ÔBRÉE ALIE – Venté sou léz Saodd

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ÔBRÉE ALIE – Venté sou léz Saodd
(Coop Breizh)

Le premier album d’ÔBRÉE ALIE, Alment d’if, paru en 2000, avait été unanimement salué pour ses qualités et son originalité. Il faut dire qu’il fut une sorte d’ovni dans le paysage musical breton, et dans le paysage musical tout court, car l’initiateur du projet, Bertran ÔBRÉE, mettait en valeur une langue souvent moquée et très peu usitée en chanson, le gallo (pour schématiser, le gallo est la langue de la partie Est de la Bretagne). Quatre années auront été nécessaires pour que prenne forme et paraisse un deuxième enregistrement. Mais l’attente est récompensée car Venté sou léz Saodd (souffle sous les saules) est une vraie réussite.

Depuis le premier CD, la physionomie du groupe a bien changé. Si Bertran ÔBRÉE en est, bien sûr, toujours la cheville ouvrière, les musiciens qui l’accompagnent, excepté Pierre-Yves PROTHAIS (percussions), sont eux des nouveaux venus. Le groupe se retrouve donc aujourd’hui complété par Erwan BÉRENGUER (guitares), Raphaël CHEVALIER (violons) et Matthieu LETOURNEL (contretuba, trompette) auxquels s’ajoutent quelques invités aux saxophone, chant, et accordéon diatonique et parmi lesquels on peut rencontrer Cécile GIRARD, qui faisait partie de la formation initiale, au violoncelle.

L’ambiance générale de cet album, la présence de cuivres oblige, est plutôt orientée vers le jazz et les musique d’Europe de l’Est (l’instrumental March Eslovaq le prouve), même si cela n’était pas spécialement voulu au départ. Toutefois la musique peut se faire dansante avec la présence de pilé menu, rond de St Vincent ou autre ridée. Et il faut reconnaître que cette couleur musicale sied sans problème au chant.

Quant au contenu de ces chansons, justement, il est souvent humoristique ou ironique et respecte parfois le schéma traditionnel du couplet comportant un nombre, repris plusieurs fois avec un décompte décroissant (L’wézel d’ l’amour ; Léz vach den l’taet).

Mais ÔBRÉE ALIE sait traiter de sujets plus actuels et néanmoins sensibles comme l’homosexualité qu’elle soit féminine (Mirabelle, seule composition en français) ou masculine (Léz holande). L’album comporte également une chanson en espagnol (Viajero) ainsi qu’une reprise (en français) de La Marche nuptiale de BRASSENS dont on se demande malgré tout ce qu’elle peut bien apporter.

Puis, tout comme pour le premier CD, le dernier morceau est une longue improvisation d’une dizaine de minutes qui permet ainsi au groupe de se lâcher et de laisser libre court à son inspiration.

ÔBRÉE ALIE n’a donc pas hésité à prendre des risques pour son deuxième disque et ce Venté sou léz Saodd prouve en tout cas que le gallo est une langue qui sait s’adapter à différents styles musicaux et est capable de parler de thèmes originaux.

Didier Le Goff

Site : www.obree.fr

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°15 – septembre 2004)

 

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