SAMARABALOUF – NoNo Future

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SAMARABALOUF – NoNo Future
(Artdisto)

Ces temps-ci, tout porterait à se laisser happer par la sinistrose, même si le printemps pointe son nez… hélas, masqué.

Heureusement, il existe encore de joyeux lurons : le monde du spectacle en compte beaucoup pour nous lustrer les plumes et non nous enduire du goudron de la déprime. C’est dire que nous ne trichons pas à l’écoute de NoNo Future : notre face arbore un laaarge sourire et dans « sourire », il y a « rire », pas enregistré, bien réel, je vous l’assure.

Le septième album du groupe SAMARABALOUF (à tes souhaits, pas dans le masque, merci) s’écoute comme on découvre un album de musique tzigane : très vite, on pousse les tables, les chaises, et on improvise des danses improbables, surtout après quelques verres réconfortants (hips, hips, hips… hourrah !)

En effet, même si deux des trois membres de ce groupe portent des noms à consonance française, les lecteurs de RYTHMES CROISÉS savent, eux, que la musique est un continent (peut-être le sixième ?) où les nationalités laissent place aux cultures, les passeports aux instruments et où les écarts entre les ressortissants fondent au feu de l’alchimie universelle ; oui, la musique adoucit les mœurs et dissipe les peurs.

C’est ainsi que Phyllipa SCAMMELL (contrebasse, violoncelle, chant) et Léo MATHIEU (violon, chant, compositions) assument pleinement le métissage de cette musique à tendance manouche, écrite, les trois chansons comme les dix instrumentaux, par François PETIT (guitare, chant), le fondateur du groupe en l’an 2000. Lorsqu’on ignore la teneur de son propos, ce trio au nom énigmatique et cocasse suscite la curiosité. Si l’on nous révèle que SAMARABALOUF est un mot-valise, nous voilà au seuil d’une devinette quelque peu complexe. On reconnaît bien dans « ouf » le verlan de « fou ». Et l’on se dit que des musiciens qui s’auto-invectivent ainsi ne doivent pas mettre leur grain au frigidaire mais plutôt en terre, dans un pot, quotidiennement arrosée, pour obtenir une belle plante de folie douce…

Un vers de Ma Vie ne dit-il pas qu’on la souhaite (la nuit, donc la vie) « Aussi folle qu’une bouteille à la mer » ! Pari ouvert. SAMARABALOUF contient également « bal », lieu et temps dédié à la danse, mais ici, déjantée ; enfin, nous n’identifions « Samara » qu’en dernier lieu. Ce nom propre est en effet celui qui désignait la Somme, à l’époque antique et situe donc l’entité formée par nos trois compères au nord de la France. Le bal en question, l’on s’en doute, a donc pour but de colorer les notes de fantaisie, de gaîté, de poésie et d’humour.

A propos d’humour, le titre de l’album, NoNo Future, en est un exemple, parodie du slogan « No Future », triste et colérique des punks : le ton est donné. Car l’esprit des trois chansons est plus proche de celui de Boby LAPOINTE et de Francis BLANCHE que de la romance, ou pire, de la tragédie. La Cuisine, par exemple semble une métaphore de l’amour physique que ne pratiquerait pas assez, voire pas du tout, la fameuse cousine à qui l’auteur s’adresse ; en tout cas, au premier degré subsiste une morale hédoniste (a contrario des diktats actuels) : « Ce serait bon pour votre petite mine et pour les gens ». Comme on le dirait chez Jean YANNE : « Ma cousine, fumez des carottes, ça rend aimable ! »

Les instrumentaux pétillants (joués avec brio), les vers simples mais toniques, habités par l’amour de la vie, sont le fil de cet album. Celui-ci tisse une trame où les pièces se singularisent l’une l’autre, pourtant cousues ensemble ; autrement dit, le camaïeu NoNo Future conserve son unité – excluant le bric-à-bac -, et son rythme, véritable pulsation qui maintient les ouïes dressées, en éloignant de l’ennui et de la résignation (oreilles tombantes, à la Droopy, cf Tex AVERY).

Ce rythme, cette unité, sont aussi dus à l’enregistrement réalisé par Luis MAZZONI et au mixage par Laurent LEPAGNEAU. Si l’on ajoute à la maestria de ces deux techniciens toute l’équipe des graphistes, ayant joué ostensiblement de la dérision pour cette œuvre sonore, on obtient un ensemble de talents ayant servi au mieux la virevoltante musique de SAMARABALOUF.

On espère à nouveau, sur scène, très bientôt, ces décoiffeurs agréés, comme tous les artistes (français et étrangers) qui nous offrent, grâce à la création, des voyages vers un monde familier mais surprenant, ou vers l’inconnu et souvent le rêve éveillé.

Mescalito

Site : https://www.samarabalouf.fr

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