Fred FRITH – Middle of the Moment

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Fred FRITH – Middle of the Moment
(ReR/FRO05/Orkhêstra)

C’est la seconde collaboration de Fred FRITH avec les cinéastes Nicolas HUMBERT et Werner PENZEL, cinq ans après Step across the Border. Mais cette fois, FRITH n’est plus à l’image et se contente du rôle de compositeur de la B.O., au sens quasi traditionnel du terme. Là encore, il a cherché à développer, à travers la seule matière musicale et sonore, un parallèle narratif au film, qui a été conçu comme un poème cinématographique sur le thème du nomadisme vécu ici et maintenant, sur un mode ancien comme sur un mode moderne.

On retrouve donc dans la bande son frithienne les interventions instrumentales, chantées ou parlées de tous ceux qui ont été filmés par HUMBERT et PENZEL, à savoir deux tribus touaregs du Sahara (dont une chorale féminine), des membres de la troupe expérimentale Cirque O, avec force accordéons et violons, le GNAWA EXPRESS de Tanger, le poète Robert LAX ainsi que toutes sortes de bruitages liés à la vie quotidienne dans le désert ou dans l’enceinte d’un cirque, à savoir camions, animaux, tempêtes, public, trains, feux de camp, engueulades, etc.

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Le travail de FRITH a donc principalement porté sur ce matériau enregistré en divers lieux qu’il a reconstruit, ou déconstruit puis réassemblé, ou qu’il a parfois laissé aussi tel quel. Il y a bien quelques interventions « externes » à ce matériau, évidemment improvisées, de la part de FRITH (toujours aux guitares, violons, basses, claviers, percussions…) et d’autres musiciens (dont Tim HODGKINSON aux clarinettes et au sax alto), mais dans l’ensemble Fred FRITH a préféré jouer la carte de la retenue compositionnelle.

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Les sons, les musiques et les chants du film parlent d’eux-mêmes, mais ont été redéfinis pour créer un environnement parallèle à celui du film, comme un processus de « réflection » qui stimule l’imagination de l’auditeur. L’écoute du CD en dit autant sur le sujet, voire le sens, du film que sur l’approche de FRITH, ses impressions, sa façon de « voyager » à travers le matériau donné pour créer ses propres « scènes » musicales.

C’est finalement le propre nomadisme sonore de FRITH qui est aussi donné à entendre dans Middle of the Moment. Et quand bien même cet album ne peut raisonnablement se confondre avec tout autre disque de musique ethno-ambient, il s’en dégage une profondeur méditative qui nous renvoie le sujet et l’environnement du film avec plus de résonance et d’acuité qu’on ne l’aurait imaginé. De quoi réveiller les âmes pèlerines…

Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°16 – novembre 2004)

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