Chris KARRER (AMON DÜÜL, EMBRYO…) : un krautrocker « sufistiqué » s’est éteint

113 vues

Le compositeur et multi-instrumentiste allemand Chris KARRER s’est éteint le le 2 janvier 2024 à 76 ans. Il fut un membre éminent de la scène rock psychédélique et avant-gardiste allemande des années 1970, ayant fait partie de deux groupes légendaires, à savoir Amon Düül (qu’il a co-fondé en 1967) et Amon Düül II, qu’il suivra de 1969 à 1981, et lors de reformations ultérieures.

À partir des années 1980, il a rejoint un autre éminent groupe issu de la scène jazz-rock psychédélique et converti à la world-fusion, Embryo, avec lequel il a tourné en Europe, au Japon, en Afrique du Nord. Durant toutes ces années, Chris KARRER a également participé à des enregistrements de plusieurs autres groupes, comme Missus Beastly, Utopia, Popol Vuh, Space Explosion, Militia, The Cha. Cy., Mikrokosmos, ou encore de Peter Frohmader (Homunculus II, Nekropolis 23 : Tidal Shift) et d’Uli Trepte (Rollomat, Portrait).

À l’instar de ces collègues d’Embryo, Chris KARRER s’est passionné pour les cultures musicales « d’ailleurs », notamment orientales et, fasciné par des maîtres turcs et égyptiens, s’est passionné pour le soufisme et a étudié la musique des derviches tourneurs. D’abord guitariste, saxophoniste et violoniste, Chris KARRER a ainsi étendu sa palette instrumentale en s’initiant à la guitare flamenco, au oud (à l’instar de Roman Bunka), au rubâb afghan et au sarangi indien, ainsi qu’à diverses percussions.

En dépit d’un premier LP éponyme en 1980 (jamais réédité sous un quelconque format), la carrière soliste de Chris KARRER n’a réellement pris son envol que dans les années 1990 avec des albums plus orientés world-fusion.

Sur A Dervish Kiss (1994), KARRER joue du oud, des guitares acoustiques, du violon, du saz, du riq, et est entouré d’une pléthore de musiciens, dont Christian Burchard d’Embryo, Dieter Serfas (Amon Düül II, Embryo), mais aussi des sommités des musiques orientales, comme Sivan Perwer, Rabih Abou Khalil, ou encore le prof. Ernst Fuchs, avec qui il a collaboré sur son album Mystische Gesänge.

Suivront les albums Sufisticated en 1996, toujours marqué par des influences orientales, arabo-andalouses et flamenco, et The Mask en 1997, enregistré live avec des musiciens d’Embryo (Jens Pollheide et Christian Burchard), Mani Neumeier (Guru Guru) et Peter Paul Kuen.

Son expérience en tant que guitariste a permis à Chris KARRER d’aborder l’apprentissage du oud et autre sinstruments à cordes orientaux sans trop de difficultés et est ainsi devenu un oudiste renommé (à l’instar de son compatriote Roman Bunka, autre musicien passé dans Embryo et Missus Beastley et disparu en 2022). Dans son dernier album solo paru en 1999, Grandezza Mora, Chris KARRER abandonne les « enrobages » world et joue « à nu » du oud, du rubâb et de la guitare flamenco, en mode « hardcore unplugged acoustic » (sic).

La scène musicale allemande perd non seulement un pionnier du rock avant-gardiste, mais aussi un extraordinaire musicien voyageur et explorateur. R.I.P. l’artiste.

YouTube player
YouTube player

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.