Michel AUMONT – Clarinettes armorigènes

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Michel AUMONT – Clarinettes armorigènes
(An Naer Produksion)

Entre deux festoù-noz avec le groupe BF15 – avec lequel il joue depuis 17 ans – Michel AUMONT a toujours trouvé le temps de voyager, de clarinettes en clarinettes, dans pas mal d’horizons musicaux différents, à la recherche d’autres dialectes. Cela lui a valu de rencontrer plusieurs personnalités à l’âme tout aussi pèlerine, telles Louis SCLAVIS, Sylvain KASSAP ou Valentin CLASTRIER, qui partagent avec lui le goût des expériences buissonnières, les frontières musicales n’étant que prétexte à jouer à saute-mouton. Ne serait-ce que dans le microcosme breton, Michel AUMONT a travaillé avec les plus indépendants d’esprit, comme Érik MARCHAND au sein du QUINTET CLARINETTES, mais aussi Pat O’MAY ou Alain GENTY, et il a été membre du groupe folk maritime L’ÉCHO DES LUTHS (avec Roland BROU, Pierrick LEMOU, Frédéric LAMBIERGE et Thierry MOREAU).

Pour avoir longuement étudié les techniques tant régionales, ethniques, que contemporaines de la clarinette basse, Michel AUMONT est à la tête d’une famille de clarinettes qui ont beaucoup à raconter. Aussi, il leur a laissé entière parole sur ce qui est son premier album solo, Clarinettes armorigènes donc, puisque instruites de la tradition musicale de Haute-Bretagne et de Centre-Bretagne et inspirées par des ailleurs luxuriants. S’inscrivant ouvertement dans le prolongement du travail de défrichage effectué au sein du QUINTET CLARINETTES et du Michel AUMONT TRIO, ce disque est à la fois un musée sonore et un recueil d’histoires.

Clarinettes basses, clarinettes si b, clarinettes mi b et quelques curiosités auto-produites comme le « buzziphon » – qui rappelle la vielle à roue – ou l’ »armorinette » – dont on joue d’une main – narrent, ensemble ou individuellement, d’oniriques aventures provenant d’un univers bariolé où se croisent pygmées et pleureuses, sirènes et insectes divers, et où l’on danse à l’occasion la valse, le musette ou la … « gravotte » !

Ce qui n’aurait pu être qu’un déballage démonstratif se révèle être en fait un fabuleux bestiaire fantastique, un livre d’images sonores qui transportent de la Bretagne à l’Afrique, non sans emprunter les délicieuses déviations du jazz et de la musique contemporaine. Là où beaucoup se seraient contentés d’aligner des thèmes traditionnels de tel et tel pays ou de jouer « à la manière de », Michel AUMONT a conçu un univers personnel vibrant aux rythmes de respirations variées.

On y vit, on y danse, on y meurt, on s’y agite ou on s’y recueille ; c’est bien de « musiques vibrantes » dont il est question, de celles qui mettent à contribution l’imaginaire de l’auditeur et procurent de nouveaux élans à ses griseries.

Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°6 – juillet 2000)

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