, la rythmique vous plaque douillettement au sol et la mélodie vous envoûte un peu plus à chaque note. Ce n’est plus du joli boulot bien ficelé, c’est de la magie. Même si revenu plus tard de nos émotions, on mesurait parfaitement l’incroyable effort mis dans chaque titre. Mais le plus étonnant dans tout ceci est que chaque titre développait un univers musical, timbral et sonore propre. Le passage de la densité intense de Photomatique à la légèreté aérienne de Breathe était par exemple remarquable, avant de retomber dans la surdose électrisante de Prisoner. La qualité made in Deutschland dans toute sa splendeur.

Voici maintenant qu’en 2020 X MARKS THE PEDWALK sort Transformation. Je vous l’ai dit, X MARKS THE PEDWALK a du métier. Ce sont de vieux routiers sur les circuits sans cesse renouvelés de la musique électronique allemande. Ceux qui les ont connus plus jeunes, il y a longtemps, pourraient facilement dire, et sans doute avec raison, qu’ils n’ont plus la hargne, la violence et l’urgence de leurs débuts. Et c’est fort bien ainsi. Car ce qu’ils ont perdu en bruit et en fureur, ils l’ont gagné en maturité et en qualité. Il ne fait pourtant pas question que les motivations des débuts soient toujours au cœur du discours musical de X MARKS THE PEDWALK. C’est juste la forme de ce discours qui est infiniment mieux maîtrisée. La colère n’est plus leur maître, ce qui n’est jamais bon, ils sont devenus maîtres de leurs colères, ces colères justes qui ne doivent jamais retomber tant que leurs causes n’ont pas disparu. La colère est souvent ce qui motive de grands groupes comme U2, DEPECHE MODE et tant d’autres. C’est un moteur puissant, sinon radical.

Mais, je vous en parlais plus haut, l’humain, dans sa fragilité, dans ses contradictions et dans ses mystères insondables, est également au centre des préoccupations de X MARKS THE PEDWALK. Alors qu’on ne s’étonne pas que Transformation débute sur un If I Stay aussi simple et vibrant que simplement saisissant. Car oui, la simplicité, des mélodies et des arrangements, est l’aspect, la surprise presque, qu’on retient le plus de ce nouvel album. Jusque là X MARKS THE PEDWALK avait aimé entourer l’auditeur, dans chaque titre, de tout un univers sonore. Transformation se fait plus dépouillé, plus direct, et de fait, touche encore plus l’âme et le cœur.

Cependant, X MARKS THE PEDWALK se mue également en caméléon en distillant dans des titres successifs des styles tout à fait différents. Qu’il y a-t-il par exemple de commun stylistiquement parlant entre les titres 5, 6 et 7 que sont Voodoo Love, Waiting et Sunrise ? Enfin si, il y a toujours la même chose commune à tous les titres de X MARKS THE PEDWALK, quel que soit l’album : la qualité, la qualité et encore la qualité. Les membres de ce groupe aiment ceux qui les écoutent, et ils mettent dès lors vraiment tout leur cœur à satisfaire leurs auditeurs.

Alors si vous ne connaissez pas encore X MARKS THE PEDWALK, n’hésitez pas. Ses membres ont encore mis, en une fois, toutes leurs tripes dans Transformation. Dix titres, comme un rappel discret que c’est leur dixième opus. Un résumé ? Non. Juste une nouvelle étape. Avant une nouvelle transformation.

Frédéric Gerchambeau

Page : https://xmarksthepedwalk.bandcamp.com/album/transformation

Label : https://www.meshwork-music.com/project/x-marks-the-pedwalk-transformation/

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