Armelle LC – L@ Dérive (the drift)
(Autoproduction)
Y a-t-il encore dans la salle des amateurs de musique enregistrée sur support numérique ? Si oui, alors je vous conseille vivement de vous attarder sur ce CD, qui est, dans son aspect extérieur comme dans son contenu intérieur, une petite pépite de création artistique, qui plus est entièrement autoproduite par son auteure, une certaine Armelle LC, compositrice, interprète et harpiste d’origine bretonne. C’est elle qui a écrit les textes et les musiques contenues dans ce disque et qui en a géré la direction artistique. Ce disque relève donc du « D.I.Y. » intégral, et le moins que l’on puisse dire est qu’Armelle LC a pris le temps pour élaborer son œuvre dans tous ses aspects puisqu’elle y a travaillé pendant pas moins d’une décennie entière ! En effet, avant cet album, Armelle LC n’avait réalisé qu’un EP, Ups and Downs, paru en… 2011 ! Cet EP avait été présenté à l’époque comme un avant-goût d’un album-concept à venir, soit celui qui nous occupe ici, titré L@ Dérive (the drift).
Chanteuse et harpiste, Armelle LC livre dans ce disque douze chansons de son cru sur le thème de l’Amour, de ses éclats et de ses souffrances, qui prend bien vite des allures de quête intérieure et d’ouverture au(x) monde(s). C’est un sujet à la fois intime et universel, et les textes relèvent d’une poétique riche en références symboliques et mythiques issues de la culture celtique, mais aussi au-delà, allant jusqu’à convoquer les spiritualités extrême-orientales.
Les paroles de ces chansons sont écrites soit en français, soit en anglais. Ce choix d’une double langue est logique quand on sait qu’Armelle a vécu en Bretagne, mais aussi en Angleterre, en Irlande et aux États-Unis. Son tempérament voyageur se retrouve aussi dans les ambiances musicales qu’Armelle a confectionnées pour chacune de ses chansons et pour les séquences entre les chansons (les « transitions », comme elle les appelle). Elle joue sur diverses harpes acoustiques ou électriquement modifiées de manière à varier les timbres, mais use aussi de claviers et de synthétiseurs, de programmations et étale un bel et riche assortiment de percussions : bendir, tambourin, bâton de pluie indonésien, kikongi (de la famille des « Steel Tongue Drum ») et cloches tubulaires.
De plus, Armelle LC s’est entourée d’une équipe musicale comprenant plusieurs ingénieurs du son et de nombreux musiciens. En dix ans, on en fait des rencontres, et ce disque est la somme des rencontres tant humaines que musicales de notre harpiste et chanteuse : sa passion pour les musiques folk, pop et rock trouve ici son point d’aboutissement, tant chaque chanson a été ciselée au millimètre, faisant intervenir en fonction des climats et des ambiances souhaitées de nombreux instruments : une guitare électrique, une guitare classique, un piano, un violoncelle, un oud, un whistle, un didgeridoo, une guitare basse, une batterie, des flûtes, des saxophones alto et ténor, d’autres claviers et d’autres percussions, notamment des bols tibétains, un timpani nigérien, un tamtam chinois, etc.
Ajoutez à cela une grande présence de voix chorales, qui sont en grande partie le fait d’Armelle LC, dont l’organe vocal se déploie volontiers en volutes polyphoniques. Mais, outre ses harpes, c’est son chant proprement dit qui domine les paysages : limpide et angélique, il s’épanche en moult états émotionnels, déclinant la langue même de la « dérive », avec son lot de modulations, de tangages, de chavirements, de volutes, de spirales… Ainsi l’univers musical et vocal d’Armelle LC navigue-t-il pas loin des rivages de Cécile CORBEL, de Kate BUSH ou encore de Loreena McKENNITT, ce qui n’est pas exactement rien…
Loin d’aboutir à un opus pesant, compassé et boursouflé, cet ample assortiment de couleurs vocales et instrumentales font de la L@ Dérive un disque éminemment personnel, à la fois intimiste et multi-directionnel, mais qui suit un cap artistique et thématique clair et cohérent en dépit des nombreuses années passées sur sa réalisation. En bref, et au risque d’être paradoxal, Armelle ne s’est pas perdue en route pour confectionner L@ Dérive !
Du reste, la richesse de son contenu est reflétée par la beauté de son contenant : cet album se présente en effet sous forme d’un digipack comprenant un CD et non pas un, mais deux livrets ! L’un d’eux contient les paroles des chansons et les crédits, l’autre contient des poèmes qui offrent un éclairage oblique sur la thématique de l’album. Chaque livret est de plus décoré de peintures et de dessins figuratifs ou abstraits qui sont l’œuvre de Claudine LE CORRE, laquelle a également réalisé la somptueuse illustration pastel de la pochette. L’intérieur du digipack comprend de plus une peinture éminemment immersive de Chantal MICHOT.
Bref, L@ Dérive (the drift) donne autant à regarder qu’à écouter ; c’est une œuvre totale qui donne la pleine mesure du talent de son auteure. Armelle LC puise son inspiration dans ce qu’elle a au fond d’elle-même, et son art est de ceux qui s’adressent au cœur tout en remuant l’âme. Vous aimez les histoires profondes, les horizons sonores plantureux et les écrins richement garnis ? Rejoignez donc Armelle LC dans sa Dérive, et laissez-vous porter par des flots d’émotions aux mille couleurs…
Druidix
Site : https://www.armellelc.com/