GRANDVAL – À Ciel Ouvert
(Autoproduction)
Henri VAUGRAND, alias GRANDVAL, journaliste, chroniqueur, grand amateur de rock progressif ou pas et lui-même bassiste, avait depuis longtemps ce rêve d’album très personnel que tout musicien chevronné garde au fond du cœur sans toujours passer à l’acte. Acte et album il y a désormais, et l’acte n’est pas manqué, aboutissant à un album étonnant à la fois grave et jouissif, par certains côtés très amateur et par d’autres incroyablement pro, et profondément marqué par la nature, les loups et la folie des hommes.
Il faut d’abord dire qu’Henri VAUGRAND ne s’est pas lancé dans son aventure d’album sans de très sérieux musiciens pour l’épauler. Et il faut tous les citer, car ils sont prestigieux, à avoir pas moins de quatre guitaristes, Steph HONDE, Jean-Pierre LOUVETON, Kevin SERRA et Colin TENCH, plus le batteur Martial SEMONSUT, Henri VAUGRAND chantant toutes les parties vocales, jouant de la basse, des guitares acoustiques et électriques, des claviers, et assurant les programmations. Fort bien que tout cela me direz-vous, mais pour quel résultat au final ?
Henri VAUGRAND appelle son style « crossover prog », qualificatif obligé et bien trouvé du fait des genres absolument multiples en mélange dans son album. Pour faire plus simple, appelons ça du rock progressif chanté en français, ce qui classe d’emblée les huit titres d’À Ciel Ouvert dans la lignée musicale de groupes comme ANGE, MONA LISA ou ATOLL. Très personnellement, dans ce contexte-là, je ne boude pas mon plaisir à chacune des réécoutes des 52 minutes de l’album. J’ai pu voir tous ces groupes sur scène à leur grande époque et je n’ai qu’à fermer les yeux pour qu’À Ciel Ouvert me replonge illico dans ces années 1970 inoubliables.
Pourtant, oui, je le sais et je ne l’oublie pas, l’album d’Henri VAUGRAND date de 2016. Mais manifestement pas ses racines et ses influences, et c’est si bon. D’autant plus qu’À Ciel Ouvert est excellemment pensé, composé et interprété. Un véritable régal si on ne compte pas quelques faiblesses. La première et la plus mineure, que certains chroniqueurs ont pris un malin plaisir à remarquer voire à grossir, est que, d’évidence, Henri VAUGRAND n’est pas un vrai chanteur.
OK, c’est audible, mais force est quand même de constater qu’il s’en tire plutôt bien dans ce domaine. En tout cas, ce n’est pas la vraie critique que je ferais à cet album. Je dirais plutôt, à l’instar du webzine NeoProg, que ça manque sérieusement de claviers et plus spécifiquement de solos de synthés. Je modère cependant immédiatement ma remarque. Car un album suppose une esthétique et par-delà un choix concernant les instruments. Et Henri VAUGRAND a clairement fait le choix de la guitare. C’est son option maximalisée et démultipliée et on ne peut pas formellement la lui reprocher, parce là, franchement, c’est du très grand art.
Alors tant pis pour les orgues, les pianos, les nappes et les solos de synthés bien aériens qui foisonnent dans les bons albums de rock progressif, ce sera peut-être pour un prochain album. Et attendant, je le redis pour être bien compris, j’adore cet album et je le réécoute chaque soir depuis que je l’ai reçu avant de m’endormir, c’est mon dernier plaisir du jour, un vrai plaisir, je vous l’assure.
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Frédéric Gerchambeau