Gong LINNA – Chinese Folksongs

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Gong LINNA – Chinese Folksongs
(ARC Music)

La première fois qu’elle est montée sur scène pour chanter, elle n’avait que cinq ans. Depuis, Gong LINNA n’a cessé de perfectionner son chant au conservatoire, s’est produite en soliste dans plusieurs orchestres réputés et a accumulé les récompenses et premiers prix. Son succès en Chine, qui n’a d’égal que sa méconnaissance chez nous, ne l’a cependant pas empêchée de remettre en cause sa pratique de l’art vocal folklorique et de chercher à l’étendre, afin d’éviter de se transformer en artiste formatée au style uniformisé (et à moitié occidentalisé).

Constatant que la musique populaire chinoise faisait peu de cas des caractéristiques vocales régionales, la jeune Gong LINNA est allée effectuer des recherches sur le terrain, dans plusieurs provinces reculées de la Chine, à la rencontre de chanteurs encore détenteurs de styles de chant ruraux, lesquels ont évidemment tendance à disparaître du quotidien devant ces passe-temps symboles de la modernité que sont le transistor et le tube cathodique.

Gong LINNA a ainsi acquis d’autres techniques de chant qui lui ont permis d’accroître sa personnalité vocale, à l’ambitus assez large. Perçante et cristalline, la voix de Gong LINNA a impressionné le public du Babel Med, où elle s’est produite en mars 2008. Chinese Folksongs est son premier CD à paraître sur le marché européen et, comme son titre générique l’indique, est majoritairement constitué de chants folkloriques provenant de plusieurs régions chinoises (Ghuizou, Fujian, Hebei, Shaanxi, Anhui, Shanxi, etc.).

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Cependant, les versions qu’en donne Gong LINNA dépassent le cadre de l’interprétation folklorique normative. À vrai dire, puisqu’on ne sait si ces chants étaient à l’origine accompagnés ou non de musique, Gong LINNA ne s’est embarrassée d’aucun préjugé et a opté pour des arrangements résolument novateurs et inédits, signés du cithariste Lao LUO, qui font intervenir des instruments traditionnels chinois mais aussi classiques. Elle est ainsi accompagnée selon les morceaux par diverses combinaisons instrumentales : soit une formation en apparence traditionnelle, avec sheng (orgue à bouche), dizi (flûte de roseau), yangqin (tympanon), suona (hautbois) et violoncelle ; soit avec un quatuor à cordes (violons, alto et violoncelle) ; soit en duo avec Lao LUO. Un seul chant est interprété a capella.

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Deux chansons ne sont pas à proprement parler traditionnelles, mais inspirées par le folklore : leur musique est en fait composée par le producteur de l’album, Robert ZOLLITSCH (connu pour avoir travaillé avec d’autres chanteuses asiatiques à la démarche défricheuse, notamment la Mongole Urna CHAHAR-TUGCHI).

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Tout en ravivant ces mélodies chargées d’Histoire et ces textes inspirés par la flore et les paysages chinois et par les affaires de cœur (par définition universelles), Gong LINNA met surtout en évidence à travers cet album la profondeur et la richesse stylistique de ses remarquables qualités vocales (certains la comparent même à BJÖRK !) ainsi que le caractère pionnier de sa démarche, qui l’inscrit pleinement dans le champ musical actuel des musiques du monde évolutives. Voilà une voix et une voie qui devraient sans problème impressionner les amateurs d’étrangetés extrême-orientales.

Stéphane Fougère

Site : www.gonglinna.com

Label : www.arcmusic.co.uk

(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°39 – été 2008)

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