MYRDHIN / AN DELEN DIR – Courir le Guilledou / La Ceinture du Diable

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MYRDHIN / AN DELEN DIR – Courir le Guilledou / La Ceinture du Diable
(Ethnéa / Musea)

Les œuvres discographiques du harpiste MYRDHIN, que ce soit avec le flûtiste Pol HUELLOU (Harp & Bamboo, Harp & Shakuhachi), avec le percussionniste David HOPKINS (Harp in Aquarius) ou avec la harpiste ZIL (duo ARS CELTICA), procèdent toutes de la même volonté d’arracher l’auditeur – sans violence aucune – à ses contingences terrestres alourdissantes et de le transporter dans un univers plus éthéré, mais toujours en prise directe avec le mythe celtique.

Bien que le succès médiatique n’a jamais trop été l’ambition prioritaire de MYRDHIN, la parution en 1993 de la compilation Harpe celtique – Instrumental sur le label Griffe, distribué par la « major » Sony, a permis une plus large diffusion de la musique du harpiste ; et sa participation à AFRO CELT SOUND SYSTEM deux ou trois ans après n’est pas passée inaperçue et a même crédibilisé la démarche du groupe. Il faut dire que le charme qui émane de son jeu de harpe, lumineux et vibratile, est de ceux qui perdure par-delà les modes et les âges.

La réédition de Courir le Guilledou, album paru à l’origine en 1984, permet de redécouvrir tout un chapitre particulièrement important du parcours discographique du harpiste et chanteur breton. C’était en effet l’époque où MYRDHIN se produisait avec son groupe AN DELEN DIR, qui, de 1977 à 1992, a intensivement distillé le parfum du mystère musical celtique dans plusieurs pays d’Europe, et ce, jusqu’en URSS et même au Japon.

Présenté à l’époque comme le Volume 7 des enregistrements discographiques de MYRDHIN, Courir le guilledou était composé de deux faces thématiquement distinctes : la face A était sous-titrée Rive droite, et la face B était sous-titrée Rive gauche. Le titre Courir le guilledou concernait en fait les six pièces de la Rive droite, alors que la Rive gauche était constituée de cinq pièces écrites pour le film de Yannick LETOQUEUX, La Ceinture du diable. Cette distinction de faces et/ou de rives n’a évidemment plus lieu d’être sur le support CD.

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Quinze ans après, c’est avec le même régal que l’on réécoute Courir le Guilledou. Inspirée par la tradition tant bretonne que gaélique, la musique d’AN DELEN DIR délivre une adaptation personnalisée impressionnante de par les visions poétiques qu’elle projette. La harpe fluide et astrale de MYRDHIN y chante en compagnie de la flûte elfique de Jean-Pol HUELLOU, et leur combinaison évoque sans peine une dimension fantasmée, surnaturelle, imbibée de mythologie. ZIL les accompagne parfois au bodhran, mais aussi avec un discret mini-synthétiseur dont le rôle est surtout harmonique, créant des motifs spiraliques enivrants.

L’esprit novateur du groupe s’exprime aussi dans sa capacité à intégrer des sons étrangers, comme le prouve la participation dans quelques morceaux d’un certain STIV et de son tabla indien. War Hentoù Gwervaen est à cet égard la pièce la plus originale du disque, avec son thème joué en introduction par deux flûtes (ou plutôt deux pistes de flûte superposées), repris ensuite par la harpe accompagnée par le tabla, qui entame bientôt un solo sur une trame harmonique, avant que la harpe n’expose un nouveau thème et que le synthétiseur prodigue des sons de xylophone sur la partie finale.

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Sans aller jusqu’à parler de fusion ethnique, il faut bien reconnaître que AN DELEN DIR était ici soucieux de mettre en évidence quelques correspondances universelles harmoniques et rythmiques.

Cerise sur la galette, trois morceaux provenant du disque Volume 3 de MYRDHIN (le premier sur lequel joue le trio AN DELEN DIR), paru en 1978, ont été ajoutés en bonus sur ce CD. C’est l’occasion d’entendre la voix de notre barde, ainsi que le fiddle de Gunter BUCHWALD, qui fut membre d’AN DELEN DIR jusqu’en 1982.

Peut-on cependant espérer redécouvrir un jour en CD des opus comme Harpèges ou Emersion   Rien n’est moins sûr… Il n’est pas dit que tous les autres anciens disques de MYRDHIN bénéficieront d’une même renaissance numérique, vu que certaines bandes ont disparu ou que la qualité d’enregistrement de l’époque était un peu trop… rustique. Pour l’heure, délectons-nous donc de cette réédition.

Druidix

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°4 – avril 1999)

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