La chanteuse classique indienne Kishori AMONKAR est morte lundi 3 avril à Mumbai, à l’âge de 84 ans. Elle était considérée comme l’une des plus hautes personnalités du chant classique modal appelé khyal (dérivé du dhrupad) mais s’était aussi illustrée dans des genres plus « légers », tel le thumri et le bhajan.
Née d’une famille de musiciens, Kishori AMONKAR avait été élevée et éduquée par sa mère, la chanteuse classique Mogubai Kurdikar, qui lui avait transmis l’art de la gharana (tradition musicale) de Jaipur, créé au XIXe siècle par Alladiya Khan. Par la suite, elle a également suivi l’enseignement de plusieurs autres tuteurs issus d’autres gharanas, ce qui lui a permis de développer un style personnel qui, tout en étant inscrit dans le style de la gharana de Jaipur, intégrait des éléments d’autres écoles.
Cette approche, qui privilégiait l’expression émotionnelle et spirituelle au strict respect des règles classiques en matières de structures rythmiques et mélodiques, lui a valu des critiques comme des louanges, mais lui a en fin de compte permis d’être reconnue comme une innovatrice dans le champs de la tradition de Jaipur.
La carrière de Kishori AMONKAR a connu son apogée dans les années 1960 et 1970. Outre le chant classique hindoustani et un vaste répertoire de thumris, de bhajans et de ghazals, elle s’est illustrée un temps dans des musiques de films (Drishti, Geet gaya Patharon Ne) avant de retourner au chant classique. On lui doit notamment plusieurs compositions pour différents ragas.
Son talent, sa maîtrise du chant hindoustani et son héritage ont été reconnus par d’autres personnalités de la musique indienne, qu’elle soit populaire (Lata Mangeshkar) ou savante (Zakir Hussain).
Kishori AMONKAR laisse également une importante discographie qui s’étale des années 1960 aux années 2000, enregistrements en studio ou en concert, principalement en tant que soliste, mais aussi des duos avec le maître de flûte bansuri Hari Prasad Chaurasia. Un documentaire, Bhinna Shadja, lui a également été consacré.
La musique indienne vient de perdre une de ses figures les plus marquantes.