DESERT REBEL – Desert Rebel (Original Dub Master) //
DESERT REBEL – Ishumars, les rockers oubliés du désert (CD + DVD)
(Culture & Résistance / Original Dub Master)
Avec des groupes comme TARTIT, TOUMAST et bien sûr TINARIWEN, la musique touarègue est enfin entendue sur les scènes du monde entier et c’est tant mieux ! Abdallah OUMBADOUGOU, surnommé « le bluesman le plus célèbre du désert », est né vers 1962. Il achète sa première guitare à l’âge de 16 ans, apprend l’instrument en autodidacte et compose ses premières chansons inspirées de mélodies ancestrales. Dans les années soixante-dix, il vit l’exil en Algérie puis, en 1984, victime comme tant d’autres de la sécheresse, de la famine et de la répression croissante des gouvernements de l’époque, il s’expatrie en Lybie. Entre 1991 et 1994, ses compositions interdites par les autorités nigériennes se répandent à travers tous les campements de réfugiés de la région. Le musicien n’hésitera pas à franchir secrètement la frontière pour rejoindre la guérilla opposée aux troupes régulières. Les accords de paix d’avril 1995 permettent son retour d’exil. Depuis, il a fondé l’association Takrist N’Tada (Sauvegarde du patrimoine culturel traditionnel) destinée à promouvoir la culture de son peuple et de son pays.
Initié par Farid MERABET, l’impresario des BERURIER NOIR et le réalisateur François BERGERON, le projet DESERT REBEL est né à la suite d’un voyage au Mali et d’une rencontre avec Abdallah OUMBADOUGOU et son groupe touareg du Niger TAKRIST NAKAL (Construire le pays), fondé en 1987. Très rapidement, des liens musicaux et humains se nouent et l’idée d’un projet culturel solidaire s’élabore sur le modèle du commerce équitable.
En mars 2005, les deux Français accompagnés de GUIZMO (TRYO), rencontré auparavant au Festival d’été de Québec, d’Amazigh KATEB (GNAWA DIFFUSION) et du guitariste Daniel JAMET (LA MANO NEGRA, MANO SOLO) se rendent dans le nord du Niger pour reprendre contact avec le bluesman touarègue et ses musiciens. Deux mois plus tard, les membres de ce nouveau collectif, rejoints par la Camerounaise Sally NYOLO, IMHOTEP du groupe IAM, Junior CONY et SPORTES, se retrouvent en Bretagne pour peaufiner et enregistrer les chansons nées quelques semaines auparavant sur les dunes de sable du désert de l’Aïr.
Les onze titres de l’album ont été pour la plupart du temps composés par Abdallah OUMBADOUGOU, avec parfois la collaboration de Sally NIOLO, d’Amazigh KATEB ou de GUIZMO. Le bluesman touareg parle d’amour et d’amitié, de la difficulté de devenir un homme mais aussi des problèmes d’eau et bien sûr de la question touarègue.
C’est un disque rythmé par le souffle du vent, entre nostalgie et révolte, dont une partie des revenus profiteront à des projets de développement locaux du Niger (écoles de musique, studio, image et son, sites internet…).
Premier volet d’une série de documentaires sur « les cultures en résistance à travers le monde », le film de François BERGERON, Ishumars, les rockers oubliés du désert, est à l’origine du projet. Doublé ici de 36 minutes de bonus live et d’un CD d’inédits, il est le complément indispensable au disque. Le film narre toute l’aventure de DESERT REBEL, par touches successives, sans a priori, ni préjugé, depuis la rencontre au Niger avec Abdallah OUMBADOUGOU jusqu’aux sessions de studio en Bretagne, en passant par les rencontres musicales improvisées autour d’un campement, sans oublier des extraits de concerts sur les grandes scènes d’Europe et d’Amérique.
Entouré de ses proches, musiciens et compagnons d’armes, le musicien se raconte, évoque l’histoire de son peuple et les péripéties liées à son destin peu ordinaire. La caméra, toujours discrète, saisit ces moments de vie quotidienne. Le film permet ainsi d’approfondir les réalités de la question touarègue, du combat d’un peuple à la recherche de sa dignité. Passionnant.
Frantz-Minh Raimbourg
(Chroniques originales publiées dans ETHNOTEMPOS n°36 – automne 2007)
Merci pour cet article
J’ajouterais TIWIZA et TAMIKREST
A+JYT