Festival Interceltique de Lorient 2023 : Année de l’Irlande (Première Partie)

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Festival Interceltique de Lorient 2023 : Année de l’Irlande (Première Partie)

L’Irlande était cette année le pays mis à l’honneur par le Festival Interceltique de Lorient (FIL). Après 1996, 2005 et 2014, c’était donc la quatrième fois que la nation était ainsi mise en avant.

Une année de l’Irlande peut aisément s’envisager comme étant un gage de réussite. La nation celte est d’abord un état à part entière et ensuite sa musique est connue, et même pratiquée, sur quasiment l’ensemble de la planète. Et effectivement, ce cru 2023 du FIL a été un succès indéniable.

Même s’il est délicat et difficile de quantifier le nombre exact de festivaliers, il est incontestable que la manifestation a vu sa fréquentation fortement augmenter. Le chiffre de 950000 personnes a été avancé. De même, par rapport à 2022, la billetterie a progressé de 30 % avec 177 500 entrées payantes (billets et badges) comptabilisées.

La Grande Parade des Nations Celtes a conservé le parcours initié l’an dernier entre le passage à niveau de la gare, cours de Chazelle, et le Stade du Moustoir. 5000 participants, un record, dont 700 enfants, ont pris part au défilé devant près de 90 000 spectateurs.

Les Nuits Interceltiques devenues Horizons Celtiques l’an dernier, ont conservé ce nom. Le spectacle plus resserré ne se terminait pas, cette fois encore, par le traditionnel feu d’artifice. Deux marionnettes lumineuses géantes étaient par contre présentes tout au long du spectacle sur la pelouse du stade afin d’accompagner les artistes.

L’Amphi, un espace à ciel ouvert, avait remplacé en 2022 le chapiteau de l’Espace Marine. Cette année la physionomie de ce dernier site a été rétablie, et il prend désormais le nom d’Espace Jean-Pierre PICHARD en hommage au premier directeur général du FIL.

Les pavillons des Nations celtes ont été regroupés derrière le Palais des Congrès sur la Place Glotin, qui a alors pris le nom éphémère de Place des Pays celtes. Au milieu de cette place une scène commune a été érigée, et des concerts s’y déroulaient dès la fin de matinée jusque tard dans la nuit. Manquaient à l’appel les pavillons de l’Acadie et de l’Australie.

En 2024, en raison des Jeux Olympiques qui se dérouleront à Paris entre le 26 juillet et le 11 août et qui mobiliseront les forces de l’ordre, le Festival Interceltique ne pourra pas se tenir aux dates habituelles. Il est décalé sur la période comprise entre le 12 et 18 août et se trouve donc raccourci à sept jours au lieu de dix. La Grande Parade des Nations Celtes aura lieu le Jeudi 15 août.

Championnat des Bagadou

Pour la première fois depuis 2019, les différents championnats de Bagadou ont pu se tenir cette année, comme de tradition, en deux manches. À Lorient ont été organisés la deuxième manche des championnats de première, deuxième et quatrième catégorie. En première catégorie, la première manche s’était déroulée le 19 février 2023 à Saint-Brieuc.

À Lorient, le duo de tête a été le même que lors de la première manche, à savoir le BAGAD CAP CAVAL (Ploemeur) et le BAGAD KEMPER (Quimper). Au classement général, c’est donc CAP CAVAL qui a été sacré champion et ce pour la neuvième fois, devant le BAGAD KEMPER et le BAGAD ROÑSED MOR (Locoal-Mendon).

Il est à noter la très belle troisième place du BAGAD MELINERION (Vannes) et qui termine quatrième à l’issue des deux manches. Le BAGAD SONERIEN AN ORIANT (Lorient) termine lui neuvième.

Afin de rééquilibrer le nombre de bagadou quelque peu bousculé par la crise sanitaire du Covid (il y a eu des montées mais pas de descentes durant cette période), les trois derniers du classement général descendent au niveau inférieur et il n’y a cette année que deux montées. Les heureux lauréats sont le BAGAD PAÑVRID AR BESKONT (Pommerit-le-Vicomte) et la KEVRENN BREST SANT MARK. L’ensemble de la cité du Ponant retrouve ainsi la première catégorie. Sa dernière participation à ce niveau était en 1976.

Madelyn ANN

Comme de coutume, sur la scène du Quai de la Bretagne, la première soirée du FIL était consacrée aux lauréats du prix musical 2023 Produit en Bretagne dont le FIL est partenaire. Cette année le prix « Coup de cœur des internautes » est revenu à Madelyn ANN pour son album Nevez-amzer.

Madelyn et ses musiciens (guitare électrique, basse et batterie) s’étaient déjà produit en 2022 le premier Samedi du FIL en début d’après-midi. Cette fois, ils bénéficiaient d’une exposition plus intéressante. Le quatuor a ainsi pu démontrer que le prix acquis était largement mérité tant ce projet pop-rock électro, sans aucune empreinte traditionnelle, chanté par contre entièrement en breton est original. Les spectateurs qui ne connaissaient pas ont d’ailleurs pu être décontenancés dans le bon sens du terme. La prestation a été de très haute tenue. Madelyn ne se ménageait pas sur scène et elle communiquait volontiers avec le public, expliquant le sens de ses chansons. Au vu du concept audacieux, on ne peut qu’espérer dans un avenir proche retrouver le groupe sur une plus grande scène.

I MUVRINI

Même si on ne l’avait pas croisé au FIL depuis dix ans, le groupe I MUVRINI est un habitué de la manifestation et ses concerts attirent en général beaucoup de monde. Le millésime 2023 n’a pas dérogé à la règle. Le groupe corse fait partie de ces ouvertures que le FIL apprécie. De plus, les liens entre la Corse et la Bretagne sont probants.

Le principal chanteur, Jean-François BERNARDINI, était sur le devant de la scène s’accompagnant parfois d’une guitare, Les trois autres chanteurs, dont son frère Alain, restaient en retrait ou n’intervenaient pas.

Les chansons étaient en grande partie issues d’albums récents (Portu in Core, Piu Forti) et évoquaient les thèmes chers au groupe, l’amour du pays, l’écologie, la non-violence, les langues. Jean François BERNARDINI a d’ailleurs fait remarquer qu’il n’y avait jamais eu de GIEC consacré aux langues en danger.

Si on ne pouvait rien reprocher à ce répertoire, on pouvait toutefois émettre quelques réserves sur le traitement qui lui était réservé. En effet, la prestation a quand même été en demi-teinte. I MUVRINI tombait parfois dans la facilité et usait et abusait de certaines pratiques en invitant le public à chanter « woh, ho ho » à de trop nombreuses reprises. De même, certains passages en solo du sonneur de cornemuse, Loïc TAILLEBREST, pouvaient paraître bien longs et dispensables. On a également pu regretter l’absence de certains classiques tels que A voce rivolta ou encore l’hymne Corse, Diu vi Salve Regina.

En fin de séance, I MUVRINI a tenu à rendre hommage au harpiste Hervé QUÉFFÉLÉANT, du groupe TRISKELL, décédé début juillet.

Malgré ses quelques faiblesses le concert a plu au public, qui s’est levé pour réserver une ovation au groupe et aux musiciens.

Hubert-Félix THIÉFAINE

En découvrant les premiers noms de la programmation, on pouvait se poser légitimement la question de la pertinence à inviter Hubert-Félix THIÉFAINE à se produire au FIL. L’œuvre de l’artiste semble en effet très éloignée de l’univers de la musique celtique.

Et pourtant, si on réécoute le premier album, Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir, paru en 1978, on peut s’apercevoir qu’il proposait quelques influences folk. Hubert-Félix THIÉFAINE a également été l’un des initiateurs d’un groupe qui s’appelait MACHIN et qui avait été formé par ses musiciens de l’époque. Ce groupe proposait lui réellement une musique folk.

Si on ajoute à tout cela la volonté et l’appétence du FIL à s’ouvrir certains soirs à d’autres musiques, la présence d’Hubert-Félix THIÉFAINE n’était finalement pas si incongrue.

Ce concert était visiblement attendu et sollicité puisque le chapiteau de l’Espace Jean-Pierre PICHARD était bien garni, alors qu’il s’agissait du seul spectacle en position debout entre la scène et les gradins.

Le chanteur se produisait à Lorient dans le cadre de sa tournée appelé « replugged » qui fait suite à sa précédente tournée en acoustique. On ne pouvait pas nier que l’électricité avait bien été rebranchée. Les musiciens, parmi lesquels se trouvait son fils Lucas à la guitare, envoyaient du lourd. Le son était pour le coup vraiment fort, parfois même trop. Les jeux de lumière étaient en revanche impeccables.

Hubert-Félix THIÉFAINE n’a eu qu’à piocher dans le riche répertoire de sa large carrière. Si des titres du dernier album étaient mis en avant (le superbe Combien de temps encore), des chansons plus anciennes n’étaient pas oubliées.

C’est bien évidemment par le titre que tout le public attendait, La Fille du coupeur de joints, que le concert s’est terminé. Il est toutefois dommage que le chanteur se soit montré si peu volubile, ne communiquant guère avec le public. Hubert-Félix THIÉFAINE a livré une prestation certes honnête, mais celle-ci était sans doute semblable à toutes les autres.

SONERIEN DU

En 2022, le groupe SONERIEN DU célébrait son demi-siècle d’existence. À cette occasion, le FIL n’avait pas manqué de le convier à venir souffler les bougies avec le public lorientais. Cette année, le groupe poursuivait sur cette lancée avec un cinquante-et-unième tour et se retrouvait à nouveau programmé au FIL, toujours le mardi pour terminer la soirée sur le Quai de la Bretagne. Le public a à nouveau répondu présent et s’est pressé en nombre pour cette représentation oscillant entre concert et fest-noz.

Dans une atmosphère électrique, SONERIEN DU n’avait plus qu’à dérouler les titres, entre les classiques (Bonsoir Maître de maison) et morceaux plus récents, entre chansons et instrumentaux (Canter, Cajun, Kervazegan’s Fair).

Le pittoresque et réjouissant Disco Noz permettait aux danseurs émérites d’entrer dans un pach-pi et aux danseurs non-connaisseurs de se concentrer sur le côté disco du titre.

La Robe blanche, un rond paludier sur lequel Gérard BELBEOC’H délaissait sa batterie et assurait le chant sur le devant de la scène, a permis d’adoucir quelque peu le tumulte.

Il est des chansons immuables, L’Artilleur, reconnaissable dès les premières notes, et Kanomp ha roulomp atao, qui annonçaient déjà la fin de la représentation.

VINDOTALÉ

En dépit d’un premier album paru fin 2020, Tan, très réussi et remarqué, le groupe VINDOTALÉ composé à l’époque du seul duo Bleunwenn (chant) et Gwenolé LAHALLE (guitare), n’avait jusqu’à présent pas encore trouvé place dans la programmation du FIL. Ses membres s’y étaient toutefois déjà produits séparément. À l’occasion de la sortie en 2023 du nouvel album, Hunerez ar Bal, le groupe s’est trouvé renforcé par les arrivées de Stéphane DE VITO (basse) et Benoît GUILLEMOT (batterie). C’est cette nouvelle combinaison en quatuor qui a enfin été appelée à se produire au FIL cette année.

Le concert a eu lieu en milieu de semaine à 18h00 sur le Quai de la Bretagne, ce qui est de prime abord une donnée peu arrangeante sachant qu’en plus le soleil et la chaleur n’incitaient pas le public à se presser devant la scène découverte.

Malgré tout, le concert a été parfaitement accompli dans une ambiance véritablement rock à l’image du second opus. La guitare électrique résonnait impétueusement et la batterie lui faisait écho. Au chant, Bleunwenn assurait avec aisance et communiquait de bon gré avec le public.

Les plus curieux ont pu apprécier la transition réussie des titres du premier album interprétés par la nouvelle mouture du groupe (Melezourioù arc’hant).

Invité sur l’album, le joueur de vieille Willy PICHARD a également été sollicité pour le concert (Filles du sable). Dans cette atmosphère chaude et électrique, Yeun Elez accordait un espace plus calme.

VINDOTALÉ fait lui aussi partie des formations que l’on espère pouvoir apprécier sur une plus grande scène.

DENEZ (PRIGENT)

Avec une carrière qui couvre désormais plus de trois décennies, Denez PRIGENT, ou simplement DENEZ comme on le nomme aujourd’hui, peut se targuer d’avoir régulièrement su évoluer, parfois même au risque de dérouter le public. Durant cette période, l’artiste s’est aussi régulièrement produit au Festival Interceltique, Sa dernière apparition remontait d’ailleurs à 2021 lors de la cinquantième édition de la manifestation.

DENEZ était de retour cette année pour un spectacle particulier annoncé comme étant une rétrospective de sa carrière. Il faut croire que cet alléchant dessein avait suscité l’envie, car l’espace Jean-Pierre PICHARD affichait quasiment complet.

Chantre de la gwerz, DENEZ s’est d’abord présenté seul sur scène interprétant a capella ces puissantes complaintes bretonnes (le très beau Iwan Gamus) dont il est l’un des plus éminents spécialistes. Même sans artifice, uniquement au son de la voix, l’artiste arrivait à captiver le public.

Ensuite, peu à peu, des musiciens sont entrés en scène pour un voyage aux sonorités des musiques du monde alternant les saveurs est-européennes, orientales et même indiennes grâce notamment à la présence de tablas.

Puis, le rideau érigé en fond de scène est tombé, laissant apparaître James DIGGER aux machines et les premières notes de programmations électros se faisaient entendre. Un nouveau chapitre du concert, plus techno, s’ouvrait alors. On a retrouvé des titres issus du concept DENEZ TEKNOZ PROJECT comme Android 56 ou encore Hard-Korr qui, lui, reprend le traditionnel Pedont war pont An Naoned. De l’album Stur an avel, DENEZ a présenté une superbe version de En avel a-benn, accompagné cette fois de sonneurs du BAGAD ROÑSED MOR de Locoal Mendon et du trompettiste Youn KAMM. Durant cette partie du spectacle, de nombreux spectateurs, de tous âges, ont quitté leur siège afin d’aller danser dans les allées du chapiteau. E Garnison et l’électrique Ar grampouezhenn-nij ont fini de les achever.

L’ambiance surchauffée s’est apaisée pour laisser place à un final plus en sobriété. On a ainsi pu redécouvrir l’indéfectible E ti Eliz Isa ainsi que Gortoz a ran dans des versions revisitées.

CELTIC ODYSSEE #2

En 2022, pour sa première année en tant que Directeur Artistique, Jean-Philippe MAURAS souhaitait initier une création d’ampleur. C’est le musicien breton Ronan LE BARS, l’un des virtuoses de l’uilleann pipe, la cornemuse irlandaise, qui avait été choisi pour être l’architecte de cette œuvre devant mettre en lumière les huit nations celtes de l’Arc Atlantique. Le spectacle avait été donné au Théâtre pour deux représentations.

Cette année, une représentation unique a eu lieu sur la grande scène de l’Espace Jean-Pierre PICHARD. Il ne s’agissait pour autant pas du même concert. Celtic Odyssée est un concept non figé et évolutif.

La plupart des musiciens assis aux côtés de Ronan LE BARS étaient déjà présents sur la première mouture. Ils assuraient une continuité tout le long de la représentation.

Le spectacle a démarré avec Celtic Ways, un titre instrumental, que l’on pouvait d’ailleurs entendre chaque soir en fond sonore dans l’attende du début des concerts.

Puis c’est à un voyage interceltique auquel a été convié le public. Après les Asturies pour point de départ, on remontait ensuite jusqu’en Irlande en traversant toutes les nations.

Des intervenants de chacun de ses pays se sont succédé pour un ou deux titres. On a ainsi entre autres pu croiser au chant, Annie EBREL pour la Bretagne et des figures bien connues à Lorient comme Bec APPLEBEE (du groupe DALLA) pour les Cornouailles et Ruth KEGGIN pour l’Ile de Man. Kim CARNIE et Icia VARELA, respectivement pour l’Écosse et la Galice, étaient des découvertes dont on entendra sans doute parler dans les prochaines éditions,

En sa qualité d’inviter d’honneur, l’Irlande a pu bénéficier d’une mise en avant plus longue. C’est Mairéad NI MHAONAIGH, chanteuse et violoniste du groupe ALTAN, qui en était la principale représentante.

Comme l’an dernier, pour le final, tous les artistes, musiciens comme chanteurs se sont retrouvé sur la scène pour participer à tour de rôle à une suite interceltique.

Sans être totalement abouti, Celtic Odyssée est un spectacle très plaisant qui évite l’écueil de n’être qu’un simple collage. En conférence de presse, avec humour, Ronan LE BARS a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas non plus d’un bricolage.

Lorient chante

Jusqu’en 2019, le célèbre groupe de chants de matins lorientais DJIBOUDJEP avait pour habitude de clôturer le Festival Interceltique. Le décès en 2020 de son mentor, Mikael YAOUANK, a mis un terme à l’aventure du groupe.

En 2021, un ensemble éphémère baptisé DJIBOU réunit autour de Guillaume YAOUANK, le neveu de Mikael, et d’anciens membres du groupe avait rendu un hommage et dans le même temps avait assuré la clôture du cinquantième FIL.

Lorient est une ville portuaire, elle est d’ailleurs surnommée la ville aux six ports. Il aurait été dommage qu’on en reste là et que le chant de marins ne soit plus présent le dernier soir.

Guillaume YAOUANK et Jean-Philippe MAURAS, le Directeur artistique, ont donc pris l’initiative de créer un spectacle autour de Lorient et des chants de marins avec l’envie de faire également chanter le public.

C’est d’abord seul, simplement en s’accompagnant de sa guitare, que Guillaume est entré en scène pour interpréter une chanson de circonstance, écrite par son oncle, Lorient. Ensuite, à ses côtés, intervenaient, au gré des titres, différents artistes de la région lorientaise, parmi lesquels on pouvait reconnaître entre autres Ronan PINC au violon ou encore Morwenn LE NORMAND au chant.

Le répertoire proposait nombre de classiques (Le Forban, Mon p’tit garçon, Les Filles de Lorient). Il pouvait se faire tout aussi bien rock, avec guitare électrique basse et batterie, (Quinze Marins, Le Vieux, Le Gabier noir), voire blues-rock (Les Filles de New York City) ou être simplement interprété à capella (John Kanak, À Lorient la jolie). Beaucoup de ces chansons ont été écrits par un autre lorientais célèbre, Michel TONNERRE.

Sur certains de ces titres, une intervenante s’est fait remarquer. Il s’agissait de Perrine DIOT, co-fondatrice du Collectif 10 doigts en cavale, qui exerce la profession de chansigneuse, c’est à dire qu’elle traduit en langue des signes, les paroles des chansons.

C’est avec l’incontournable Jean-François de Nantes que le concert a pris fin. Alors que les techniciens commençaient à démonter le matériel, le public continuait de chanter devant la scène. Rendez-vous est déjà pris pour le 18 août 2024.

Scène irlandaise

Contrairement à la Bretagne ou à l’Écosse, l’Irlande n’a pas toujours été à la hauteur de sa réputation et s’est parfois faite très discrète durant certaines éditions du FIL, même lorsqu’elle était à l’honneur.

Cette année, l’Irlande a été bien présente et les musiciens programmés ont attiré un large public, certains spectacles se jouant parfois à guichets fermés.

Contrairement à leurs homologues bretons, écossais ou encore asturiens, il faut reconnaître que les musiciens irlandais manquent couramment d’audace et restent très, voire trop, fidèles aux normes de la musique traditionnelle ou du folk irlandais.

THE KILKENNYS est un quatuor multi-instrumentiste qui proposait une musique folk certes énergique mais d’obédience plutôt classique.

USHER’S ISLAND est un groupe qui réunit cinq éminentes personnalités de la musique irlandaise, Andy IRVINE et Donàl LUNNY (PLANXTY), Paddy GLACKIN (THE BOTHY BAND), Mike MCGOLDRICK (LÙNASA) et John DOYLE (SOLAS). Avec de telles références, la prestation ne pouvait qu’être d’un niveau élevé, même si elle s’est avérée plutôt conventionnelle.

Dans un éventail classique, on a également pu retrouver les groupes TEADA et DANU ainsi que Frankie GAVIN, violoniste de DE DANNAN, qui s’est associé à la pianiste Catherine MCHUGH.

ALTAN s’est produit Espace Jean-Pierre PICHARD avec l’Orchestre National de Bretagne. On ne peut évidemment rien enlever au savoir faire des musiciens et surtout à sa chanteuse et violoniste Mairéad NI MHAONAIGH. Ils savaient envoûter le public à coup de jigs et de reels. Il faut cependant reconnaître que l’ensemble était relativement convenu et que l’orchestre manquait par moments d’élan.

Il est difficile de parler de musique irlandaise sans évoquer les mythiques CHIEFTAINS. Suite au décès de son charismatique leader Paddy MOLONEY, le groupe n’existe plus ; mais son aura et son empreinte demeureront. C’est au trio féminin THE FRIEL SISTERS qu’incombait la lourde tache de rendre hommage aux CHIEFTAINS Accompagnées de musiciens irlandais et bretons, les trois sœurs ont interprété des titres de leur répertoire et du répertoire de leurs illustres aînés.

CÚIG a été le premier groupe irlandais à se produire au FIL cette année. Le quintet, dont le nom signifie justement cinq, proposait une vision de la musique irlandaise plutôt évolutive. On retrouvait ainsi des instruments tels que guitares, accordéon, piano, banjo, mandoline, violon, uilleann pipe mais aussi (voire surtout) une batterie bien présente sans être trop lourde. La musique était enlevée et parfois même hypnotique.

Les musiciens de CLANNAD effectuaient une tournée d‘adieu. Le concert de Lorient avait une saveur particulière puisque qu’il s’agissait de l’ultime concert européen du groupe. CLANNAD, c’est plus de cinquante ans de carrière et c’est surtout une formation qui, bien que possédant les codes de la musique irlandaise, a su s’en affranchir pour proposer une musique différente. On a effectivement pu s’en rendre à nouveau compte.

CLANNAD alternait les climats, passant de moments purement acoustiques à des ambiances planantes voire rock. La voix de Moya BRENNAN donnait toujours autant de frissons. Le groupe a balayé une large part des titres qui ont jalonné sa riche carrière, en anglais et en gaélique, (Theme from Harry’s Game, I Will Find You, Dúlamán). Une chanson, In a Celtic Dream (« Dans un rêve celtique ») a particulièrement retenu l’attention, car ce rêve après un demi-siècle est devenu une réalité.

C’est sur la Place des Pays Celtes que s’est tenu le trophée Loïc RAISON. En cette année de l’Irlande, c’est un groupe de six musiciens, GALVIAN WAYS, originaire de Galway, ville qui est de plus jumelée avec Lorient, qui a remporté le concours. La formation devrait donc être conviée à représenter officiellement son pays en 2024.

Le Kleub

Érigé pour la première fois l’an dernier sur la Place de l’Hôtel de ville, le chapiteau du Kleub est ce que l’on appelle une SMAC, une Scène de Musiques ACtuelles, dédiée ici aux musiques celtiques. Le succès ayant été au rendez-vous, la capacité d’accueil du Kleub a été revue à la hausse, et le site était en plus cette année simplement accessible avec le badge de soutien. Le public, notamment le plus jeune, ne s’y est pas trompé et a investi le lieu en grand nombre.

On a pu y croiser effectivement des formations proposant une musique évolutive alliant la musique celtique à d’autres genres. Cela pouvait aller du folk-rock avec MÀNRAN (Écosse) au punk rock avec CELTKILT (France) en passant par l’électro avec NITEWORKS (Écosse) ou DAVID PASQUET TRIO (Bretagne).

On a également pu applaudir des formations certes bouillantes ou débridées mais plus conformistes dans leurs choix musicaux comme les Écossais de TALISK ou les Gallois de THE TRIALS OF CATO.

Brieg GUERVENO nous avait habitués à des ambiances hard rock voire métal. Il est revenu ici avec une formation aux sonorités folk acoustique.

Les soirées se terminaient par des DJ. Le côté celtique de la musique n’était pas toujours respecté. Cependant, un duo sortait du lot, BRAAN. Les deux compères, machines et cornemuse électronique, ont fait leurs classes au Bagad de Saint Malo et proposaient uniquement de la musique à danser pour une sorte de fest-noz/transe/électro.

Réalisé par Didier Le Goff
– Photos : Vidéos F.I.L. + photos promo

Un grand merci à l’agence de communication HEYMAN ASSOCIÉS et en particulier à Sarah, Anouk, Elena, Manon et Victoria et ainsi qu’à Aude, Marjorie et Jérôme, bénévoles au Service Presse.

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