FREE SALAMANDER EXHIBIT
au Festival Rock In Opposition
à Cap Découverte (81)
le 15 septembre 2018
Commençons par évacuer toute confusion. Les noms Nils FRYKDAHL, Dan RATHBUN, David SHAMROCK et Michael MELLANDIER vous disent quelque chose ? « Ouais, SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM ! Chic, ils sont de retour ! » Ben non, même si on était tentés de le croire. D’abord parce que la violoniste et chanteuse Carla KHILSTEDT ne fait pas partie de cette nouvelle aventure, pas plus que le batteur et percussionniste Mathias BOSSI, ce qui change quand même un peu la donne. En revanche, un certain Drew WHEELER a été embauché pour jouer divers instruments plus ou moins extra-terrestres (guitare, carillon, theremine, « waterphone »).
Ceux qui avaient assisté au concert de SGM au Festival RIO de 2010 se souviennent sans doute de cette histoire de salamandre débitée par Nils FRIKDAHL… Voilà qui corroborerait l’idée que, de SGM à FREE SALAMANDER EXHIBIT, il n’y a qu’un pas. Mais n’allez pas croire que FSE ne serait autre que SGM déguisé, même si tous les membres de FSE débarquent déguisés sur scène ! Ce ne sont pas les mêmes déguisements, voilà tout !
Pour l’édition 2018 du RIO, les FREE SALAMANDER EXHIBIT sont apparus affublés de costumes en toile de jute (pas très seyants pour jouer!) et l’usuel maquillage façon KISS en mode plus primitif et pas du tout glam. Et encore, les FSE ont l’habitude lors de leurs concerts de porter des masques d’animaux énormes qu’ils se voyaient toutefois mal trimballer par avion de leur Californie d’adoption jusqu’en France ! Alors ils ont opté pour des couvre-chefs en toile plus légers, mais pas moins « art brut » !
C’est ainsi qu’ils ont descendu processionnellement les escaliers de la salle « Robert-Wyatt » de la Maison de la musique de Cap’Découverte en jouant de la flûte, du bariton… dans la pénombre (effet « film d’horreur » garanti !) avant de débarquer sur la scène et de lâcher un son bien métallique, avec ces voix rauques d’outre-tombe typiquement thrash. Je sais, ça fait quand même beaucoup de points communs avec… de qui on parlait déjà ?
Mais la particularité de FSE est d’avoir patiemment construit un univers théâtral, sonore et un répertoire qui lui sont propres, mêlant instruments rock usuels et d’autres plus singuliers : carillon, dulcimer, guitare « percussive », trompette, theremin, tangularium, waterphone ou encore un – respirez ! – « double-bladed cat sneeze ». Les FSE ont décidément le sens de l’artisanat !
Après tout, il faut savoir mettre les petits plats dans les grands pour se distinguer dans cette jungle de l’« art-rock (in opposition) » que FSE laboure avec un mélange de brutalité et de sophistication, brassant une quantité hallucinante d’élements stylistiques disparates qu’ils assimilent à des « fientes musicales et littéraires (…) distillées en impulsions créatives engagées dans la mémoire et ensuite oubliées ».
La nature de la mémoire, de la conscience, voilà précisément les préoccupations philosophiques à partir desquels FSE a écrit les textes de ses compositions à tiroirs gravées en 2016 dans son album Undestroyed, dont la musique est évidemment aussi ésotérique et absconse. Les titres parlent d’eux-mêmes : Oxen of the Sun, Time Master, Unreliable Narrator, Atheists’ Potluck…
Le seul morceau sur lequel ils ont emprunté les mots d’un autre est singulièrement le morceau éponyme à l’album. Ces mots sont effectivement ceux tirés des Écrits de prison du militant de l’AIM (American Indian Movement) Leonard PELTIER, célèbre prisonnier politique depuis 1976 dont la libération a été maintes fois réclamée… FSE a rendu hommage à son combat dans une composition épique à la structure très « avant-prog’rock » qui s’est avérée être un point fort de ce concert (comme elle l’était déjà sur le disque).
Le groupe a de plus interprété des compositions non incluses dans Undestroyed, comme Who Will Speak for me ?, Incident at Stony Pine Brook, Anxiety of Influence, Porter’s Jig, qui annoncent un futur album…
Avec FSE, la surprise est constante sur chaque morceau, tant les rythmes acérés et les textures épineuses du métal-folk-avant-prog-science-fictionesque et socialo-politico-métaphorique de ces zombies néanderthaliens a de quoi dérouter les habitudes sonores d’un public pourtant aguerri en principe aux extrémismes artistiques. Et quand se met à débarquer sur scène un groom de service qui se débat avec des valises, on se dit que, sur le terrain de l’excentricité théâtrale comme de la complication musicale, FSE est imbattable !
Vous cherchiez l’OVNI roswellien du festival ? Vous l’avez trouvé ! « Utopian cyber-hippie, this is your world now. »
Site : http://freesalamanderexhibit.com/
CD : FREE SALAMANDER EXHIBIT – Undestroyed (2016, Web of Mimicry)
Article et Photos : Stéphane Fougère
Lire le compte-rendu du Festival Rock In Opposition 2018.
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