Dwiki DHARMAWAN – Hari Ketiga
(Moonjune Records)
Parlons d’abord de l’exploit, car c’est déjà une performance en soi : enregistrer 4 heures d’improvisations d’un niveau archi-exceptionnel en moins de 7 heures. On imagine la densité de la session de studio que ça a dû être sur une seule et unique journée. Mais si nous devons parler de la performance, nous devons tout autant parler des athlètes, pour les nommer ainsi : Boris SAVOLDELLI au chant, Markus REUTER à la « Touch Guitar », Asaf SIRKIS à la batterie, et pour mener tout ce petit monde Dwiki DHARMAWAN aux claviers. Autrement dit, ce qui se fait de mieux dans le genre.
Et il fallait en effet ce niveau stratosphérique là pour que Leonardo PAVKOVIC, directeur du label Moonjune accepte de se lancer dans la production d’un double album aussi risqué à mettre en boîte et, surtout, aussi hors-piste dans son genre. Voyons la chose comme une sorte d’opéra en 9 actes, mais explorant tous les styles possibles, du jazz à la ballade, du rock à l’expérimental, ou encore du classique pastoral à des styles non encore répertoriés de musiques ethniques.
C’est assez dire que se plonger dans cet Hari Ketiga est une expérience musicale étourdissante, une odyssée harmonique où on passe d’un bord à un autre sans préavis. Oui, mais qu’on se rassure, tout cela est aussi fou que follement maîtrisé. Ce qui donne au bout un incroyable chef-d’œuvre.
Sachez, pour la petite histoire, que le 17 mai 2017 où fut enregistré Hari Ketiga était aussi celui du jour de l’anniversaire de Leonardo PAVKOVIC. Est-ce la raison pour laquelle tous les musiciens se sont particulièrement surpassé ce jour-là ? Pourtant ils auraient dû être paralysés par l’enjeu : la plus grosse production du label Moonjune à ce jour. Tout ça sur un coup de dés, une série d’improvisations d’une allure démentielle.
Mais ce qui a dû jouer aussi, c’est le thème : la Terre, sa beauté, sa fragilité, son caractère si unique, l’espace infini tout autour. Nul doute que cela a dû fortement inspirer les musiciens avant qu’ils ne prennent leur instrument en mains et qu’ils ne se lancent à la conquête de l’inconnu, de l’impossible. À l’écoute du résultat – monumental ! – certains parlent d’un Space Oddity de David BOWIE revu et corrigé par KING CRIMSON. D’autres évoquent un opéra selon SUN RA.
Enfin voilà, difficile de tout dire de ce double album, il faut s’y plonger pour un peu qu’on aime l’aventure en matière de musique et qu’on apprécie l’exploit. Oui, Hari Ketiga est un océan harmonique et sonique, un univers musical en soi, mais quel sommet ! N’hésitez pas, c’est juste époustouflant et joué par des musiciens d’un niveau ô combien admirable !
Frédéric Gerchambeau
Page : https://dwikidharmawan-moonjune.bandcamp.com/album/hari-ketiga