OIAPOK – OisoLün

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OIAPOK – OisoLün
(Autoproduction)

On a périodiquement besoin de très bons albums. Si, si ! Pour se rappeler, par exemple, que l’histoire de la musique avance et glane sur son passage le meilleur des promesses d’hier en gardant le cap sur le monde d’aujourd’hui. Pour nous prémunir du passéisme qui revient toujours bien vite quand rien d’excitant ne se passe. Et ça tombe bien parce qu’aujourd’hui OIAPOK publie un surprenant album, Oisolün, qui ravira les fans de rock progressif. Ou devrais-je nuancer d’emblée : de rock « progressiste » ? Certainement ! En tout cas, c’est un album pour les affamés, les fins gourmets, les insatiables, bref, pour tous ceux qui « ont la dalle » !

Après un premier single et, auparavant, deux alléchants albums sous le nom de CAMEMBERT, OIAPOK nous invite maintenant à passer au dessert. Ce bien joli disque (disponible en CD et en LP) nous offre une palette de timbres originaux. Outre une solide rythmique (Matthieu LENORMAND, à la batterie et Pierre WAWRZYNIAK à la basse électrique – et les compositions, c’est lui !) auxquels s’ajoute l’excellent et polyvalent Valentin Sylvain METZ à la guitare. Plus atypique, la présence d’une harpe (Guillaume GRAVELIN), d’un xylophone et vibraphone (Clarissa IMPERATORE également à la flute et aux percussions) et des cuivres (Étienne AGARD et Frédéric DURRMANN aux trombones) enrichissent la palette orchestrale des compositions.

Les plus érudits d’entre nous trouveront à OisoLün une parenté lointaine avec les Japonais de HAPPY FAMILY et TIPOGRAPHICA. Ceux qui ont vu passer le très bref ovni de GÜS WEG WATERGANG repenseront à lui. Enfin, les plus pointus de nos lecteurs se souviendront comment Oren BLOEDOW sur la scène de la Knitting Factory intégrait le trombone à ses chansons étranges.

Quant au joli timbre de Mélanie GERBER, il évoque, par instant, les chœurs célestes de HATFIELD AND THE NORTH ou la séduisante voix de Pascale SON dans COS. Tout cela est « juste » très bon. Mais OIAPOK gravit une marche de plus vers l’excellence en trempant ses compositions dans un bain rythmique complexe et 100 % jubilatoire. Les amateurs de Frank ZAPPA et de GENTLE GIANT seront servis, avec de multiples mesures composées qui parcourent les compositions.

Étonnamment, OIAPOK évolue aussi dans une atmosphère méditative et planante, à l’image des préoccupations écologistes qui affleurent dans ses textes. On pense parfois à l’exotica de Martin DENNY, à Mike OLDFIELD ou encore aux albums de Patrick O’ HEARN (bassiste de ZAPPA avant de publier ses propres œuvres). Mais ce qui ne gâche rien, ici, c’est le travail du son (Eric Gauthier LAFAYE, ingé son, Paolo « Ske » BOTTA au mixage et Udi KOOMRAN au mastering).

Cette collaboration étroite donne à l’album un habillage sonore du plus bel effet, une sophistication esthétique sans faille doublée d’une belle dynamique. Quand on manie aussi bien les paradoxes et qu’on joue aussi brillamment avec les sons, tout est là pour concourir au statut des grands disques de l’année. Ah !, mais, attendez ! : on me souffle dans l’oreillette que 2023 serait imminent. Alors, c’est bien simple, ce sera l’année OIAPOK. Le groupe sera d’ailleurs en concert le 9 février à la BNU de Strasbourg ! Quand je vous dis que c’est une année qui commence bien !

Anne Ramade

Dans le marasme des productions formatées et de l’abondance des Bandcamp, on se réjouit de sorties originales loin des styles dominants, si le rock progressif actuel a parfois des parfums de rock régressif, OIAPOK arrive avec un opus d’une grand fraicheur dont le nom « Oiapok est un néologisme, un croisement entre le fleuve guyanais Oyapock, berceau des aventuriers sans peur, et la ceinture de l’astéroïde Chariclo, Oiapoque, dont l’orbite croise celle des planètes externes du système solaire. Entre la Guyane et le Brésil, l’Oyapock est un endroit sauvage, passionnant et dangereux. C’est un lieu d’exploration pour les téméraires ».

Les racines musicales de OIAPOK oscillent entre les musiques du monde venant du Brésil, africaines, afro-cubaines par le prisme de l’utilisation de harpe, xylophone-vibraphone, cuivres, basse, batterie, guitare, chant), mais aussi du rock progressif et du jazz fusion, immédiatement je pense au groupe de Pierre MOERLEN’s GONG/Mireille BAUER, Mimi LORENZINI ORCHESTRA, voire Mike OLDFIELD ou CAMEL en plus planant, il y a des réminiscences et des clins d’œil lointains à Frank ZAPPA, HATFIELD AND THE NORTH, Flora PURIM pour le chant de Mélanie GERBER, Hermeto PASCOAL, OREGON, DELEYAMAN, FULL CIRCLE. La virtuosité des musiciens sert la musique et ne cède pas à la démonstration comme cela se présente souvent.

L’album OisoLün nous embarque vers des contrées positives immersives à la prise de conscience écologique mondiale, un voyage onirique qui me fait penser aux espaces tropicaux sublimés de Midori TAKADA (Midori Takada – Mr. Henri Rousseau’s Dream) ou de Jon HASSELL dans la forme esthétique.

Udi KOOMRAN, que l’on connaît pour ses mastering, est de la partie ; il y a donc un beau travail du son. Pour le coup, la notion de fusion porte bien son nom tant les incrémentations sont homogènes. OisoLün est un plaisir à ne pas rater dans ce monde anxiogène.

Thierry Moreau

Site : https://oiapok.com/

Page : https://oiapok.bandcamp.com/album/oisol-n-first-album-release-autumn-2022

Contact disque : pierrew @ orignalmusic.co

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