Albert MARCŒUR & QUATUOR BÉLA, Festival Sons d’Hiver à Choisy le Roi, janvier 2020

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Albert MARCŒUR & QUATUOR BÉLA

au Théâtre Paul-Éluard de Choisy-le-Roi (94),

Festival Sons d’Hiver

le 23 janvier 2020

Évidemment, ce n’est pas comme si on découvrait un spectacle totalement et parfaitement inédit. Depuis au moins sept ou huit ans que tourne le spectacle Si oui, oui. Sinon, non du QUATUOR BÉLA avec Albert MARCŒUR, que peut-on dire que l’on n’ait pas déjà dit, quand on l’a déjà vu plusieurs fois ? Avec un répertoire scrupuleusement défini, une mise en scène inamovible, Si oui, oui. Sinon, non peut à force donner l’impression de faire du sur-place, mais on ne peut dénier le fait qu’il a atteint un tel degré de perfection que vouloir y modifier le plus infime détail risquerait de fragiliser son impact.

Car rendez-vous compte qu’après tout ce temps il reste encore des publics à conquérir et qui ignorent encore tout du phénomène ! Celui du festival Sons d’hiver, et de la salle Paul-Éluard de Choisy-le-Roi, était de ceux-là. Et à chaque fois on se demande : est-ce que ça va passer, ou est-ce que ça va casser ? Parce que, quand même, se coltiner un quatuor de chambre avec un chanteur/conteur, ça nécessite de la concentration et du sérieux !

Une fois encore, le public a mis du temps à saisir si c’était du lard ou du cochon, à se décider à sourire, et encore plus à rire, devant les grimaces pince-sans-rire de l’Albert, ses bons mots crus ou couverts, son album-photos, sa tapette à mouches, ses gants en guise de percussions, ses jongleries sémantiques, ses histoires de « ceux qui ne sont rien » (la perte progressive des forces vives de la fanfare des Laumes, les deux vieux en proie au syndrome d’Alzheimer, les états d’âme parisiens d’un poète péruvien…) et ses angoissantes interrogations existentielles sur les produits d’entretien, l’école publique dont il ne faudrait « pas se priver » et l’envahissement des valises à roulettes, le dépouillement faussement austère et la tristesse subrepticement taquine des cordes du quatuor, les bâillements des musiciens en plein moment de recueillement sonore, leurs « roulements » de valises, leurs coups de chiffon sur leurs instruments qui doivent, forcément, briller…

Mais ça finit peu ou prou par faire mouche, justement à cause des Mouches, ou de l’Éclipse, ou du Stock de statistiques, ou de n’importe quel autre « tube » du quatuor et de son singulier conteur. Oui, on a encore le droit de sourire (même jaune) à l’écoute des mots et des notes de Si oui, oui. Sinon non, et tant pis si, par les temps qui courent, cela risque de passer pour un acte de désobéissance civile…

Texte : Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon

Diaporama photos :

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