Albert KUVEZIN and YAT-KHA – Re-Covers

166 vues
Albert KUVEZIN and YAT-KHA – Re-Covers
(Yat-Kha Records)

Re-Covers est un album qu’Albert KUVEZIN, leader du groupe YAT-KHA, avait à cœur de réaliser en hommage aux artistes qui l’ont le plus influencé. Et on constatera à l’écoute de ce disque que la République de Touva, en Sibérie, a connu presque aussi bien que nous en Europe les « légendes du rock ». Il est entouré par seulement deux musiciens, Evgeniy TKACHEV et SCIPIO.

Là où cet album, constitué uniquement de reprises, étonne, c’est que les arrangements sont tout à fait inhabituels pour ce genre de production : chant de gorge, voix gutturale et instruments en majorité acoustiques issus de la tradition touvaine, sans oublier la guitare électrique, offrent une vie nouvelle et inattendue aux morceaux.

When the Levee Breaks de LED ZEPPELIN ouvre l’album avec une intro au yat-kha (sorte de koto sibérien), la voix gutturale d’Albert KUVEZIN est accompagnée par les cordes acoustiques, ponctuées par la guimbarde et le tambour chamanique, rejoints par une guitare blues.

YouTube player

Man Machine de KRAFTWERK est traité comme un morceau traditionnel de Touva avec une rythmique rappelant le galop du cheval et un savant canevas de voix, de dialogue entre guitare électrique et yat-kha.

Et on va de surprise en surprise, avec un morceau de country-music, Ramblin’ Man de Hank WILLIAMS, ralenti et alourdi par le chant guttural et le tambour chamanique. Le chant de gorge introduit In a Gadda Da Vida de IRON BUTTERFLY, où le travail des cordes donne un touche asiatique lorgnant du côté de la Chine.

La voix vibre sur Love Will Tear us Apart de JOY DIVISION, accompagnée simplement à la guitare acoustique.

YouTube player

La guitare blues revient pour l’étrange Her Eyes are a Blue Million Miles de CAPTAIN BEEFHEART, ponctué de chœurs, crécelles et tambours.

Vient ensuite une chanson sarcastique du poète et chanteur russe Vladimir VYSOTSKIY, A Song About a Giraffe, suivie d’une version étonnante du Orgasmatron de MOTORHEAD, là encore inspirée du typique galop de cheval joué en acoustique, si légère qu’on a l’impression qu’elle va s’envoler.

Albert KUVEZIN continue a capella avec un morceau irlandais, The Wild Mountain Thyme de Francis McPEAKE, nous rappelant qu’il a également joué avec les CHIEFTAINS, avant un instrumental à la guitare classique accompagnée du tambour pour interpréter un morceau habituellement joué en orchestre, Toccata du chef d’orchestre français Paul MAURIAT.

La version de Black Magic Woman de SANTANA est hypnotique et chamanique à souhaits avec son duel de cordes acoustiques et électriques.

YouTube player

Puis la batterie chamanique et les cordes orchestrées et les riffs de guitare électrique, accélérés sur le final, donnent un ton particulier au reggae Exodus de Bob MARLEY.

Play with Fire des ROLLING STONES a été choisi pour son riff de guitare, ici joué en acoustique. Comme final, Albert KUVEZIN a choisi une chanson du compositeur symphonique touvain Alexei Baktaevitch TCHYRGAL.

Les morceaux choisis ont beau représenter des styles très diversifiés de la musique occidentale, l’ensemble est traité comme un album de folk sibérien tout en conservant l’identité de chaque pièce. On constate cependant qu’il manque un morceau de Jimi HENDRIX, l’une des références d’Albert KUVEZIN également, mais YAT-KHA interprète parfois quelques-uns de ses morceaux sur scène.

À la fois « revival » (puisque l’on connaît la plupart des morceaux), surprenant et novateur, mais jamais nostalgique, Re-Covers est un excellent hommage à des artistes légendaires et une réussite en tous points sur le plan des arrangements.

Sylvie Hamon

PS : Après Re-Covers, YAT-KHA a sorti un CD Live in Europe 2005, présenté dans une pochette cartonnée. Uniquement vendu sur son site, ce disque a été enregistré lors des récents concerts à Londres et en France. Il est constitué de vibrantes versions live de morceaux du précédent album, Tuva.Rock, et donc de versions plus rock de quelques « re-covers ». Un must !

Site : www.yat-kha.ru

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°18 – janvier 2006)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.