BOBAN MARKOVIC ORKESTAR – Live in Belgrade
(Piranha Records)
Monsieur de la Palisse vous le dira mieux que moi, les fanfares cuivrées des Balkans ont… le vent (d’Est) en poupe ! De la FANFARE CIOCARLIA au KOCANI ORKESTAR en passant par les KLEZMATICS, il est difficile de ne pas se laisser griser par le souffle impétueux de ces formations au répertoire fait d’émotions saillantes. Ce n’est pas encore avec le BOBAN MARKOVIC ORKESTAR qu’on sera déçus en la matière, comme le savent déjà tous ceux qui ont pu le découvrir dans le film d’Emir KUSTURICA, Underground. Le trompettiste serbe a du reste été primé « meilleure trompette » en 2001 au festival de Guca, réputé pour être le champ de bataille privilégié des « brass bands », le Woodstock de la musique cuivrée.
L’année précédente, son ORKESTAR a remporté le prix du « meilleur orchestre », et ce, pour la cinquième fois ! On ne peut donc taxer le BOBAN MARKOVIC ORKESTAR d’éphémère gagnant à la sauvette, la pérennité de son succès est due à l’extraordinaire qualité de sa musique, et au dynamisme de son interprétation. Frank LONDON ne s’y est pas non plus trompé en l’invitant à participer à son KLEZMER BRASS ALLSTARS (album Brotherhood of Brass, chez Piranha également).
Boban MARKOVIC confirme la puissance de son orchestre sur cet album enregistré en quasi-intégralité à Belgrade dans les conditions du live, contexte idoine pour l’épanouissement d’une telle musique. Trois trompettes, un sax alto, quatre bugles, un hélicon, une caisse claire et une grosse caisse forment le BOBAN MARKOVIC ORKESTAR, les bugles assurant généralement le bourdon rythmique sur lequel le sax et les trompettes poussent les mélodies au paroxysme de leur intensité, avec toutes ces modulations et ce groove qui font la saveur des traditions balkaniques.
Bon nombre de pièces traditionnelles appartenant aux répertoires tzigane et klezmer sont ainsi ravivées, ainsi que des compositions plus contemporaines de Milivoi MARKOVIC, Goran BREGOVIC et même du violoniste hongrois déjanté Félix LAJKO.
La trompette de Boban MARKOVIC respire la jovialité perpétuelle, mais sait aussi se faire plus mélancolique en tirant langoureusement de temps à autre sur les notes. Et quand le maestro lui-même ne souffle pas dans son instrument, c’est pour faire entendre sa voix chaude, le temps d’une chanson en serbe et d’une autre en macédonien.
Si, alors que vous écoutez ce disque, vos murs tremblent, n’ayez crainte ; c’est l’effet BOBAN MARKOVIC ORKESTAR !
Stéphane Fougère
Page label : www.piranha.de
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°12 – mars 2003)
Merci
Il est vrai qu’il est difficile de résister au fanfares aux vents d’est
😉