EMBRYO : Die Nächste Generation

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EMBRYO

Die Nächste Generation

Si le groupe munichois EMBRYO peut à bon droit être considéré aujourd’hui comme une figure de proue d’une certaine musique psychédélique progressive multiculturelle, ce n’est certes pas parce qu’il est resté figé dans une configuration rigide. Au contraire, EMBRYO, fondé au départ en 1969 par deux aventuriers nourris au jazz, Christian BURCHARD et Edgar HOFMANN, a été durant toute son existence un moulin aux ailes constamment déployées, apte à saisir les souffles et les ondulations d’autres cultures (nord-africaine, moyen-orientale, indienne, extrême-orientale…).

Que ce soit pendant toute une décennie, ou simplement le temps d’une tournée, d’un disque voire d’un concert, plusieurs centaines de musiciens, renommées internationales du jazz (Mal WALDRON, Charlie MARIANO, Trilok GURTU, No-NECK BLUES BAND, Chuck HENDERSON…), figures marquantes de la scène krautrock allemande (Roman BUNKA, Chris KARRER, Dieter SERFAS, Lothar STAHL, Michael WEHMEYER, Jens POLLHEIDE, Lothar MEID…) ou génies méconnus des musiques extra-européennes (KARNATAKA COLLEGE OF PERCUSSION, YORUBA DUN DUN ORCHESTRA, Jurji PARFENOV, Xhizi NIE, Ramesh SHOTHAM, Shobha GURTU…) sont ainsi passés dans EMBRYO, à moins que ce soit EMBRYO qui soit passé par chez eux, faisant montre d’un sens toujours plus aigu du partage et de l’échange. Certains n’ont fait que passer, d’autres sont entrés, sortis, revenus, repartis, d’autres encore ont fait dissidence (et ont formé le groupe DISSIDENTEN !) tout en restant au fond attachés aux préceptes musicaux et humanistes prodigués par la « caravane vagabonde » de Christian BURCHARD.

EMBRYO n’a pas été le groupe d’une musique, d’un son, d’une démarche, d’une attitude ; il en a cultivé plusieurs, et c’est à cela que, paradoxalement, on le reconnaît, et qu’il tient une place unique et originale dans la « classic german rock scene »… scène qu’il a largement dépassée depuis ses premières années, durant lesquelles il a été assimilé au krautrock, en cultivant plus avant ses racines jazz et ses appétences world. De toute façon, il serait vain de vouloir coller une étiquette stylistique standard sur EMBRYO !

En janvier 2018, EMBRYO perdait son pilier fondateur, Christian BURCHARD, des suites d’un AVC contracté en 2016. Aujourd’hui, le groupe tourne toujours, fidèle à sa philosophie d’origine, mené cette fois par Marja BURCHARD, la fille de Christian, à qui ce dernier a transmis le goût du voyage tant géographique que musical, de la création spontanée et lui a permis de s’aguerrir sur bon nombre d’instruments de différentes cultures (vibraphone, orgue, Rhodes, trombone, accordéon, santour…).

Forte d’une éducation musicale qui lui a surtout appris à cultiver la liberté en musique, à se frotter à des pratiques instrumentales extra-européennes, Marja BURCHARD poursuit cette route sinueuse et mouvementée, fruit d’une fusion singulière et unique de psychédélisme krautrockien, de jazz affranchi et d’ethnicités rythmiques et mélodiques que son père a lui-même dessinée depuis cinq décennies au gré des rencontres humaines, culturelles et des kilomètres effectués sur quasiment tous les continents.

L’album It Do, paru en 2016, a été celui de l’ultime passation entre le père et la fille. Depuis, Marja BURCHARD continue d’emmener EMBRYO sur les routes avec une formation dotée d’un noyau dur et d’électrons mouvants, retrouvant ici et là tel « ancien » du groupe, ou invitant telle nouvelle recrue de passage. C’est décidément en restant une affaire de famille qu’EMBRYO cultive son « goût des autres »…

Lorsque nous avons croisé la route de la « nouvelle génération » d’EMBRYO en 2018 à Berlin, le groupe était alors constitué du bassiste Maasl MAIER, du saxophoniste, du clarinettiste et flûtiste Wolfi SCHLICK, du guitariste Jan WEISSENFELDT, et du batteur et percussionniste Jakob THUN. En parallèle sortait sur les écrans un film de Michael WEHMEYER constitué d’archives visuelles et sonores de toutes les époques d’EMBRYO. Ce documentaire kaléidoscopique et bariolé, à l’image de la musique du groupe, a été réalisé en amont du cinquantième anniversaire d’EMBRYO, que le groupe s’apprête à fêter avec exubérance fin 2019.

Pour RYTHMES CROISÉS, Marja BURCHARD a raconté son parcours, son aventure, sa vision et ses projets au sein d’EMBRYO.

Entretien avec Marja BURCHARD
(et Maasl MAIER)

Marja, depuis la disparition de votre père, vous avez la charge de diriger le groupe EMBRYO. À partir de quand êtes-vous devenue un membre officiel du groupe ?

Marja BURCHARD : Je suis un membre officiel d’EMBRYO depuis que je suis apparue sur Terre. Je me suis toujours sentie intégrée au groupe et j’ai voyagé avec lui depuis je suis bébé. Ma mère a pris soin de moi tout le temps, donc j’ai été prise en main. Je n’ai pas été ce genre d’enfant errant dont personne ne s’occupe, ou je ne sais quoi du même genre. Ma mère s’est souciée de me faire aller à l’école maternelle, et tout ça. Mais en même temps mes parents m’ont embarqué dans leur aventure musicale depuis le début. Mon père a plusieurs fois mentionné mon nom dans les disques du groupe, à titre de dédicace « merci Marja »…

C’est pourquoi je me suis toujours sentie un membre d’EMBRYO. J’ai commencé à jouer dès l’âge de sept ans, voire six ans, au piano. Et comme il y a toujours eu plein d’autres instruments qui venaient d’un peu partout, j’ai eu la possibilité d’en jouer et j’ai commencé à chanter mes propres compositions quand j’ai été gamine, un peu comme ces enfants rêveurs qui se créent leur propre langage. J’ai ainsi inventé mes propres chansons et mon propre langage. Je chantais et je me mettais au piano pour essayer de jouer cette chanson que je chantais. C’est arrivé comme ça et ça a été un moment magique dans ma vie.

Tout cela m’a amené là où je suis maintenant. Il y a toujours une raison pour laquelle on fait telle ou telle chose, comme un sentiment intérieur. Et ce sont ces sentiments magiques que j’ai eus en étant confrontée à la musique qui m’ont donné la force d’avancer et de faire des choses.

Freedom in Music

Enfant, est-ce que vous étiez sur les routes toute l’année ?

MB : On habitait Munich, c’était notre quartier général en Bavière. Et on a voyagé. J’avais mes heures de cours d’école à Munich, et durant les vacances on partait sur les routes.

On a voyagé au Japon, en Égypte, etc. Il y a eu aussi beaucoup de musiciens qui sont venus nous rendre visite, et ça a eu un impact sur mon devenir, mon développement. Je me souviens de Nigériens de la tribu Uruba, d’Indiens comme RAMAMANI, qui jouait avec Charlie MARIANO, un membre de SUPERSISTER qui a également joué avec EMBRYO et avec le KARNATAKA COLLEGE OF PERCUSSION. Durant toute mon enfance, j’ai été en contact permanent avec des musiciens et avec la musique. Mais j’ai été une fillette plutôt rêveuse. Je n’ai jamais pratiqué la musique de manière à me dire que je pouvais atteindre le niveau de mon père. J’ai surtout rêvé en écoutant de la musique et j’étais heureuse comme ça. Je n’ai pas été si active que ça.

Puis, quand j’ai eu onze ans, j’ai connu mon premier concert avec EMBRYO. Je me souviens que c’était en Espagne et que j’ai joué de l’orgue. J’ai donc commencé avec le piano, mais je voulais jouer de la batterie, comme tous les gamins, faire du « boum-boum-boum » ! (rires) Et un jour, le pianiste Mal WALDRON m’a dit : « Tu sais Marja, jouer du piano, c’est comme jouer de la batterie ! » Alors j’ai dit « OK, je ferais ça au piano. » Et à un concert j’ai joué de la batterie, puis du marimba, une combinaison de piano et de percussions, du xylophone… Puis j’ai commencé à jouer du trombone, de l’accordéon, puis du vibraphone et maintenant du santour. C’est un instrument d’origine perse ; c’est l’équivalent du cymbalum roumain, du hackbrett bavarois, du qanoun arabe. On en joue avec des baguettes, mais c’est globalement la même anatomie, comme les cithares sur table de type koto japonais.

Just Play it

Avez-vous appris à en jouer de manière traditionnelle, ou avez-vous juste improvisé ?

MB : Mon père a été mon professeur. Bien sûr, il m’a appris à décrypter une partition et les bases des mouvements des mains pour jouer du piano. Le reste, je l’ai appris par moi-même. Je crois qu’il faut apprendre les choses par soi-même de toute façon, même quand on a un professeur. Lui, il vous montre la voie et il n’y a plus qu’à s’engager sur cette voie. Mon père n’a jamais voulu m’apprendre de manière trop stricte parce qu’il voulait que j’acquière mon propre style. Trop souvent, l’élève copie le style du professeur. Mais si on lui laisse la liberté d’improviser et d’agir selon son instinct, il acquiert son propre style et sa propre liberté d’expression.

D’une certaine façon, votre père vous a appris de manière traditionnelle à jouer d’une façon non traditionnelle ?

MB : Oui, c’est exactement ça ! (rires) Une fois, alors que j’avais juste sept ou huit ans, il a dit à ses musiciens : « Ça y est, Marja peut déjà jouer du jazz ! » Les autres étaient étonnés. Et il m’a dit : « Vas-y, joue ! ». J’ai dit : « Mais qu’est-ce que je dois faire ? » Il m’a répondu : « Joue, c’est tout ! » et j’ai joué des notes complètement déliées. Quand j’ai arrêté, il a dit : « Ça, c’est du jazz ! » (rires)

Vous avez eu l’opportunité de jouer à la fois sur des instruments acoustiques et des instruments électriques. Cela fait-il une différence dans l’approche musicale ?

MB : Tous ont leurs qualités et leurs différences et je les apprécie tous de la même manière. Actuellement, je joue le plus souvent du vibraphone et du piano, mais j’aime aussi le son du trombone, de l’accordéon, de l’harmonium et du santour. Tous types de sons, en fait. Et c’est pareil pour la voix.

You Don’t Know What’s Happening

Vos concerts sont-ils tous complètement improvisés ?

MB : Oui. On a des thèmes mais on ne sait jamais quand on va les aborder. On commence le concert de manière totalement libre, sans savoir exactement quoi faire, où aller, mais nous avons ce qu’on peut appeler des points d’accostages, des îles. Parfois, même quand on est perdus en plein océan, on a la possibilité d’atteindre une île.

Donc il peut vous arriver de jouer un thème, puis d’improviser, et d’arriver sur un autre thème, par exemple ?

MB : Oui. On joue des pièces de notre répertoire tous ensemble comme des fous, et parfois on se contente d’improviser et, soudain, des notes apparaissent, il y a un unisson et là, on se dit : « Wouah ! Il va falloir se rappeler de cette mélodie ! » On atteint cette mélodie, on repart… Il arrive donc qu’on compose en jouant ! Il y a un riff que je joue, ou quelqu’un d’autre, les autres écoutent et on finit par jouer tous ensemble, on crée un son, ou bien on a l’impression de créer un son… La liberté est si importante ! Ne pas savoir quels morceaux on va jouer et quand on va les jouer… Parce que les compositions ont une âme, et elles doivent arriver quand l’énergie qui les insuffle est là… Ce n’est pas possible de les jouer par obligation, de manière forcée, je n’aime pas ça. Parce que, du coup, elles ne vivent pas vraiment. De la façon dont on procède, c’est plus vivant !

Tous les musiciens actuels du groupe viennent-ils du jazz ?

MB : Non, pas du tout. En fait, ils viennent d’horizons très différents et ont des styles très variés. Assez souvent, nous jouons avec des musiciens afghans, qui jouent du rubab et du tabla. Et ils ne proviennent évidemment pas d’un milieu jazz, mais de la musique traditionnelle afghane. D’autres fois, on a des musiciens issus d’écoles de jazz qui cherchent à faire autre chose et qui sont ravis de jouer avec nous parce que c’est plus libre. Il y en a d’autres qui viennent du rock, voire du hard rock, du heavy metal, d’autres encore du funk, du hip-hop, du hardcore, des musiques ethniques ou de la chanson. C’est pour ça que les gens, après un concert, nous disent : « Votre musique s’adresse à tout le monde ! » Et si des gens n’aiment pas certaines pièces, ils en trouveront d’autres dans le même concert qu’ils apprécieront ou dont ils se souviendront.

Vagabunden Karawane

Au fond, combien de musiciens font partie d’EMBRYO ?

MB : Au moins cinq cent ! (rires) J’en parlais avec mes musiciens. Il y a un batteur, un bassiste et moi. On pourrait voyager à travers le monde et on trouverait toujours une dizaine de musiciens qui nous rejoindraient sur scène. (rires) Dans chaque ville il y a des musiciens qu’on connaît. Dans plein de villes, de grandes villes, comme Barcelone, Berlin, Hambourg, Munich. Je connais dans chacune de ces villes des musiciens qui ont déjà joué avec EMBRYO par le passé. La famille est grande. Mais aujourd’hui, on voyage à cinq. C’est notre noyau. À Berlin habite un ancien claviériste d’EMBRYO, Michael WEHMEYER. Il joue avec nous quelques pièces. Il y a aussi un violoniste et ma cousine, qui est une chanteuse célèbre. Elle jouera avec nous ce soir. Donc nous sommes cinq à la base, mais en voyageant on retrouve des connaissances, et on peut se retrouver sur scène de cinq à neuf.

Tout dépend des lieux où vous vous produisez ?

MB : Oui exactement.

En matière de répertoire, êtes-vous la principale compositrice ?

MB : On compose tous. Actuellement, on joue plusieurs pièces de ma composition, mais aussi plein de pièces écrites par mon père bien évidemment. Il me plait de garder le répertoire plus classique d’EMBRYO et d’en revivifier les pièces. Parce que les compositions, c’est un peu comme des enfants. On les garde avec soi, ils grandissent, et c’est dommage de les oublier.

Notre bassiste, Maasl MEIER, compose également. Ça fait trois ans qu’il fait partie d’EMBRYO, et il a joué sur l’album It Do.

Präparierte 50 Jahre Später

ll y a un film sur EMBRYO qui vient de sortir. Avez-vous été impliquée dans sa réalisation ?

MB : En fait, il a été conçu par Michael WEHMEYER, qui fut claviériste du groupe au cours des années 1970 et qui joue encore avec nous de temps en temps. Il a tout plein d’archives, de photos, de petits films… Et il a réalisé ce film parce qu’EMBRYO a une histoire tellement, tellement, mais alors tellement énorme ! Il y a tellement de gens qui sont passés dans EMBRYO, et le groupe a vraiment marqué l’histoire de la musique. Il a tellement évolué depuis ses débuts, et a fait se rencontrer tellement de musiciens ! Michael a donc conçu ce film parce que, comme il l’a dit : « Bon sang ! Tout le monde parle de CAN ; mais bon, ça va quoi ! » (rires) Ça a été sa motivation !

Il est donc en quelque sorte la tête, la mémoire d’EMBRYO ?

MB : Complètement.

Est-ce que vous filmez tous vos concerts ?

MB : Pas toujours. Il y a souvent des caméramen, des réalisateurs, mais aujourd’hui par exemple, on n’est pas autorisés à filmer parce que la salle n’aime pas trop les films et les photos. Il faut vraiment s’y prendre plusieurs jours avant pour demander l’autorisation de filmer. Et on ne l’a pas fait parce qu’on ne savait pas. Donc aujourd’hui il n’y aura pas de film du concert. Mais on enregistre toujours, en revanche.

Invisible Documents

La discographie d’EMBRYO est assez vaste. Envisagez-vous d’y ajouter de nouveaux albums ?

MB : Beaucoup de gens aiment acheter des disques après les concerts, surtout des LP. On fait toujours des LP. Et on souhaite enregistrer un nouveau disque en 2019. Car 2019 sera l’année des 50 ans d’EMBRYO ! Dans le film, il est dit que ça a commencé en 1968, mais le premier album date de 1969. Il y a aussi cet enregistrement de mon père avec Mal WALDRON (For Eva) qu’il a sorti sous le nom EMBRYO et qui date de 1968. Donc c’est un peu une manière de dire que cet enregistrement « préparatoire » d’EMBRYO est déjà du EMBRYO.

Y a-t-il des chances que de vieux albums d’EMBRYO, devenus rares, fassent l’objet de rééditions ?

MB : Oui, c’est envisagé. Si on a du temps pour le faire, on le fera. Opal, Rache sont de superbes albums… Et différents labels ont déjà réédité ces albums. Mais il est devenu un peu difficile de savoir qui a ressorti quoi. En Italie, le label Materiali Sonori a ressorti de vieux enregistrements, de même qu’un autre label italien… Garden of Delights a également publié d’anciennes choses, comme Father, Son & Holy Ghosts, par exemple, avec des bonus.

Maasl MAIER : Il y a aussi des CD d’EMBRYO sur le label Trikont, qui est le plus vieux label alternatif de Munich. Et dernièrement est paru un enregistrement datant du festival de Vlotho, en 1977, où EMBRYO s’était produit avec d’autres groupes des 70’s. Une compilation de ce festival était sortie à l’époque, avec un morceau live d’EMBRYO ; mais là, c’est le concert entier qui est sorti. Donc, l’enregistrement est ancien, mais le CD est nouveau. (NDLR : Umsonst Und Draußen – Vlotho 1977)

Est-ce que le label Schneeball est toujours actif ?

MB : Voilà une question difficile. Euh… je n’en sais rien. Maasl, qu’est-ce que tu peux en dire ?

MM : Ce label avait été lancé par des gens venant de différents groupes. Mais aujourd’hui, il n’y a plus qu’un seul gars qui s’occupe de cette compagnie. Donc, l’activité de celle-ci s’est considérablement ralentie, et ce gars tâche de la maintenir en éveil, mais il ne fait pas grand-chose en fait…

MB : Le concept de départ était de faire un label indépendant sans visée commerciale, mais aujourd’hui tout le monde l’a quitté. Et la philosophie de départ n’est plus à l’ordre du jour. Voilà la réalité. Donc le label est en sommeil et n’a plus vraiment d’actualité. En revanche, la boîte de distribution Indigo est toujours très active, et c’est en quelque sorte la sœur de Schneeball !

MM : Oui, Indigo est comme la sœur de Schneeball ! Ça a été monté par un gars qui était au départ dans Schneeball, et qui s’est mis à faire d’autres choses, comme Indigo, qui est devenu le plus grand distributeur indépendant en Allemagne…

Road Song

Est-ce qu’il vous arrive encore de tourner à travers le monde ?

MB : Oui, on vient de faire une grande tournée au printemps 2018 jusqu’à Istanbul, en Turquie. On voyage toujours avec notre bus parce qu’on tient à prendre notre équipement, qui inclut un Fender Rhodes, un vibraphone, un orgue, une batterie… Or, il est difficile de prendre l’avion avec un vibraphone et un Rhodes ! Donc on préfère prendre notre bus ; c’est un peu notre maison. On peut dormir dedans, s’y réunir… Ça nous apporte aussi un peu de paix, ce qui est nécessaire en tournée, et ça change tout. Quand on a l’esprit qui chauffe, c’est bon d’avoir cette maison sur roues ! En tournée, ça fait du bien de se garder des instants de silence intérieur, ça permet de retrouver un peu de stabilité. Donc il y a plusieurs raisons qui nous font préférer le voyage à bord de notre bus. On a ainsi été jusqu’en Turquie, en traversant plusieurs régions balkaniques, comme la Bulgarie, la Serbie, la Slovénie, puis la Grèce, l’Autriche, et on est allés comme ça tranquillement jusqu’en Croatie. On aime vraiment ça.

Vous pouvez donc partir pour plusieurs mois ?

MB : Oui, parfois. Au moins quelques semaines, quelques jours. On n’aime pas se déplacer de Munich à Berlin juste pour un concert, on ne fait jamais ça. Le bus est assez grand et il n’est pas utile de le conduire juste pour un concert, sauf si c’est vraiment très, très bien payé !

Il y aura donc d’autres « Reisen » (voyages) d’EMBRYO ?

MB : Absolument. Il y a eu de nombreux « reisen » d’EMBRYO. Un amie iranienne qui vit en Allemagne a réalisé un film de notre voyage en Turquie, par exemple. Donc il y a toujours des gens pour filmer nos voyages et cela fera surement l’objet d’un autre film dans quelques années. On ne peut jamais savoir ce qui va se passer en tournée, mais il y a toujours du nouveau matériau musical, nos concerts se suivent et ne se ressemblent pas, nos performances sont toujours des moments uniques. On ne s’ennuie jamais, c’est pour ça que ça vaut le coup !

We Keep on

Alors quels sont vos projets pour l’avenir ?

MB : « To Keep on ! » (rires) C’est ce qu’on fait déjà, et on espère qu’il n’y aura jamais de système qui interdira la musique ! Parce qu’il y a quand même de grosses dictatures dans le monde qui interdisent de jouer de la musique, aussi on espère qu’on restera libres d’en jouer !

Sinon, concernant nos projets futurs… On a plein, plein, plein d’idées ! Déjà, on a envie de faire une « grande fête » (NDLR : en français dans le texte) pour le cinquantième anniversaire du groupe ! On va faire aussi un nouvel album avec une nouvelle formation représentant le « Young EMBRYO », avec quelques anciens habitués, tel Roman BUNKA. On joue encore beaucoup avec lui à Munich ; il y habite aussi. On a plein de rêves et de projets, donc on ne s’ennuie jamais. Il y aura un enregistrement des 50 ans d’EMBRYO. Et je veux aussi faire un livre. Ce serait une sorte de catalogue de photos, de dessins, de textes et d’histoires pour les 50 ans d’EMBRYO ; pas seulement une biographie ou un essai, mais davantage une sorte de livre ouvert aux contributions et associant qui voudra.

MM : Ça n’aurait rien d’une chronologie, plutôt un livre d’images…

MB : Les gens pourront contribuer par des images, des photos, des histoires, des dessins, des collages. Ce sera plus vivant et ça ira dans le sens d’un livre d’art parce que la musique va de pair avec l’art pictural et la poésie. J’aimerai ainsi montrer ce qui a inspiré EMBRYO…

Ce serait donc dans le genre de ce qui a été fait pour les livrets d’albums comme EMBRYO’s Reise, La Blama Sparozzi, avec beaucoup de collages…

MB : Exactement.

Je suppose que le film de Michael WEHMEYER va sortir en DVD ?

MB : Oui. Et on voudrait bien jouer en France, bien sûr. Quand on y ira au Maroc, on passera par chez vous et on espère que vous serez là !

A Place to Go

EMBRYO a-t-il souvent eu des opportunités de jouer en France ?

MB : En fait, c’est assez étrange. j’ai souvent demandé à mon père ce qui coinçait avec la France. Parce qu’on a joué en Espagne, en Italie, au Maroc, et on est toujours passé en France en coup de vent ! Je me suis toujours demandée pourquoi… Il y a eu des connexions avec Marseille, mais c’est en sommeil depuis un moment, pire qu’avec l’Italie. Mais on aimerait bien y jouer. À Lyon aussi on avait un plan, mais il a bizarrement disparu.

Sinon, la « Grande Fête » aura lieu à Munich en novembre 2019, parce qu’EMBRYO a été formé vers octobre-novembre 1969. Donc la « Grande Fête » devrait logiquement avoir lieu à la même époque en 2019. Ça se fera à Munich parce que c’est là que tout a commencé, et qu’on y est toujours ! (rires) On fera des festivals et 2019 sera une grande année. Plein de choses vont se passer.

Entretien et photos concerts réalisés
par Stéphane Fougère et Sylvie Hamon,
en septembre 2018 à Berlin
Photos archives : livrets disques

Site : https://www.facebook.com/embryo2000

Facebook : https://www.facebook.com/embryo2000/

Voir les diaporamas photos et comptes-rendus des concerts à Berlin (Allemagne), au Sowieso le 8 septembre et au Supa Molly le 9 septembre 2018.

DISCOGRAPHIE EMBRYO

* Opal (LP : Ohr, 1970 ; CD [2 Bonus Tracks] : Materiali Sonori, 1992 ; SHM-CD Papersleeve : 2013, Belle Antique)

* Embryo’s Rache (LP : United Artists, 1971 ; CD [2 Bonus Tracks] : Materiali Sonori, 1993)

* Father Son and Holy Ghosts (United Artists, 1972 ; CD : Disconforme, 1999, rééd. Garden of Delights [1 Bonus Track], 2003)

* Steig aus (a.k.a. This Is Embryo), featuring Mal Waldron (LP : Brain, 1972 ; CD : Repertoire, 1998 ; CD Papersleeve : Brain Japan, 2005)

* Rocksession (featuring Mal Waldron) (LP : Brain, 1973 ; CD : Repertoire Records, 1998 ; rééd. Revisited, 2008)

* We Keep on (featuring Charlie Mariano) (LP : BASF, 1973 ; CD : Disconforme, 1999)

* Surfin’ (featuring Charlie Mariano) (LP : Buk, 1975 ; CD : Disconforme, 1999 ; rééd. Garden of Delights, 2010)

* Bad Heads and Bad Cats (featuring Charlie Mariano) (LP : April, 1976 ; CD : Disconforme, 1999 ; rééd. Garden of Delights, 2010)

* Live (featuring Charlie Mariano) (LP : April, 1977 ; CD : Garden of Delights [1 Bonus Track])

* Apo Calypso (featuring Trilok Gurtu and Shobha Gurtu on one track) (LP : April, 1977 : CD [2 Bonus Tracks] : Disconforme, 1999),

* Embryo’s Reise (DblLP : Schneeball/Indigo, 1979 ; CD : Schneeball, 1994)

* Life (featuring Karnataka College of Percussion / Charlie Mariano) (LP : Schneeball, 1980 : CD : Disconforme, 2001)

* Anthology (LP : Materiali Sonori, 1980 ; CD [as Every Day Is Okay] : Materiali Sonori, 1992 ; CDr [as Anthology+ – 2 Bonus Tracks] : Cosmic Egg 2016)

* La Blama Sparozzi / Zwischenzonen (DblLP : Schneeball, 1982 ; DblCD [2 Bonus Tracks] : Disconforme, 1999)

* Zack Glück (LP : Materiali Sonori, 1984 ; CD : Materiali Sonori, 1992 ; réed. LP+CD : Мирумир, 2013)

* Embryo & Yoruba Dun Dun Orchestra (featuring Muraina Oyelami) (LP : Schneeball, 1985 ; CD : Schneeball, 1989)

* Africa (LP : Materiali Sonori, 1987 ; CD : Materiali Sonori, 1992 ; Réed. LP+CD : Мирумир, 2013)

* Jazzbühne Berlin ’89 (featuring Yoruba Dun Dun Orchestra* & El Hussaine Kili) (LP : AMIGA, 1989 ; CD [Live in Berlin] : United One, 1998)

* Turn Peace (featuring Mal Waldron) (LP : Schneeball, 1989 ; CD [1 Bonus Track] : Schneeball, 1990),

* Ibn Battuta (featuring Marty Cook on one track) (CD : Schneeball/Indigo, 1994)

* Ni Hau (featuring Xizhi Nie) (CD : Schneeball/Indigo, 1996),

* Istanbul–Casablanca Tour 1998 (featuring Alan Praskin) (DblCD : Schneeball/Indigo, 1999)

* Invisible Documents (CD : Disconforme, 1999)

* One Night in Barcelona (Recorded at the Joan Miró Foundation – featuring Yuri Parfenov) (CD : Disconforme, 2000)

* For Eva (1967 recording featuring Mal Waldron) (CD : Disconforme, 2000)

* Live 2000, Vol. 1 (CD : Schneeball, 2001)

* Live 2001, Vol. 2 (CD : Schneeball, 2002)

* Bremen 1971 (CD : Garden of Delights, 2003)

* 29.6.73 In Hamburg (featuring Mal Waldron & Charlie Mariano) (LP Box : 2003 ; CDr [Riding] : Cosmic Egg, 2014)

* Hallo Milk (Live Recordings 2002 & 2003) (CD : Schneeball/Indigo, 2003)

* Embryonnck (with the No-Neck Blues Band) (CD/LP : Mal Waldron & Charlie Mariano, Staubgold, Sound@one, Schneeball 2006)

* News (LP : Ultimate, 2006)

* Live im Wendland (anti-nuclear solidarity concert 2005 in Gorleben) (CD : Schneeball, 2007)

* Freedom in Music (featuring Xizhi Nie) (CD : Schneeball/Indigo, 2008)

* Live at Burg Herzberg Festival 2007 (CD : Trip in Time, 2008)

* Wiesbaden 1972 (CD : Garden of Delights, 2008)

* Embryo 40 (CD : Trikont/Indigo, 2010)

* Message From Era Ora (LP : Black Sweat Records, sound of cobra, 2013)

* Una Gira Per Catalunya (Live in Spain, July 2001) (CDr : Cosmic Egg, 2014)

* Eternal Forces (Live in Italy, 1980) (CDr : Cosmic Egg, 2014)

* It Do (CD : Trikont/Indigo, 2016)

* Umsonst Und Draußen – Vlotho 1977 (CD : Garden of Delights, 2017)

* Live 2017 & 2018 (CD, autoprod., 2018)

VIDÉOGRAPHIE EMBRYO

* Vagabunden Karawane (VHS : autoprod., 1980 ; DVD : Krautrock Classics, 2005)

* Ibn Battuta (VHS : Indigo, 1994)

* 25 Jahre Embryo! (VHS : autoprod., 1994?)

* A Journey of Music and Peace (by Michael WEHMEYER) (DVD : 2018)

 

 

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