Djuena TIKUNA
Festival Villes des Musiques du Monde
aux Trois Baudets à Paris
le 9 novembre 2019
Ayant pris pour thème « Nos Amériques », l’édition 2019 du festival Villes des Musiques du Monde ne pouvait pas faire l’impasse sur les artistes amérindiens autochtones du continent sud-américain. C’est ainsi Djuena TIKUNA qui a été choisie pour faire résonner la voix du peuple tikuna, qui vit aux frontières du Brésil, du Pérou et de la Colombie, soit dans la région dite des « trois frontières » en Amazonie. Le peuple tikuna est du reste le groupe indigène le plus important du Brésil.
Compte tenu de la triste et effroyable actualité regardant la région amazonienne au cours de l’été 2019, la présence de Djuena TIKUNA au festival Villes des Musiques du Monde n’en avait que plus d’impact, d’autant qu’elle fut en 2017 la première femme indigène à monter sur les planches du Teatro Amazonas (àManaus, au Brésil), reconnu comme le bastion de la culture européenne au cœur de la plus grande forêt tropicale du monde.
Le concert de Djuena TIKUNA ce 9 novembre à Paris avait été précédé dans l’après-midi de la projection du documentaire Les Rivières volantes, réalisé par Aurélien Francisco Barros, et d’un débat sur le thème Amazonie : les artistes prennent la parole, au cour duquel la maison de disques Accords Croisés a présenté le troisième volume de sa série Le Chant des fleuves, paru le 25 octobre 2019, un double CD compilation au format « longbox » consacré à l’Amazone, le fleuve le plus puissant de la planète, et qui fait donc entendre la musique née en Amazonie. Djuena TIKUNA figure bien évidemment dans cette compilation, et ce concert parisien aux Trois Baudets lui a offert l’occasion de faire entendre ses « chants de résistance » qui appellent à renouer avec la sagesse des premiers Américains.
Car pour les Tikunas comme pour tous les autres peuples autochtones, le chant ne peut être que « résistant ». C’est une force qui leur permet de se connecter avec leurs ancêtres et de continuer à se battre contre l’oppresseur afin de rester tels qu’ils sont et de défendre leur environnement. Considérée comme un rituel de partage entre les peuples, le chant et la musique doivent être un message de paix et d’espoir pour un monde meilleur.
De sa voix flûtée, Djuena TIKUNA a interprété, dans sa langue natale tikuna, plusieurs complaintes à l’esprit militant, évoquant l’environnement et la démarcation des terres, entre autres sujets chers à sa communauté. Elle était accompagnée d’un percussionniste aux mille trouvailles et, occasionnellement, d’un flûtiste ; leur contribution musicale donnait une image à la fois très enracinée et très imaginative de l’espace amazonien. En fond de scène étaient projetées des photos de la vie quotidienne des Tikunas en Amazonie. À plusieurs reprises, le public a été sollicité pour prendre part aux chants (et même aux danses), ce qu’il a fait avec enthousiasme et conviction.
Djuena TIKUNA est l’auteure d’un livre-disque, Wiyaegü, présenté comme un hommage à la connaissance et à la musique de ses ancêtres. Richement illustré, on y trouve quantité d’informations sur le mode de vie de sTikunas, leur rites et leurs chants, lesquels sont consignés sur le CD qui accompagne ce livre.
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/@DjuenaTikuna-canal
Texte : Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon
Site : https://www.youtube.com/@DjuenaTikuna-canal
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