ALAMAAILMAN VASARAT & Tuomari NURMIO – Kinaporin Kalifaatti
(Pyramid)
Tiens, il donne quoi cet album d’ALAMAAILMAN VASARAT ? Voici une question qui a longtemps animé les débats au sein de la rédaction, et fort d’argumentations diverses que nous nous sommes échangés par mails interposés, la sentence est tombée depuis le camp adverse comme un aveu de défait après un coup de poker : « Pas mieux ! » Kinaporin Kalifaatti, risque en effet d’en surprendre plus d’un.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils nous avaient bien alléchés avec leur sauce klezmer dynamitée au métal, timidement sur leur premier effort, Vasaraasia, et très franchement sur le second, Käärmelautakunta, chaudement recommandé. Je vous le dis tout de suite : si c’est à nouveau ce genre d’effets que vous recherchez, vous pouvez cette fois-ci passer votre chemin sans que cela puisse vous poser le moindre cas de conscience.
Sauf que vous louperez peut-être une occasion unique de vous familiariser avec une musique plus classique d’inspiration plus simplement klezmer. Associés au chanteur Tuomari NURMIO avec qui ils partagent l’écriture, ALAMAAILMAN VASARAT revêt pour la première fois les habits d’un groupe à chansons, et à chansons uniquement, d’inspiration traditionnelle donc, là où jusqu’à présent ils s’étaient illustrés par une folie instrumentale débridée.
Je vous rassure tout de suite, le groupe n’a pas perdu de sa superbe ; cuivres et violon rugissent toujours avec la même ferveur (Arabian Kuu) et portent véritablement sur leurs frêles épaules tout le côté sulfureux de cette musique.
Si le rythme est parfois plus enlevé, limite punk sans pour autant recourir à l’appel obligé des guitares (Kuvernöörin Tytär), cela reste toujours très sage. Vu le côté parfois déjanté des arrangements (percussions, accordéon) et la voix rocailleuse de Tuomari NURMIO, un parallèle pourrait être érigé avec le Tom WAITS de l’après Swordfishtrombones, ou plus logiquement avec les Norvégiens du KAIZERS ORCHESTRA.
Peut-être le timide succès international de ces derniers a-t-il motivé ALAMAAILMAN VASARAT à leur emboîter le pas ? Nous verrons plus tard. Pour l’heure, au CD d’origine de cette première édition est adjoint un DVD incluant cinq titres en concert qui ne sont pas présents sur le disque studio. Intéressant, mais là encore, dommage qu’on n’ait pas droit à des images du souk que ALAMAAILMAN VASARAT pouvait foutre sur scène autrefois. Quelque chose que, je pense, on aurait aimé tous voir…
Suite, donc, au prochain épisode.
Domenico Solazzo
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°18 – août 2005)