Festival Interceltique de Lorient 2024
Première Partie : année de la Jeunesse Celte
L’édition 2024 du Festival Interceltique de Lorient (FIL) aura été particulière pour diverses raisons. La manifestation aurait normalement dû se tenir du 2 au 11 août. Les Jeux Olympiques se déroulant cette année à Paris jusqu’à ce dimanche 11 août, mobilisant de surcroît un nombre conséquent des membres des forces de l’ordre, le FIL était dans l’obligation de déplacer ses dates et de réduire sa durée. Il a donc officiellement pris place sur une semaine du 12 au 18 août. Cependant, officieusement, quelques événements ont pu être organisés dès le samedi 10 août (concerts dans des lieux clos, Marché Interceltique, Quai du livre).
Autre changement, de taille qui plus est, ce n’est pas une nation, ou un ensemble de nations, qui était à l’honneur comme il est de coutume depuis 1994. L’an 2000 avait déjà dérogé à cette règle en dédiant son édition aux Celtes en général. Cette année, c’est une toute autre thématique qui a été choisie : la Jeunesse Celte.
L’idée n’était évidemment pas de mettre à l’écart les Celtes plus âgés, mais de s’intéresser au ressenti des plus jeunes vis-à-vis de leur culture et par là même de se poser la question de la transmission de cette culture.
Les festivaliers ont néanmoins pu retrouver les spectacles phares (Horizons Celtiques, ex-Nuits Interceltiques) et les scènes habituelles (l’Espace Jean-Pierre PICHARD, les pavillons des Nations Celtes et la scène commune regroupés Place des Pays Celtes derrière le Palais des Congrès ainsi que Le Kleub).
Un nouveau lieu, les Terrasses du Festival, a été initié. Il proposait en majorité de formations de chants de marins et un espace de restauration comprenant des plats signatures.
Malgré les bouleversements, le succès a été au rendez-vous. Il n’est jamais évident de donner des chiffres de manière abrupte. Les premières estimations révèlent une fréquentation d’environ 650 000 festivaliers. Avant même la fin de l’édition, 68 000 billets avaient été vendus auxquels s’ajoutent près de 100 000 badges de soutien. Il est important de rappeler qu’un même badge donne accès, durant toute la durée du FIL, à de nombreuses scènes situées entre la place de la Mairie (Kleub) et le Quai de la Bretagne, sans oublier le fest-noz de la Salle Carnot.
Le FIL ne démarrant formellement que le lundi 12 août, il a profité de la présence en milieu de semaine d’un jour férié, en l’occurrence le jeudi 15 août, pour y insérer la Grande Parade des Nations Celtes. Le parcours arpentait toujours une ligne entre le passage à niveau de la gare, cours de Chazelle, et le Stade du Moustoir. Avec moins de participants, le défilé était plus court, mais il a de nouveau enchanté plus de 90 000 spectateurs répartis entre les rues du centre-ville et l’intérieur du stade. Année de la Jeunesse oblige, après les drapeaux des Pays Celtes, ce sont les enfants et les Géantes représentants les différents terroirs de Bretagne qui ont pris part au défilé, avant le passage du Bagad de Lann-Bihoué. Le traditionnel Triomphe des Sonneurs s’est lui aussi tenu en ce jour de l’Ascension en toute fin d’après-midi.
En 2025, le FIL retrouvera sa périodicité conventionnelle en débutant le premier vendredi d’août et se tiendra donc du 1er au 10 août. Il reprendra également une thématique classique en mettant cette fois à l’honneur Les Cousins d’Amérique, c’est à dire les États-Unis et le Canada (Acadie et Québec inclus). Cela laisse augurer d’intéressantes perspectives.
Championnat des Bagadou
Le FIL était autorisé à organiser des manifestations dans des lieux clos dès le week-end précédent l’ouverture officielle. Comme à l’accoutumée, ce premier samedi était dédié à la seconde manche du Championnat des Bagadou de première, deuxième et quatrième catégorie.
Le champion 2024 de première catégorie est pour la dixième fois, et comme en 2023, le Bagad Cap Caval de Plomeur en Pays Bigouden. Il était déjà classé premier après la première manche qui s’est déroulée à Brest le 25 février et il a remporté cette seconde manche lorientaise. Le bagad a effectivement interprété une suite d’une haute technicité, maîtrisant totalement son sujet et se permettant même un clin d’œil surprenant à Michael JACKSON en reprenant pour quelques secondes la mélodie de They Don’t Care About Us. Le Bagad Briec a lui aussi livré une impeccable prestation se posant comme un sérieux concurrent.
Au classement général, le Bagad Cap Caval précède le Bagad Briec et le Bagad Kemper. Le Bagad Melinerion de Vannes est cinquième et le Bagad Sonerien an Oriant de Lorient termine dixième. Ferment la marche aux trois dernières places le Bagad Pañvrid-ar-Beskont de Pommerit-le-Vicomte, la Kevrenn Brest Sant-Mark et le Bagad Boulvriag de Bourbriac. Ils descendent tout trois en deuxième catégorie. Montent en première catégorie les deux premiers de la deuxième catégorie, le Bagad Beuzec Ar C’hab de Beuzec-Cap-Sizun et le Bagad Plougastell de Plougastel-Daoulas.
Cécile CORBEL
Chaque fois que Cécile CORBEL était conviée à participer au FIL, ses prestations se déroulaient l’après-midi et se trouvaient être plus particulièrement destinées à un jeune public. Cette édition 2024 rompait avec cette tradition en proposant le concert un samedi soir et la harpiste avait même l’honneur d’être la toute première tête d’affiche à se produire, deux jours avant l’ouverture officielle de la manifestation.
Dans une salle comble, Cécile CORBEL venait présenter son nouveau spectacle, Graal, qui, comme son titre le laisse présager, a pour trame les légendes arthuriennes. La harpiste et chanteuse était accompagnée de ses fidèles musiciens, Gaëdic CHAMBRIER (guitare), Benoît VOLANT (violon), Christophe PIOT (percussions) et son compagnon, à la scène comme à la ville, Simon CABY (claviers, compositions).
Entre onirisme, mythe et réalité, les cinq artistes nous ont entraînés au cœur de cette fameuse épopée qu’est le cycle de la table ronde. Les chansons évoquaient ses principaux protagonistes, Le roi Arthur et son épouse Guenièvre, Merlin, le chevalier Lancelot, les fées Viviane et Morgane, auxquels se sont joints les amants Tristan et Yseult.
D’autres personnages du répertoire de Cécile se sont rattachés à ces légendes, le mythique roi irlandais Brian Boru, Arriéty, issu de la bande originale du dessin animé des studios GHIBLI, et même un étrange Bal des Chats.
Par ses talents de conteuse, entre chaque chanson, Cécile réussissait à maintenir une attention constante. Le public ne s’y est pas trompé et a réservé un tonnerre d’applaudissements à Cécile CORBEL et à ses musiciens.
MADELYN ANN
En 2023, Madelyn ANN faisait partie des lauréats du prix musical Produit en Bretagne. Elle avait en effet alors remporté le prix Coup de cœur des internautes pour son album Nevez-amzer. MADELYN ANN, c’est aussi le nom d’un groupe qui était de retour cette année toujours en rapport avec ce prix. Le concert a eu lieu le lundi, premier jour officiel du FIL et le Quai de la Bretagne était bien garni.
Même si MADELYN ANN a fait paraître en 2024 un album reprenant des titres de Nevez-amzer dans des versions acoustiques, c’est bien la couleur musicale du précédent CD qui habillait le concert. Cette proposition pop-rock électro, sans influences traditionnelles, chantée en breton est atypique et néanmoins captivante.
On pouvait évidemment craindre une redite du concert de 2023 mais la qualité des chansons et le savoir-faire de la chanteuse et de ses musiciens ont levé les doutes. Certaines chansons (Chom ennon, Fiñv ou le très émouvant Tad) pourraient même devenir des tubes si les grands médias jouaient réellement leur rôle. MADELYN ANN nous a également gratifié de quelques nouveaux titres dans la lignée bretonnante (Saotred, Skrivañ) et, c’est une surprise, d’une chanson en anglais (It’s over) et d’une autre en français (Jusqu’au bout).
Madelyn bougeait sur scène et parlait aisément avec le public qui le lui rendait bien. Ce concert fut donc une découverte pour ceux qui ne connaissaient pas le groupe et la confirmation d’un fort potentiel pour ceux qui étaient déjà présents l’an dernier.
Espace Jean-Pierre PICHARD
Anciennement nommé Espace Marine, le Chapiteau de l’Espace Jean-Pierre PICHARD (du nom du premier Directeur Général du FIL entre 1972 et 2007, décédé en 2021) est l’endroit où évoluent les plus gros concerts.
Cette année, seules trois soirées s’y sont déroulées, les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 août. La physionomie du lieu a également été quelque peu modifiée puisqu’aucun plancher n’avait été posé et aucun gradin installé. Les concerts se déroulaient uniquement en configuration debout, ce qui permettait d’augmenter la jauge en pouvant accueillir jusqu’à 6 000 personnes. Le jeudi de l’Ascension avait lieu une soirée intitulée Bouge ton Celte. Trois formations étaient au programme.
C’est un groupe italien qui a débuté, THE SIDH. Le meneur et sonneur de cornemuse du groupe Iain Alexander MARR possède des origines écossaises et cela se ressentait dans les influences. Pour le reste, il s’agissait d’un mélange électro-rock, lorgnant aussi vers le reggae, à grand renforts de programmations hypnotiques, dans un déluge de décibels propres à conduire jusqu’à la transe. S’il n’y avait là rien de révolutionnaire, il faut malgré tout admettre un certain savoir-faire ainsi qu’un sens de la communication et de l’humour évident.
Vint ensuite CELKILT, qui après être passé par le Kleub en 2023, trouvait ici une mise en avant inattendue. Le quintet de rock celtique lorgnant vers la musique punk, originaire de Roanne, dégageait une énergie très démonstrative et contagieuse. À son actif, il faut reconnaître que le groupe ne s’adonnait pas à des reprises de classiques maintes fois interprétées. Il présentait ses propres compositions (en anglais) avec, bien en avant, une cornemuse (ou une flûte) et un violon déchaînés soutenus par une guitare, une basse et une batterie.
Enfin, la soirée s’est terminée par les locaux de l’étape, LES RAMONEURS DE MENHIRS. On ne présente plus le combo punk qui après une longue absence au FIL était reparu au Kleub en 2022 et qui cette année se trouvait à nouveau projeté sur la grande scène. La guitare rageuse de Loran, le chant de Gwenaël, le biniou et la bombarde des deux sonneurs Éric et Jérôme, auxquelles s’ajoutaient les programmations des boites à rythmes, assuraient un brassage punk-trad effréné. Les chansons en français et en breton dénonçaient les injustices et appelaient à la libération des peuples. En parfaite communion avec le groupe, le public dansait ou pogotait à souhait.
Le pari d’une programmation différente sur ce lieu emblématique qu’est l’Espace Jean-Pierre PICHARD a donc plutôt été une réussite.
Le lendemain soir, c’est SOLDAT LOUIS qui prenait place sur scène. Le groupe ne s’était pas produit dans son jardin lorientais depuis 2019. Le public l’attendait donc avec impatience puisque le concert affichait quasiment complet.
Bien que le groupe nous ait gratifiés de titres inédits qui devraient figurer sur un nouvel album à paraître logiquement en 2025, un bémol est toutefois à noter. S’il est bien évidemment toujours agréable de réentendre des chansons que l’on a appréciées, ce concert ressemblait beaucoup à celui donné cinq ans plus tôt tant dans le choix des titres que dans les enchaînements et les interventions.
Il faut reconnaître qu’il est souvent difficile de faire l’impasse sur certains titres. Sur ce point, dans une ambiance enflammée et très rock, SOLDAT LOUIS a proposé un large éventail de trente-cinq ans de carrière (Savannah, Auprès de ma bande, Tirer des caisses, Tonton Louis, Survivre en ennemis, Martiniquaise, L’Écho du bayou, Pavillon noir ou encore l’émouvant Femmes de légende et le polémique Juste une gigue en do). Certains morceaux étant devenus des classiques, le public les reprenait de bon cœur. Les instrumentaux Bow Lane et Soldat Louis n’ont pas été oubliés.
Un grand moment d’émotion a parcouru le chapiteau lorsque Renaud DETRESSAN alias Gary WICKNAM a rejoint ses camarades (il a quitté le groupe pour raisons de santé) pour interpréter SA chanson, Encore un rhum, là encore, et plus que jamais, accompagné par toute l’assistance. Naturellement, les hymnes Fils de Lorient et C’est un pays, cette dernière rejointe par un ensemble de cornemuses, ont suscité l’exaltation et fait brandir les Gwen ha Du. C’est évidemment par l’incontournable Du rhum des femmes, dans sa version revisitée, que le concert a pris fin.
Enfin, l’avant dernier jour du FIL, c’est le groupe MATMATAH qui était programmé. Le concert était tellement attendu qu’il affichait complet avant même le démarrage du FIL. Il faut dire que la dernière (et seule) participation de MATMATAH remontait à 1998. Cette année là, le groupe brestois venait de faire paraître son premier opus aux forts accents celtiques, La Ouache, et était un des acteurs de la vague celtique qui sévissait alors. Les albums suivants ont perdu leurs couleurs celtiques et le combo a même fait une pause entre 2008 et 2015. De la première période ne subsiste plus que deux membres le chanteur et guitariste, Stan, et le bassiste Eric. Parmi les musiciens récemment arrivés, on notera la présence à la guitare électrique de Léo qui n’est autre que le fils de Jean-Pierre RIOU de RED CARDELL.
Dans une ambiance survoltée et, il faut le reconnaître, dans un abus parfois de décibels, MATMATAH a présenté un large panorama de son répertoire ainsi que les nouveaux titres issus de Miscellanées Bissextiles, le dernier album en date paru en 2023 (SklogW, Brest-même). Comme un retour vers des sonorités plus celtiques, Les Demoiselles de Loctudy et Emma voyaient respectivement la contribution de David PASQUET à la bombarde et de Kevin CAMUS à la cornemuse irlandaise.
Manquaient à l’appel Trenkenn Fisel, enregistré à la base avec la participation du Bagad de la Kevrenn Alré (Auray), ou encore la reprise de Heroes de David BOWIE sur laquelle intervient également Kevin CAMUS. À Lorient, ces deux titres auraient eu fière allure.
Fort heureusement, les titres emblématiques, le controversé L’Apologie et surtout Lambé Andro, qui lui a déclenché l’hystérie, n’ont pas été oubliés. Pour terminer, c’est une version quasi a capella des Moutons, soutenue uniquement par la batterie et accompagnée des danseuses de la compagnie Isabelle PAYET, qui a été proposée dans une folle ambiance. Le groupe s’est ensuite éclipsé alors que le public en redemandait, en vain.
Si le contrat était rempli, MATMATAH aurait pu localiser davantage son concert. On en ressortait avec le sentiment que le même spectacle avait été et sera donné ailleurs.
LE KLEUB
Initié en 2022, le Kleub s’est imposé comme une scène majeure du FIL. Le chapiteau, installé place de l’Hôtel de ville, est en grande partie dédié aux musiques actuelles d’inspiration celtique. Le badge de soutien suffit pour y accéder, ce qui fait que la jauge estimée à 3 000 personnes est rapidement atteinte.
La programmation du lieu était encore une fois très éclectique. Des groupes certes brillants mais d’obédience plus classique comme les Écossais d’ÍMAR ou de Project SMOK ont malgré tout régalé le public. On a pu retrouver avec plaisir des habitués tels que MEC LIR et son groove trad’ évolutif, NOON et son habile alliage de cornemuses et de sons électro ou encore le trio FLEUVES qui venaient présenter en avant première son nouvel album, toujours dans une mouvance électro-trad-jazz.
Parmi les découvertes, on notera un étonnant duo asturien L-R qui qualifie sa musique de post-folk. Deux groupes écossais à surveiller de près, AN DANNSA DUB, qui associait une musique trad à l’électro et au reggae-dub, ou VALTOS, lui plus ouvertement électro, ont amené leur auditoire vers un état de transe.
Le groupe irlandais SEO LINN prenait un chemin évolutif (grâce entre autres à la présence d’une batterie), chose encore peu usuelle en Irlande mais qui tend à progresser, sans pour autant laisser tomber l’aspect traditionnel. Le chanteur faisait preuve d’une puissance vocale saisissante, notamment avec une reprise du traditionnel Óró sé do bheatha bhaile.
Côté déception, la formation décoiffante galloise NO GOOD BOYO qui nous avait tant captivés lors de ses précédentes venues à Lorient nous a cette fois désagréablement surpris. Sa prestation très électro ne décollait vraiment pas et était trop répétitive.
La plupart de ces groupes ont beaucoup travaillé leur œuvre en studios à la recherche d’un son original et distinctif. Le passage du studio vers la scène ne donnait pas le même rendu.
INTERCELTIC MUSIC CAMP
Une semaine avant le démarrage du Festival, seize jeunes originaires des huit Nations Celtes d’Europe, sont arrivés à Lorient. Ils étaient deux par nation, un garçon et une fille, et étaient âgés de 18 à 25 ans. Chanteurs ou musiciens, ils venaient travailler sous la forme d’une résidence jusqu’à l’ouverture officielle du FIL.
Sous l’égide de deux figures lorientaises bien connues, le sonneur de trompette et de biniou Youn KAMM et l’accordéoniste Thomas MOISSON, il devait se former deux groupes de huit personnes aptes à jouer ensemble. Le but était de créer, pour chacun des groupes, un répertoire mettant en commun l’héritage de ses membres en associant les langues ou les thèmes traditionnels au sein d’un même titre. L’ambition étaient également de présenter les différents instruments allant de la guitare aux percussions en passant par la gaïta, l’accordéon, la harpe ou encore le violon, le tout étant soutenu par des claviers.
Réussir ce pari en si peu de temps a été une première prouesse.
Ensuite, durant toute la manifestation, les formations se sont produites deux fois par jour sur les Terrasses du Festival ou sur la Place des Pays Celtes devant un public conquis. L’occasion était de mettre en réalité cette jeunesse et cet Interceltisme, et le projet illustrait pleinement la thématique retenue cette année.
Il se pourrait cependant que le schéma se pérennise et soit reconduit. C’est tout ce que l’on peut souhaiter.
Annie BAYLIS
Il existe des découvertes qui se révèlent être d’une subtile réjouissance. La chanteuse et musicienne Annie BAYLIS appartenait à cette catégorie. Annie est originaire des Cornouailles et est une auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste ayant déjà obtenu plusieurs récompenses pour son travail. Elle s’est certes produite plutôt discrètement, mais aura malgré tout marqué les esprits.
À ses côtés sur scène, trois musiciens (accordéon, guitare acoustique et guitare électrique) l’accompagnaient, elle-même officiant au violon et même, plus original, à l’harmonium. Annie communiquait volontiers avec le public, en anglais.
Si certains passages étaient entièrement instrumentaux, la plus grande partie du répertoire était chantée. Les chansons traitaient de problèmes politiques ou sociaux. Elles étaient interprétées en anglais mais aussi, et c’est une des sensations majeures du concert, en cornique, la langue des Cornouailles. On a ainsi pu découvrir Oll an dra, le titre qui a remporté le concours dans la catégorie chanson lors de l’International Pan Celtic Festival 2023 en Irlande.
Il ne reste plus qu’à espérer retrouver au plus vite Annie BAYLIS à Lorient.
CARLOS NÚŇEZ
2024 était une année particulière pour Carlos NÚŇEZ. Le célèbre musicien galicien célébrait en effet le quarantième anniversaire de sa première venue au FIL. Il y est depuis reparu à de nombreuses reprises que ce soit d’abord en qualité de tête d’affiche mais aussi en tant qu’invité par d’autres artistes.
Il venait cette fois présenter son nouvel album Celtic Sea et avait demandé à se produire plutôt au Théâtre, lieu plus intime que le Chapiteau de l’Espace Jean-Pierre PICHARD. Trois représentations s’y sont déroulées.
Carlos était accompagné de ses inlassables partenaires, Pancho ALVAREZ (guitare, bouzouki), le canadien Jon PILATZKE (violon), l’accordéoniste basque Itsaso ELIZAGOIEN, la violoniste catalane Maria SANCHEZ et Bleuenn LE FRIEC, une harpiste bretonne installée en Galice, sans oublier bien sur son frère Xurxo (batterie, percussions).
La première partie du spectacle était consacrée au nouvel album. Il s’agissait là d’une symphonie instrumentale, une croisière musicale, en lien avec la compagnie maritime Brittany Ferries qui a célébré ses cinquante ans. Ce voyage mettait en avant l’Interceltisme, une notion chère à son auteur. Les musiciens nous transportaient pour faire escale en musique autour des huit Nations Celtes de l’Arc Atlantique, avec au passage d’autres étapes intermédiaires. Carlos se faisait aussi régulièrement conteur.
Le titre phare Mare Brittanicum March, par ailleurs appelé à devenir l’hymne de la Brittany Ferries, a bénéficié du renfort d’un bagad uniquement composé de jeunes sonneurs formé spécialement pour le FIL, rendant l’interprétation à la fois puissante et émouvante.
Les musiciens ont ensuite offert un concert plus classique. On retrouvait les incontournables, A Costa de Galicia et Marcha do Entrelazado. Une chanson The Moon Says Hello était interprétée par les deux violonistes.
L’un des moments solennels et d’une grande profondeur aura sans conteste été l’interprétation de Dum Pater, hymne médiéval de tous les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Dans le même recueillement, bien que plus surprenant, le sonneur breton Hervé LE FLOCH a entamé Amazing Grace dans les allées du Théâtre avant que les musiciens sur scène ne lui emboîtent le pas.
Carlos prépare un album consacré à des compositions aux consonances celtiques imaginées par Ludwig VAN BEETHOVEN. Il en a donné un avant-goût.
Le sonneur évoquait aussi ses souvenirs et ses expériences avec le FIL, n’oubliant jamais de vanter les mérites de Lorient et de la Bretagne dans la construction et le développement de cet Interceltisme.
Enfin, comme à l’accoutumée, avec à nouveau le concours du bagad des jeunes, les inoxydables et indispensables Saint-Patrick An Dro, Green Lands et Aires de Pontevedra ont conclu, de belle manière et devant une public debout et enthousiaste, un concert généreux.
Article réalisé par Didier Le Goff
Lire notre entretien avec le Directeur du FIL, Jean-Philippe MAURAS.
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Site du Festival : https://www.festival-interceltique.bzh