VIOLONS BARBARES – Saulem Ai

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VIOLONS BARBARES – Saulem Ai
(World Village / Harmonia Mundi)

violons-barbares-saulem-aiVenant du tréfonds d’une gorge, un chant diphonique retentit, tourne en spirale et se fait sabrer par un violon des steppes. Au grand et fier galop, et avec une voix porteuse d’horizon, la tribu des VIOLONS BARBARES revient sur le devant des scènes du Grand Ouest, elle qui a écumé l’Est proche et lointain, de la Mongolie à la Bulgarie, et tout ce qui se trouve entre les deux.

Dimitar GOUGOV (le Bulgare), Dandarvaanchig ENKHJARGAL (le Mongol) et Fabien GUYOT (le Français) reprennent leur chevauchée là où ils l’avaient laissé en 2010, année de leur premier méfait discographique. On les imagine chevauchant dans un nuage de poussière, arborant des casaques cosaques… ou plutôt kazakhes, puisque Saulem Ai, le morceau éponyme d’ouverture à cet album, est à la base un thème traditionnel du Kazakhstan.

Le ton est donné derechef, et il est impossible de ne pas les reconnaître. Parfaitement rodés après de nombreuses dates de concert, résolument complices dans l’inspiration (GOUGOV et ENKHJARGAL se partagent les musiques et les textes, et avec GUYOT, les arrangements) et gonflés d’énergie comme des punks des steppes, les VIOLONS BARBARES, bardés d’une gadulka bulgare, d’une morin-khuur mongole, de percussions bariolées, de voix contrastées et de chœurs revigorants, font vibrer le sol de leurs capiteuses rythmiques chevalines, notamment dans le furibard Djore Dos, qui conte une singulière histoire d’amour pour une chaussette multicolore !

Mais parce que l’horizon est panoramique, il y a un temps pour cavaler et un temps pour trotter, voire pour se poser et contempler… Ainsi, les VIOLONS BARBARES nous font humer le vent des plateaux eurasiatiques (Wind in the Steppe), ou encore nous font gravir précautionneusement les murs d’une antique capitale (The Walls of Constantinople). Ailleurs, ils nous font chanter en roulis lors d’un mariage gitan (Gipsy Wedding), nous font aboyer au passage d’une épique Karawane afghane (et captée en live), sans oublier de faire valser les chameaux (Ah tiens ! On a changé de monture ?) à coups d’archets sinueux (Rockin Camel) ! Et parce que leur musique est inexorablement addictive et fait monter la température, on a vite fait de choper la fièvre… la Saturday Yurt Fever, bien sûr !

De la Bulgarie à la Mongolie en passant par l’Afghanistan, le Kazakhstan (plutôt deux fois qu’une) et d’autres territoires à peine répertoriés sur les cartes, le bol d’air est efficace, d’autant que le trio ne manque pas de souffle…. ou plutôt sait donner du souffle à ses cordes et à ses peaux. Les paysages défilent, bigarrés et mouvementés, et la combinaison violoneuse et percussive est imparable. Les VIOLONS BARBARES n’ont plus besoin, comme sur leur premier opus, de reprendre du HENDRIX pour électriser leur auditoire avec leurs instruments acoustiques. Ils sont cette « band of Gypsies » aux histoires et mélodies d’un autre âge, mais qui ne souffre d’aucun complexe par rapport aux autres musiques dites actuelles.

Saulem Ai est un nouveau manifeste d’ethno-rock « bio » qui n’aura aucun mal à allumer le feu dans les chaumières tellement il envoie du bois ! On vous l’assure, il y a des formations électriques qui ont nettement moins de vigueur et de sang que ces trois BARBARES acoustiques.

Site : https://violonsbarbares.com/

Stéphane Fougère

 

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