ELISAPIE aux Trois Baudets à Paris, novembre 2019

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ELISAPIE

Festival Villes des Musiques du Monde

aux Trois Baudets à Paris

le 9 novembre 2019

Programmée dans le festival Villes des Musiques du Monde à la même affiche que l’Amazonienne Djuena TIKUNA, ELISAPIE – alias Elisapie ISAAC – représentait une autre culture autochtone, située cette fois dans le continent nord-américain, en l’occurrence la culture des Inuits, puisque cette chanteuse, auteure-compositrice-interprète et journaliste est né à Salluit, dans le Nunavik québécois.

Mais si les chansons d’ELISAPIE sont en partie interprétée en langue inuktitut et si son répertoire contient des reprises de titres autochtones, son univers musical, comme l’ont découvert ceux qui l’ont vu lors de sa tournée bretonne à l’été 2019, est également et amplement nourri du folk « dylanien » ou « neil-youngien » des années 1970, par essence contestataire et révolutionnaire.

C’est cet esprit folk qui se manifeste dans son troisième album solo en date, The Ballad of a Runaway Girl, sur lequel s’appuie son répertoire scénique actuel. L’album, un rien autobiographique, évoque le parcours d’une femme inuk expatriée de plus de 40 ans qui rentre chez elle, à la recherche de ses racines. 

De compositions en reprises, interprétées en inuktitut, en anglais et en français, ELISAPIE chante des histoires intimes, lovées dans les grands espaces du nord canadien, des sentiments profonds et des émotions subtiles, de sa voix suave, ondulante et quasi-murmurante, évitant l’image trop évidente de l' »indigène en colère ». Cela ne l’empêche pas de monter au créneau de la révolte sur la chanson Arnaq (Femme), titre porteur de son disque.

Appuyée par les musiciens principaux avec lesquels elle a conçu son dernier album, autrement dit par une formation jonglant avec maestria entre blues, rock, folk et quelques touches expérimentales (le saisissant Darkness Bring the Light), ELISAPIE a entraîné le public des Trois Baudets dans son monde chargé de petites et de grandes histoires, qu’elle a pris le temps d’expliquer en bon français entre chaque morceau.

Loin de jouer les pétaradantes vedettes de stade aux mots d’ordre pré-fabriqués, ELISAPIE, loquace et décontractée – en dépit d’une tournée exhaustive qui arrivait à ici son terme – a su installer un climat convivial et chaleureux entre elle et le public, créant comme une ambiance de café-comptoir qui a permis de mieux sentir et saisir la vibration spécifique à l’œuvre dans son monde musical.  

Texte : Stéphane Fougère
Photos : Sylvie Hamon

  • ELISAPIE – The Ballad of the Runaway Girl (2018, Yotanka Productions)

Site : https://www.elisapie.com/

Diaporama photos :

 

 

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