Jean-Luc THOMAS : Itinérances brésiliennes et Connexions humaines

71 vues

Jean-Luc THOMAS

Itinérances brésiliennes et Connexions humaines

Connu comme l’un des artistes piliers de Hirustica, le label breton des musiciens voyageurs, Jean-Luc THOMAS ne s’est pas contenté d’être celui qui a intégré la flûte traversière en ébène dans le milieu de la musique à danser de Bretagne. Ayant développé un style de jeu qui lui est propre, il a aussi été l’instigateur de créations musicales fondées sur le partage, le dialogue et l’échange avec d’autres artistes issus de traditions diverses (irlandaise, malienne, indienne, jazz, etc.). Depuis la fin des années 1990, de fréquents voyages au Brésil lui ont permis de tisser de solides et durables relations avec plusieurs musiciens locaux et de découvrir au plus près leur culture.

Ces derniers temps, outre son implication dans un spectacle de la compagnie Zingaro, Jean-Luc THOMAS a mené de front deux projets en apparence fort différents – un projet de groupe et un projet solo – mais intimement liés par cette source commune qu’est le Brésil, et la place qu’il a pris dans son histoire personnelle et musicale. Avec le groupe KERLAVEO comme avec son spectacle Oficina, le flûtiste breton a ainsi rempli un copieux carnet de voyages « bilingue » dont son dernier album en date, Oficina Itinerante, récemment chroniqué dans nos pages, est le croisement tant fortuit que logique. Plusieurs événements, souvenirs, rencontres, sensations et émotions ont effectivement contribué à sa gestation.

Pour RYTHMES CROISÉS, Jean-Luc THOMAS a bien voulu tourner les pages de son « épopée brésilienne » et en dévoiler les tenants et les aboutissants. Bienvenue dans l’ « atelier itinérant » d’un pèlerin au souffle créatif !

Entretien avec Jean-Luc Thomas

Oficina Itinerante est le premier album à sortir sous ton seul nom ; c’est donc un album solo, mais il n’est pas si solo que cela, vu qu’on y trouve beaucoup de monde, notamment des musiciens qui étaient dans le groupe KERLAVEO et le disque du même nom. Est-ce que le projet Oficina a vu le jour en même temps que KERLAVEO ?

Jean-Luc THOMAS : Mon histoire est toujours faite d’enchevêtrements, de choses plus ou moins improbables ! Il y a eu en fait deux histoires parallèles. Tout remonte à 2015, année où j’ai fait un énième voyage au Brésil, et notamment à São Paulo (je ne peux pas aller au Brésil sans aller à São Paulo !). Il se trouve que je connais fort bien Vitor LOPES, le joueur d’harmonica de KERLAVEO. À cette époque, Vitor avait organisé des concerts avec un groupe dont il me donnera le nom plus tard… Et en fait, ce groupe s’est appelé le « Jean-Luc Thomas Sextet » ! Quand j’ai vu l’affiche, je lui ai dit : « Mais c’est n’importe quoi! Tu es gentil, mais si j’ai envie de monter un sextet un jour, je le ferais. Mais ce n’est pas à mon ordre du jour. »

Le coup est parti, on a fait des concerts ; et ça s’est passé tellement bien qu’on a décidé de faire un enregistrement derrière. Les Brésiliens se sont dit : « Tant que Jean-Luc est là, on enregistre. La musique est là, c’est bon… Si on ne l’enregistre pas maintenant, on va la perdre. » On a donc réinjecté l’argent des cachets dans le studio, et on a fait un disque qui est devenu Kerlaveo. À la fin de la session, j’ai dit: « La musique est géniale, merci beaucoup, mais le nom du groupe ne va pas du tout, ça ne me convient pas. » Or, il y avait un morceau qui s’appelle Kerlaveo, qu’avait composé Vitor pour ma maison. Parce que Kerlaveo, c’est le lieu-dit où j’habite. Carlinho ANTUNES a dit : « Jean-Luc a raison ; le « Jean-Luc Thomas Sextet », ce n’est pas un bon nom parce que lorsque Jean-Luc ne sera pas là, on ne pourra pas travailler ! Alors que c’est un groupe qui peut jouer sans Jean-Luc au Brésil. Donc on va l’appeler KERLAVEO ! » Cet enregistrement est resté en dormance pendant un petit moment. Parce que c’est le Brésil, et tout le monde a ses petites histoires…

Ça, c’est la première histoire. Quelle est la seconde ?

JLT : L’autre histoire, c’est quand je suis rentré du Brésil et que j’ai décidé de travailler sur le logiciel Logelloop, fabriqué par Philippe OLLIVIER. C’est un logiciel très compliqué qui est incompatible au départ avec d’autres artistes. Je l’avais déjà essayé avc SERENDOU, avec Michel GODARD ; s’il y a un petit bug, ça peut prendre une heure à débugger ! Ce sont les joies du numérique… Donc j’ai décidé de me reformer à ce logiciel que j’utilisais déjà ; mais comme j’avais un vieil ordinateur, je n’avais pas pu faire des mises à jour du software. J’ai donc attendu quatre/cinq ans. En 2015, j’ai acheté un ordinateur neuf, et j’ai pu installer la nouvelle licence de Logelloop. Et là je me suis rendu compte que j’étais complètement largué ! Logelloop avait changé, et j’ai réalisé que je pouvais faire beaucoup plus de choses qu’avec l’ancienne version. Donc, je me suis formé.

Ce logiciel me permet en plus maintenant de piloter des vidéos grâce à un plug-in qui est un joueur de vidéos. Or, je fais des vidéos depuis longtemps, partout où je vais : en Aquitaine, en Bretagne, en Pologne, en Scandinavie… Souvent, je pose mon appareil photo sur la fenêtre côté passager dans une voiture. (Toujours côté passager, ça vibre moins.) Je le pose et je prends des défilements de paysages. Je fais ça aussi dans les trains, dans les bus… J’ai pris l’habitude d’avoir ce genre de « charte »-là.

J’ai alors commencé à travailler sur une création, une espèce de carnet de voyage brésilien, avec des vidéos et des prises de son, que je fais aussi. J’ai un petit Olympus très robuste que j’amène avec moi et j’enregistre plein de sons, pas que de la musique, des bruits de poules, des enfants, des klaxons… Là où les gens font des photos en montant une ambiance, moi je fais des « photos sonores ». Du coup, dans mon disque dur, j’ai des sons de partout, énormément. Ils sont colorés « Brésil », « Aquitaine », « Paris »… (J’en avais fait dans le métro, car il a une couleur sonore lui aussi…)

J’ai donc travaillé sur ce logiciel pour faire un spectacle (parce qu’il me faut une carotte pour me faire travailler !), une création qui s’est appelée Oficina. C’est ainsi que j’ai semé la graine d’une nouvelle aventure. Oficina, ça veut dire l’ « atelier ». Ce que j’aime bien dans le terme atelier, c’est qu’il a une double acception. Il y a l’atelier théorique que l’on peut faire sur l’archivage des 33 tours, des banques de données, par exemple. Et il y a l’atelier avec les copeaux, l’huile de vidange, qui est beaucoup plus concret, qui sent plus fort, qui est dans la matière. Oficina veut dire la même chose qu’atelier, en français. J’aime bien ces deux idées-là. Pour moi, Oficina, c’est ça : une espèce d’atelier où je vais, j’y transpire avec des gens, ça sent, il y a cette odeur, et il y a ce côté virtuel, théorique.

Genèse d’un « atelier »

Le séminaire et le garage, en somme ?

JLT : Oui, voilà ! Le mot atelier couvre les deux endroits. Puis, en 2017, Vitor LOPES m’a envoyé un message : « Peut-être qu’on peut finir le disque, on a un peu de commandes, etc. Mais il manque trois morceaux. Est-ce que tu peux essayer d’enregistrer tes flûtes de ta maison et nous ferons des enregistrements dans notre studio, vu qu’on n’a pas l’argent pour te faire venir ? » « Essayons ! », ai-je répondu. Donc on essaye. Je ne suis pas un roi de la prise de son, j’ai fait quelque chose de très scolaire, mais ça a marché. Ça a permis de terminer le disque KERLAVEO. En août 2018, le disque est sorti au Brésil. Là, les musiciens m’ont appelé : « Cette fois tu viens, on fait un concert de promotion. on va trouver l’argent ! » Moi, j’avais fini le spectacle Oficina, qui a dû voir le jour en mai 2017 pour sa première, et après j’ai rejoint Zingaro en août 2017.

On arrive en septembre 2018 : je suis arrivé à São Paulo, on a fait des concerts de sortie du disque Kerlaveo ; et j’avais des bouts de répétition du spectacle Oficina dans mon ordinateur. Je les ai montrés aux musiciens, et là, tous ont compris et m’ont dit : « Mais tu as composés ces morceaux pour nous ! » « Là, tu parles de ma maison ! » « Là, tu parles du fils d’Untel… » Je leur ai répondu : « Oui, effectivement, c’est ça. » « Mais tu ne va pas faire ça tout seul ! On va jouer ces morceaux ! Alors tu te débrouilles, mais tu reviens, car nous on veut les jouer ! » C’était une demande trop belle de musiciens trop beaux ! Et une partie d’entre eux faisait partie de KERLAVEO.

En mars 2019, j’ai terminé le spectacle avec ZINGARO à Aubervilliers. On avait un petit temps de pause avant de repartir à Béziers. Là, je suis parti avec Jacques-Yves LAFONTAINE pour un séjour qui nous a emmenés d’abord à São Paulo, où il y avait l’équipe de KERLAVEO plus le guitariste classique/contemporain Daniel MURRAY et le percussionniste Julio CESAR. Ensuite, à Rio de Janeiro, où a retrouvé un autre trio que j’ai et qui s’appelle SOPRO DA TERRA, avec Carlos MALTA, Bernardo AGUIAR et Augusto MATTOSO, bassiste de jazz qui joue avec Carlos MALTA. C’est comme ça que la formation du disque Oficina Itinerante s’est constituée.

Pourquoi « itinerante » ?

JLT : En discutant, il s’est avéré que le mot « oficina », pour les Brésiliens, avait trop le sens de « garage », au premier degré, et ça les dérangeait. En revanche, Oficina Itinerante, l’ « atelier itinérant », faisait plus de sens.

C’est l’atelier qui se déplace, qui voyage…

JLT : Et qui, du coup, va évoluer forcément. Alors c’est peut-être la fin d’un chapitre, mais c’est aussi le début d’un autre. C’est ce que j’aime dans mon histoire aujourd’hui, et j’assume ce côté-là. Je ne peux pas me dire : « Voilà, j’ai terminé avec ce projet, je le range et je passe à un autre. » Je suis plus dans le trajet, et donc je peux me dire : « Oui, ce projet est fait, mais il y a dedans comme le pollen d’autre chose. Il est né de là et va m’amener vers quelque chose que moi-même je ne connais pas. » C’est très bien de ne pas connaître ce qui va venir…

Et tous ces musiciens, tu les connaissais depuis un bon moment, déjà ?

JLT : Oui, énormément. Sauf Tiago DAIELLO. Il a remplacé Rui BAROSSI, le contrebassiste de KERLAVEO, qui était en tournée en Uruguay au moment des concerts de KERLAVEO. Du coup, on a demandé à Tiago, qui était là, de venir. C’est un magnifique bassiste. Sinon, tous les autres, je les connais depuis au moins dix ans, et presque vingt ans pour certains.

Histoires brésiliennes

Parlons des compositions de l’album : j’ai l’impression que tu les vois comme des images, des ressentis de ce que tu as vu ou vécu au Brésil avec ces musiciens-là. Les titres renvoient du reste soit à des lieux, soit à des gens que tu as connus au Brésil…

JLT : Tout renvoie au Brésil ! Chaque morceau a vraiment une histoire.

Par exemple, Madhu est un morceau que j’ai composé il y a dix ans pour la naissance de l’enfant de Vitor LOPES, et c’est une berceuse très lente. Vitor est un musicien de choro, une musique très tonale, qui change de tonalité à chaque phrase, ce qui est très compliqué. J’avais donc voulu faire un morceau avec plein de phrases. Il y en a une qui en a amené un autre, puis une troisième, puis une quatrième, etc. Ça change de tonalité tout le temps. J’ai imaginé le père rentrer du choro à deux heures du matin, aller voir son fils et lui murmurer une petite mélodie, comme une berceuse. Et en même temps il y a aussi dedans quelques petites couleurs qui viennent de chez moi, avec des accents qui peuvent donner l’impression que c’est un « reel » lent. Vitor a toujours adoré ce morceau pour ça, car ce n’est surtout pas un choro pour lui. Mais en même temps… Ça raconte notre histoire commune.

Pifano Carioca, c’est une composition pour Carlos MALTA, le Carlos que j’ai rencontré dans les rues d’Olinda, autour de la fête des pifanos. On était dans le cortège. On n’était pas du tout dans le jazz et l’improvisation, mais en mode flûte-tango, dans le fifre, donc mélodie, pulsation, pas d’harmonie, que du modal. Quand j’ai composé ce morceau, j’ai vraiment pensé à Carlos comme le « pifano carioca », pas comme le musicien de Hermeto PASCOAL, etc.

Un morceau porte le nom Toni Braga. De qui s’agit-il ?

JLT : Toni Braga, c’est un morceau que j’ai dédié à un dessinateur, celui qui a fait la couverture du disque, et que j’ai rencontré à Recife. Toni BRAGA, c’est le gars qui, dans un festival, vient te voir sur une terrasse, se met en face de toi, prend un dessous de bière et, en trois coups de crayon, te dessine une danseuse, un flûtiste. J’ai gardé des dessous de bière de ce mec-là, lors du premier festival à Olinda en 2012.

Et en 2015, je l’ai retrouvé ! Il m’a vu dans la rue, m’a reconnu tout de suite comme étant de SERENDOU – puisqu’on avait joué avec SERENDOU à Olinda. Je ne me rappelais plus de lui, mais très vite je l’ai vu sortir un crayon et je me suis dit « Mais c’est lui ! » Et du coup, je lui ai proposé une performance en direct entre lui et moi. Ça l’a stressé énormément ! Autant j’ai l’habitude d’être avec du public, autant lui, il est là avec son sous-bock et n’a que trois personnes comme public. Alors dix personnes pour lui, c’est trop ! Je l’ai rassuré, ça l’a beaucoup aidé et, en partant, il m’a dit : « La musique, c’est super important pour moi ! Et j’ai fait plein de choses sur une palette graphique avec des sons d’Egberto GISMONDI, Hermeto PASCOAL, etc. » Il m’a donné le fichier, je l’ai trouvé magnifique et j’ai décidé d’en utiliser un dans mon spectacle Oficina. J’ai composé un morceau, une sorte de « strathspey tropical » avec des a-coups, comme son trait de dessin. Il ne s’arrête jamais, il y a toujours du rythme dans ce qu’il fait, c’est très séquencé, comme ça…

Et il s’est passé quelque chose d’extraordinaire autour de spectacle, c’est qu’au bout d’un moment j’ai rencontré d’autres personnes qui m’ont donné un gros coup de main et qui m’ont demandé d’exposer la vidéo. Au départ, j’ai commencé avec un écran, et j’ai fini avec cinq surfaces de projection ! J’ai en fait décomposé le dessin sur trois écrans. Or, le dessin de Toni BRAGA marchait sur un format rectangulaire, en 16/9, ou 4/3. Comme j’ai trois écrans, il a fallu recomposer les vidéos et les dessins. J’ai expliqué ça à Toni, il m’a dit : « Pas de souci. Je vais te faire un dessin, trois personnages, et tu te débrouilleras… »

Du coup, cet homme que je ne connaissais pas a passé des heures à me faire des propositions sur lesquelles j’ai donné mon avis. Il a été très généreux, magnifique ! Et quand il a fallu faire la pochette de disque, il m’a paru évident de demander à Toni BRAGA de la réaliser.

Au départ je voulais utiliser quelque chose à lui mais il m’a dit : « Non, je veux faire un dessin POUR TOI. » C’était une commande sans l’être. Après, quand j’ai enregistré ce morceau, je l’ai fait écouter à Vitor LOPES, qui est vraiment le coordinateur de KERLAVEO en ce qui concerne les morceaux que je voulais faire jouer. Or, ce morceau n’était pas du tout dans le programme ! Et finalement Vitor a décidé de le mettre dedans.

Donc il a organisé des répétitions sans moi à São Paulo avec les musiciens et, un jour, il m’a envoyé un fichier WhatsApp et m’a dit : « C’est super, ça groove terrible ! » J’ai écouté, et je lui ai répondu : « Je suis désolé, je n’avais pas prévu que vous joueriez ça ensemble… Je voulais le jouer avec toi, juste flûte/harmonica. Je ne voulais pas que KERLAVEO joue le morceau. » « Ah mince ! Bah ! écoute, on l’édite ! » Ensuite je l’ai réécouté et je me suis dis : « Non mais c’est super beau ! » Du coup, on l’a gardé tel quel ! Voilà. J’aime bien les « accidents », aussi… Comme toute belle histoire avec de belles personnes qu’on vit tous, il y a forcément des choses qui ne sont absolument pas projetées…

Les Ailes de la danse

Quelle est l’anecdote derrière la Samba de l’hirondelle ?

JLT : C’est un morceau assez curieux que j’avais composé au départ pour un ami danois qui écrivait un livre sur ses deux amours, la musique et le vin. Il avait demandé à plusieurs musiciens de lui composer un morceau pour ce livre sur la musique et le vin en biodynamie. Je connaissais de très, très bons producteurs de vin dans les Corbières, la Colline de l’hirondelle, à Douzens, et je lui ai dit d’aller les rencontrer. Quand il est rentré, il m’a dit que les gens étaient super, que le vin était incroyable. Il m’a alors demandé de faire un morceau, tout comme il l’a demandé à des amis musiciens à lui qui étaient danois, italiens, anglais, etc. un vrai florilège européen ! Il y avait aussi Dan AR BRAZ. Donc j’ai composé un morceau à la maison avec que des flûtes. C’était pour lui, de manière confidentielle, pour son livre… Et il se trouve que j’ai fait écouter ce morceau à mes amis musiciens brésiliens.

Parmi eux, Julio CESAR est un grand percussionniste né dans une batucada. Son papa s’occupe d’une école de samba Vai-Vai qui est l’une des plus belles, des plus traditionnelles de São Paulo, et j’ai eu la chance d’assister à des répétitions à Vai-Vai, dans ce monde qui est aux antipodes du mien. Moi qui suis de la campagne, dans un petit bled, je suis arrivé à Vai-Vai, et j’ai vu les répétitions se faire dans les rues, au milieu des buildings ! Il y avait 4000 personnes à la répétition, c’était un truc de fous ! Et Julio, tout le monde le connaît parce qu’il est né là. Il m’a guidé et m’a dit : « Tu sais que tu es dans un endroit dangereux ? Il y a des gangs, tout ça… Mais il ne t’arriveras rien parce que tu es avec Julio. » Julio a l’air très lymphatique comme ça, très tranquille, mais quand il joue… ! Je l’avais fait découvrir à Françoise DEGEORGES, qui anime l’émission de radio Couleurs du monde. Il lui avait fait une leçon de samba et toute l’histoire de la batucada avec un gobelet en plastique et un stylo bic ! C’est un personnage incroyable !

Un jour, j’ai dit à Vitor LOPES : « Si on fait la fête, on ne peut pas ne pas inviter Julio. Est-ce que tu peux lui demander s’il est OK pour venir jouer sur le disque ? » (On communique beaucoup sur WhatsApp.) Vitor m’a laissé un message pour me dire que Julio est super content et qu’il a vraiment envie de venir jouer sur le disque. « Par contre, il y a quand même un problème : Julio, sa musique, c’est la samba. Mais dans ton disque, il n’y a pas de samba. Tu as trois jours pour en trouver une ! » Parce que je partais les rejoindre au Brésil dix jours après ! Je lui ai demandé : « Rechante-moi vite fait une clave de samba très simple sur WhatsApp ! » J’étais alors en spectacle avec Zingaro, je suis allé dans la costumerie, je me suis mis sur WhatsApp et j’ai joué le morceau de l’hirondelle que j’avais composé pour le producteur de vin. « Est-ce que ça, ça marche ? » Il m’a répondu : « Super ! Ça n’a rien à avoir avec la samba, mais ça marche ! »

Je suis arrivé à São Paulo avec ce morceau qui n’avait rien à voir avec la samba, et Julio CESAR, super content, m’a fait une piste, deux pistes, trois pistes… douze pistes de percussion ! Il m’a fait toute la batucada ! Ça s’est super bien passé, et l’ingénieur du son était abasourdi (il a filmé heureusement ce musicien qui a joué toutes les percus, le shekéré, le tambourine, le surdo, etc.).

Et l’histoire fait qu’après avoir fini l’enregistrement de São Paulo, j’ai fait des concerts à Peneno, entre Rio et São Paulo, avec Carlos MALTA et Bernardo AGUIAR. Ensuite on est allé en studio à Rio, où on est restés deux jours, et Bernardo AGUIAR, le percussionniste, m’a dit, une fois qu’on a fini les saxes, les basses d’Augusto MATTOSO : « Je peux faire mes prises de pandeiro en studio, mais je pense qu’on peut ajouter des percussions dans ton disque. Venez chez moi, on fera des trucs ; j’ai un studio dans ma maison, et j’ai un bazar intransportable ! » J’avais déjà l’habitude avec Hopi HOPKINS ! Avec Bernardo, c’était pareil ! Je suis arrivé avec mon ingénieur du son, Jacques-Yves LAFONTAINE, on a fait un, deux morceaux avec Bernardo, le maracatu, ça a très bien fonctionné ! Et Bernardo a dit : « J’ai encore du temps. » Alors on a essayé la Samba de l’hirondelle et il m’a dit : « Ah non ! Mais ça, c’est pas la bonne samba !  Ça, c’est la samba de São Paulo. » Et là, j’ai compris !

Qu’est-ce qu’il fallait comprendre ?

JLT : J’avais oublié la rivalité entre Rio et São Paulo ! C’est comme entre Marseille et Paris ! C’est plus simple de faire jouer un Breton qui n’y connaît rien à la samba avec un musicien de Rio OU un musicien de São Paulo, mais faire jouer ensemble un musicien de Rio et de São Paulo, c’est quand même un sacré bazar ! Ça a été tout un challenge après de faire les prises… Et donc, sur le disque Oficina Itinerante, il y a les deux percussionnistes, Bernardo et Julio, qui jouent sur la Samba de l’hirondelle. Ce morceau a été complètement fabriqué, d’abord d’une manière improbable sur WhatsApp à la costumerie de Zingaro, ensuite à São Paulo, enfin à Rio, et on a terminé avec un gros travail d’écoute et d’édition en Bretagne avec Jacques-Yves !

On a donc droit à une fusion inattendue…

JLT : Politiquement très forte ! (rires)

Une cuisine collective

Les musiciens ont donc eu cette liberté de pouvoir amener ce qu’ils voulaient…

JLT : Complètement ! J’ai un peu l’impression que je suis arrivé avec cette idée : « Voilà, j’amène les pommes de terre, les oignons, les poireaux, etc., et on va cuisiner ensemble ! » J’ai amené la matière première, et chacun a ajouté son petit piment de la maison, le truc que sa grand-mère sait cuisiner… Et on a vraiment préparé ça ensemble, du moins pour les morceaux où il y a vraiment du monde, puisqu’il y a quatre morceaux dans le disque avec tout KERLAVEO. On a vraiment travaillé comme ça. Je suis arrivé avec une belle matière tout me disant : « Surtout, fais gaffe à ne pas trop contrôler ! » Peut-être parce que j’arrivais de ZINGARO, et que BARTABAS est quelqu’un qui contrôle tout, et que j’avais justement besoin de respirer autre chose…

J’ai donc amené le maximum, et comme je commence à connaître un peu les musiciens, s’il faut à un moment donné taper du poing sur la table « maintenant, c’est comme ça ! », je serai prêt à le faire mais… « imaginons qu’on va cuisiner ensemble ! »

C’était un peu une carte blanche, tu les as laissé cuisiner…

JLT : Avec mes ingrédients !

Est-ce la même démarche que tu as eu dans tes créations avec Michel GODARD, Ravichandra KULUR… ?

JLT : Oui et non parce que c’est la première fois que j’amène toute la matière. Avec Michel comme avec Ravi, c’est 50/50 plus ou moins. Ils amènent des morceaux à eux, il y a des idées d’arrangements, j’amène un morceau… .Là, 100 % de la matière venait de moi.

Une gwerz itinérante

Et l’album se termine avec un morceau au titre breton, Ar Vestrez Klanv. Comment a-t-il atterri là ?

JLT : La première fois que je suis venu à São Paulo, c’était en 2000 ; et j’y suis vraiment revenu en 2009, tout seul, et Vitor m’a fait jouer avec plein de gens là-bas, des gens du choro, des gens de la musique classique, contemporaine, acousmatique, et il avait créé aussi une rencontre avec un trio de jazz qui s’appelait IMPROVISADO. Comme j’aime bien les choses improbables, j’avais amené avec moi mon ordinateur, et j’avais toujours ce fichier avec cette gwerz du Trégor chantée par Marie TRIVIDIC, et elle est parfaitement en si bémol. C’est-à-dire qu’on peut faire une arpège, un petit groove dessus, et balancer sa voix et faire un truc qui tourne ; elle chante sans tempo, et ça marche.

Je me souviens avoir joué dans ce club de jazz très branchouille à São Paulo. Il faut imaginer que, São Paulo, c’est pire que Paris ! C’est hyper branché ! Donc j’avais appris deux/trois morceaux du trio IMPROVISADO qui étaient géniaux, et à un moment j’ai fait cette gwerz très connue dans le Trégor. Ça a bien tourné, alors je me suis dit qu’il y avait un truc à faire là-dessus avec cette équipe de São Paulo, avec en plus Daniel MURRAY, guitariste classique-contemporain qui fait sa carrière soliste, c’est vraiment un disciple d’Egberto GISMONTI.

J’ai rencontré Daniel quand il avait dix-sept ans. Il était alors apprenti-guitariste, même s’il jouait déjà très bien. Maintenant, c’est un très grand concertiste, disciple d’Egberto, et ce dernier est en train de lui ouvrir des portes dans le monde entier. Daniel ne joue pas d’habitude avec les musiciens d’Oficina Itinerante, il est plutôt adepte de soli, de duos de guitare très classiques. Mais il apporte de ces couleurs !

Et il se trouve que Daniel est venu en Bretagne. C’est le premier musicien brésilien que j’ai rencontré en Bretagne à a fin des années 1990. Il est capable de me rejouer des gavottes de Soïg SIBIRIL, de Gilles LE BIGOT, de Jacques PELLEN évidemment, tout ce qu’il avait entendu en guitare et qui n’existe pas au Brésil, et des morceaux des SŒURS GOADEC. Pour lui, la Bretagne avait été un choc bouleversant ! Donc faire revenir Daniel dans cette histoire de gwerz, c’était un clin d’œil. Du coup, il a été très heureux de venir jouer cette gwerz. Vitor et lui étaient les deux seuls musiciens à savoir d’où ça venait, les autres musiciens de São Paulo ont halluciné en entendant cette vieille femme…

Des voix et des phrases

Du reste, je crois que c’est la première fois qu’on entend du chant dans l’un de tes disques.

JLT : Concernant la place de la voix dans mes disques, le problème que j’ai eu, c’est que le premier disque que j’ai fait, c’était avec le groupe DIBENN, dont faisait partie Annie EBREL. Donc, après, ça a été dur de trouver… La barre a été placée haute, quoi ! Quand on a goûté à ça, qu’on a travaillé avec la voix d’Annie, on a du mal après à travailler avec d’autres voix. Sinon, l’autre voix avec laquelle j’ai travaillé, c’est celle de Yacouba MOUMOUNI, dans SERENDOU. Dans le genre, la barre a aussi été placée haute ! Donc j’ai travaillé avec Annie, Yacouba, et Boubacar SOULEYMANE, qui chante aussi sur les disques de SERENDOU. Oui, c’est tout.

En revanche, le texte a toujours fait partie de mon univers. Je lis beaucoup. Enregistrer des flûtes dans un looper et en mettre plein partout, ça ne m’intéresse pas. J’ai besoin de ramener de la vie. Je fais des prises de son, il y a des animaux, des bruits de klaxons, des enfants qui chantent… Sur le disque que j’ai fait avec Michel GODARD, par exemple, il y a des voix, il y a des enfants maliens du village, il y a la voix de Pierre SCHEIDT qu’on a un peu trafiquée aussi… Dans mon ordinateur, il y a toujours un fichier avec des sons et des voix.

Or, j’avais lu il y a quelques années un très, très beau petit fascicule écrit à quatre mains par Patrick CHAMOISEAU et Édouard GLISSANT, à l’époque où Sarkozy avait pondu ce ministère de l’identité nationale, qui s’appelait : Quand les murs tombent : l’Identité nationale hors la loi. C’était un texte d’une vingtaine de pages que j’avais toujours avec moi, avec mon magnétophone. Et dès que je suis tombé sur quelqu’un qui avait un accent, qu’il soit portugais, trégorrois, bigouden, marseillais ou allemand, je lui ai demandé de me lire dix lignes de ce texte, comme un haiku, et je l’ai enregistré. Après, j’ai diffusé ça comme des petites phrases… C’était toujours magnifique parce que c’était des paroles d’une puissance inouïe !

D’où viennent les textes déclamés dans Oficina Itinerante ?

JLT : Ce sont des poèmes, des haikus de Camila JABUR, la femme de Vitor LOPES. Dans ses recueils, il y a un haikai que Camila avait écrit pour moi, qui m’est vraiment dédié et qui dit « Contre nous une mer, un son qui continue, aucune distance » (Entre Nós O Mar). C’est magnifique !

J’en ai pris deux autres que je joue dans le spectacle, mais avec une autre voix que Camila parce que j’avais demandé à Vitor d’enregistrer Camila, mais il n’avait pas compris, il l’a enregistré dans une pièce où il y avait du bruit, du son, de la réverbération, alors j’ai fini par enregistrer une autre voix brésilienne, de la tribu quand même, et c’est celle-là que je diffuse dans le spectacle depuis sa création. Ces haikus, c’est un peu comme les dessins de BRAGA, ce sont des choses qui étaient importantes pour moi. Il y a plein d’histoires. Elles ne sont pas toutes drôles, mais chaque morceau est vraiment nourri par un moment très fort…

Outre ces haikus, il y a dans Oficina Itinerante de courts instrumentaux, comme Les Cloches d’Anselmo Alves… Là, on est vraiment au croisement de la musique acoustique et de la musique électronique.

LT : Oui. Le plus radical, je crois que c’est Recife. Il y a un arpège qui tourne, et c’est de la matière électronique. Ce que j’aime bien dans ce Logelloop, c’est que tout l’arpège est basé sur un « sample » d’une seconde de flûte ! Dans le spectacle Oficina comme dans l’enregistrement du disque, c’est moi qui rentre une note ; elle n’est pas pré-enregistrée. En fonction de l’humeur, aujourd’hui je fais un fa, demain ça peut être un sol, après-demain ce sera un si bémol, etc. Je décide sur le moment quelle est la note. Après, cette note rentre dans une arpège.

Et j’ai reconstruit tout le morceau de la même façon. Il y a un premier temps, une première note, après il y a un temps de matière, qui correspond à une vidéo dans le spectacle, qui est un plan séquence dans les rues de Recife, prise en voiture, selon la méthode dont je t’ai déjà parlé. Ça alterne entre des paysages de graffitis et des parcs naturels à la brésilienne, avec des palmiers, des manguiers… Il y a des graffitis extrêmement créatifs, et la voiture s’arrête sur un graffiti jaune, qui est très beau. Là, dans le spectacle, je fais vraiment de la matière avec des percussions, des choses très contemporaines. Quand la voiture redémarre, je rentre une autre note – je ne sais jamais laquelle non plus – et ça repart sur une autre arpège.

Tout est vraiment lié au spectacle Oficina. J’y joue tout ce qui est dans le disque, mais différemment vu que je suis tout seul avec mes flûtes !

Au bout des souffles

Donc il y a dans le disque Oficina Itinerante des morceaux qui correspondent vraiment à ce qu’on risque d’entendre dans le spectacle, et d’autres plus arrangés avec un ensemble de musiciens.

JLT : Voilà. Le spectacle solo est joué uniquement avec des flûtes, et dans l’album les flûtes ont été remplacées par des accordéons, des percussions, des saxophones, des harmonicas, des guitares…

Tu avais pensé à faire un album qui soit une sorte de « photo du spectacle » ?

JLT : Oui. Je pense que je n’ai pas pensé ça très longtemps, mais ça semblait dans la logique.

Et finalement, ça a pris une autre direction ?

JLT : Complètement ! Si on m’avait dit il y a trois/quatre ans que j’aurais fait ce disque-là, je ne l’aurais pas cru.

Tu n’envisageais pas non plus un album solo qui documente ton parcours et qui représente toutes les musiques que tu as rencontrées, bretonne, irlandaise, brésilienne, africaine, indienne ?

JLT : Non. Peut-être… J’ai l’idée de réunir un jour au moins ce que j’appelle les « souffles de la Terre », c’est-à-dire de réunir des flûtistes qui ont cette connexion à la tradition, à la musique populaire, donc à la danse, donc à la terre. Ce que j’appelle connexion à la danse, c’est vraiment la connexion à la terre battue, ce que je connais chez moi. Et donc j’aimerais réunir des gens avec qui je travaille déjà, comme Yacouba MOUMOUNI, Carlos MALTA et Ravichandra KULUR. Au moins ces trois-là ! Peut-être d’autres… Ça, c’est un rêve ! Je serais heureux de les voir ensemble manger, discuter, répéter, être dans le processus de rencontre, quoi !

Mais je vais presque y arriver bientôt. Au moins de décembre, il y aura une création qui me permettra de réunir SERENDOU avec Carlos MALTA et Bernardo AGUIAR.Le Quartz de Brest nous offre une carte blanche pour le festival No Border. Je ferai l’ouverture. Croisons les doigts ! Entre les orishas et les fétiches, les Celtes et les druides et les menhirs, on va bien y arriver !

Ça sera un beau plateau !

JLT : Le Quartz m’a demandé de travailler autour de mon histoire africaine, pour le coup. Je vais travailler sur la mémoire, sur celle des esclaves notamment. Il y aura donc Yacouba MOUMOUNI, Boubacar SOULEYMANE, Bernardo AGUIAR, Carlos MALTA, Hélène LABARRIÈRE, et moi. J’ai déjà une date : le 10 décembre 2020.

Donc, pour le quatrième flûtiste, ce sera peut-être pour 2021, 2022, on ne sait pas, on verra… (rires)

Comme à la ferme…

Y a-t-il des chances pour que l’on voit le groupe KERLAVEO en France ?

JLT : On aimerait vraiment venir à Paris, c’est sûr ! Mais pour l’instant ça coince, il faut en parler à un maximum de monde… Fin juin, on a une résidence déjà calée au Rocher de Palmer, à côté de Bordeaux, à Cenon. Ce sera autour du 22 juin, juste après la fête de la musique. Patrick LABESSE, qui écrit dans Le Monde, a un bureau là-bas et travaille sur des « Temps intimes » un peu décalés. On aura un solo de Vitor, qui va parler du choro, j’interviendrai le lendemain autour des flûtes du monde, et sûrement aussi Carlos MALTA, qui risque d’être par-là, et qui interviendra plutôt sur le pifano ou les flûtes d’Amazonie. Depuis longtemps, Carlos et moi travaillons ensemble. On a fait aussi des répliques de flûtes amérindiennes qui sont splendides.

Le 26 juin, on jouera donc au Rocher de Palmer : le 27, on partira au festival des Fifres de Garonne. Le samedi, c’est le jour du bal, avec des danses de France, mais je suis super content que les Brésiliens voient ça parce qu’ils verront que c’est autre chose que le forro ; il y a des danses en chaîne, des danses à deux, des rondeaux. Le dimanche, c’est le jour des créations, et KERLAVEO jouera ce jour-là. Ce sera la trentième édition du festival, et Pierre SCHEIDT veut non seulement faire venir Carlos MALTA, mais aussi Michel GODARD. Donc il y aura un plateau de la mort ! Plus dix mille autres idées qu’il a… Je ne sais pas ce que c’est, mais ce sera super ! Et c’est un festival gratuit ! C’est en bord de Garonne, dans un cadre magnifique. Pour moi, c’est l’un des plus beaux cadeaux que la vie m’ait donnée de pouvoir contribuer à cette aventure.

Et Carlos MALTA affirme que pour lui, ce festival, c’est carrément le nouvel an ! On y voit des gens, on prend des nouvelles des uns et des autres, et après ça, on repart pour douze mois plein d’énergie, plein de feu, parce qu’il y a une humanité incroyable. Je crois que c’est la seule fois où j’ai vu Yacouba pleurer, en quittant les Fifres. Ce guerrier peul de 120 kg ! Je l’ai vu extrêmement ému parce qu’il est musulman pratiquant, mais dans ce festival où on boit beaucoup d’alcool, du Sauternes, etc., on leur avait trouvé un espace pour la prière, loin du bordel pour être tranquilles. Ils ont toujours fait attention – ce n’est pas le cas partout – à ces gens qui pensent différemment, qui ne sont pas du tout branchés là-dessus. Yacouba et Boubacar ont vu tous les égards qu’il y avait pour eux…

Et la cuisine est extrêmement importante là-bas, comme la musique, le son, les lumières. Tout est soigné ; c’est simple mais fin. Tout ce qu’on aime dans la musique populaire ! Il n’y a rien de grandiose dans ce qui se passe, mais tout est fin. On est vraiment dans ce que l’humain a de plus beau !

(NDLR : Cet entretien a eu lieu avant que ne soient décrétées les mesures exceptionnelles de prévention sanitaire contre la prolifération du COVID-19 ; aussi la tenue des concerts et du festival annoncés à la fin est-elle très compromise !)

Article et entretien réalisés par Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon

Site : www.jeanlucthomas.com

CDs : Jean-Luc THOMAS – Oficina Itinerante (2020, Hirustica)

KERLAVEO – Kerlaveo (2018, Hirustica)

Voir notre reportage photos du spectacle Oficina de Jean-Luc THOMAS

 

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.