THE NECKS
à La Marbrerie à Montreuil (93),
le 24 octobre 2019
À plusieurs reprises, le trio australien THE NECKS a eu les honneurs d’être programmé par la fameuse salle de Montreuil (93) Les Instants Chavirés. Mais succès de fréquentation oblige, ces derniers ont dû envisager cette année de programmer une nouvelle fois THE NECKS « hors les murs », soit à la Marbrerie, toujours à Montreuil, plus apte à faire face à l’affluence que ce groupe est désormais susceptible d’avoir. Et ils ne s’y sont pas trompés, la Marbrerie s’étant confortablement remplie pour ce concert de THE NECKS, qui a joué deux longues pièces de plus de trois quarts d’heure, entrecoupées par un entracte.
Car la durée est une composante essentielle de la musique du trio : c’est de préférence sur de longs formats qu’elle s’épanouit et qu’elle sculpte ses espaces en constante mutation, donnant à appréhender une autre conception du temps, comme un instant présent constamment répété, mais jamais identique, mué par une pulsation qui se déplace subrepticement, se décline avec force nuances et subtilités, sur des rythmiques organiques qui ont tôt fait d’entraîner l’auditeur dans un périple extatique.
Chris Abrahams au piano, Lloyd Swanton à la contrebasse et Tony Buck aux fûts et aux cymbales (et sur d’autres percussions sur le second set) s’y entendent à générer des climats sonores où vibrent les éléments naturels. Ils savent évoquer le clapotis de l’eau, les flux et reflux de la houle, le déferlement des vagues, les jets de flots sur les rochers, les écoulements des ruisseaux, les courants aquatiques, les brises venteuses, les bourrasques, les tornades, les spirales tempétueuses, les effritements de terrain, les secousses sismiques, les coulées de lave, le bouillonnement du magma, les embrasements du ciel et de la terre, le tout avec un sens aigu du contrôle. On croit savoir où va le mouvement de cette musique, mais c’est toujours ailleurs qu’elle nous emmène.
Imprévisibles et palpitantes, sépulcrales ou/et ascensionnelles, méditatives ou/et enflammées, les pièces improvisées de THE NECKS respirent d’une intensité infaillible qui reste aussi forte quand elles côtoient le silence que lorsqu’elles suscitent le fracas. C’est en tout cas une expérience toujours captivante, sur disque comme sur scène.
Texte : Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon
Site : http://thenecks.com/
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