REMEMBER SHAKTI – The Believer

107 vues

REMEMBER SHAKTI – The Believer
(Verve / Universal)

Si on ne refait pas l’histoire, on peut en modifier les formes. Il y a eu SHAKTI, REMEMBER SHAKTI et, en 1999, c’est un REMEMBER SHAKTI « II » que l’on a retrouvé sur les scènes européennes, une formation renouvelée porteuse d’une alchimie nouvelle, fondée sur la même symétrie que la version originelle de SHAKTI : deux instruments à cordes et deux percussions. The Believer retrace quelques-uns des meilleurs moments de cette tournée estivale de 1999. Plus qu’un souvenir de SHAKTI, cette formation rajeunie en assure véritablement la renaissance.

Ce reverdissement est bien sûr dû à la maturité acquise par le prestigieux maître de guitare à la chevelure cendrée et par le « Tabla Wizard », mais également à leur nouvel entourage. Ainsi T.H. « Vikku » VINAYAKRAM a-t-il cédé la place à son fils SELVAGANESH, dont on a déjà pu applaudir les prouesses au tambourin (kangeera) et à la cruche (gatham) en 1999 au Théâtre des Abbesses à Paris lors d’une rencontre violons / percussions initiée par Zakir HUSSAIN. Rien que d’une main, SELVAGANESH sait faire résonner de sa discrète percussion des sons graves inattendus.

L’autre tête neuve est celle du jeune prodige de la mandoline électrifiée, U.SRINIVAS. À douze ans, il était déjà la coqueluche de Madras et s’est rapidement taillé une réputation internationale. (Peter GABRIEL ne s’y est pas trompé en lui faisant enregistrer deux disques sur son label Real World.) Son jeu s’imprègne des techniques de glissando du violon carnatique et de la vîna, et l’électrification de sa mandoline lui a inspiré de nouvelles teintes ornementales. C’est en tout cas un complice à la hauteur pour John McLAUGHLIN. Il n’est que de plonger dans la composition qu’il a apporté à REMEMBER SHATI, Maya, pour s’en convaincre.

REMEMBER SHAKTI peut ainsi explorer les modes indiens avec une perspicacité et une liberté renouvelées. McLAUGHLIN va même jusqu’à proposer un thème funk (Finding The Way), qui sert de plate-forme à un pétillant jeu de questions/réponses. The Believer retrouve la virtuosité joviale du premier album de SHAKTI et y ajoute le souci d’équilibrer les phases de vélocité débordante avec les instants de contemplation régénérante. On remarquera aussi comme les couleurs de l’ « alap-blues » Lotus Feet ne cessent de refleurir à chaque réincarnation de SHAKTI.

Et puisque l’élégance gracile de REMEMBER SHAKTI se goûte aussi avec les yeux, l’édition limitée de The Believer comprend un CD-Rom avec une vidéo de trente minutes. Si avec ça vous n’atteignez pas la félicité spirituelle !

Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°7 – novembre 2000)

YouTube player

 

YouTube player

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.