Albert MARCŒUR et Éric THOMAS « BERT BEGAR » au Triton, Les Lilas (93), octobre 2019

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Albert MARCŒUR et Éric THOMAS

« BERT BEGAR »

au Triton, Les Lilas (93),

le 26 octobre 2019

 

BERT BEGAR, c’est une cellule duelle composée d’Albert MARCŒUR et d’Éric THOMAS, l’un assis, l’autre debout, une voix et une guitare, des effets de voix et des effets de guitare, des textes et de la musique, méticuleusement et savamment agencés, pour un fonctionnement pas si dichotomique que ça, puisque le guitariste assurait aussi parfois des vocaux additionnels et donnait la réplique à l’Albert, lequel, outre ses mimiques et expressions faciales faussement contrariées, ajoutait à la matière musicale des effets rythmiques et percussifs avec tout un assortiment d’objets, ses gants et sa précieuse table.

Le répertoire était entièrement inédit. Les jongleries verbales de MARCŒUR puisent comme toujours dans les dialogues, discussions, récits, formulations, formules officielles, « novlangue », annonces ou effets d’annonces qui émaillent notre quotidien, et dont l’agencement déclenche souvent le sourire et le rire, mais qui révèle en creux la singularité, l’absurdité, la dureté, la détresse, voire la sombre violence de notre monde contemporain.

On peut même dire que, sur ce projet, l’Albert a « poivré » ses textes et les a enduits d’une couche de désabusement, voire de pessimisme cauteleux, signe des temps sans doute ! Les histoires qu’il narrait puisaient dans différents sujets sociétaux à l’actualité criante, tels que le chômage, la retraite, la solitude, l’homoparentalité et son corollaire l’homophobie, les difficultés relationnelles induites par les réseaux sociaux, etc. Si ses textes ont toujours cette faculté à déclencher le rictus, celui-ci avait parfois tendance à se figer dans la crispation. Malgré tout, cette inclinaison sombre n’a pas définitivement entamé la tendresse et l’humanisme marcœuriens.

Ancien complice de l’Albert du temps de L’Apostrophe et des Travaux pratiques,  Éric THOMAS a habillé les histoires marcœuriennes avec sa seule guitare préparée (avec objets en plastique ou en métal) et ses multiples pédales d’effets, générant une gamme impressionnante et éloquente de textures expérimentales mais pas insondables.

Ce fut une fort belle et fort solide combinaison artistique qui ne demande qu’à se perfectionner dans de menus détails, et qu’on prendra de toute façon plaisir à réécouter et à revoir ici et ailleurs. Longue vie a BERT BEGAR !

Texte : Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon

Diaporama photos :

 

 

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