Kepa JUNKERA – Hiri
(Elkalarnean / L’Autre Distribution)
Kepa JUNKERA est sans conteste le trikitilari (joueur d’accordéon diatonique basque) le plus célèbre et le plus atypique. Pionnier d’un instrument maintenant reconnu dans le monde entier, c’est aussi un aventurier charismatique qui n’hésite jamais à se livrer à des rencontres musicales percutantes et passionnantes.
L’enfant de Bilbao a débuté en puisant aux sources de la tradition avec sa famille. Depuis 1986, il a sorti quatorze albums, a collaboré dans plus d’une trentaine d’oeuvres (avec des artistes comme Carlos NUÑEZ, Dulce PONTES, THE CHIEFTAINS, LA BOTTINE SOURIANTE…). Il intervient comme producteur d’autres musiciens ou de groupes, basques pour la plupart et est même professeur au Centre supérieur de Musique basque de San Sebastian.
Défenseur de l’identité culturelle basque, Kepa JUNKERA invite celle-ci à sortir d’elle-même pour aller à la rencontre du monde. Le titre de son album Hiri signifie à la fois « cité » et « à toi ». Kepa JUNKERA nous embarque dans des lieux aux noms évocateurs (Tatihou), cités réelles (Buenos Aires, Napoli, Agadir…) ou fantasmées.
On trouve dans ce disque tout ce qui fait la singularité du musicien : des instruments traditionnels basques, des invités prestigieux (Gilles CHABENAT, Patrick VAILLANT, le quatuor vocal BULGARKA, Mercedes PEON ou encore l’Italien Enzo AVITABILE), une balade aux confins des grands espaces du monde entier, dans des paysages de mer, de ciel et de terre où s’entremêlent toutes sortes d’ambiances ethniques contemporaines.
Hiri est un disque comme une symphonie pour pays basque et reste du monde.
Frantz-Minh Raimbourg
(Chronique orginale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°36 – novembre-décembre 2007)
Kepa JUNKERA – Bilbao 00:00 h
(Resistencia)
Que peut bien faire Kepa JUNKERA à Bilbao à minuit, avec son fidèle trikitixa (accordéon basque) sous le bras ? La fête ? L’enregistrement d’un disque ? Ou plutôt les deux ! Car cette fois-ci, notre accordéoniste a lancé un paquet d’invitations auxquelles ses amis musiciens se sont empressés de répondre. Ils sont venus du monde entier pour enregistrer cet album, et ils sont venus tellement nombreux que ça a donné un double CD. Il faut dire qu’avec une cinquantaine de musiciens sur les bras, Kepa JUNKERA avait intérêt à avoir pas mal de compositions en réserve (quasiment toutes sont de lui) et quelques idées d’arrangements suivant les rencontres musicales possibles.
En effet, se côtoient ici des musiciens espagnols, irlandais ou écossais (Javier PAXARIÑO à la clarinette et au saxophone soprano, ainsi que des grands noms du » celtique » : Carlos NUÑEZ à la flûte, Xosé Manuel BUDIÑO à la gaita et au uillean pipe, Phil CUNNINGHAM aux piano, flûte et accordéon, Alasdair FRASER au violon, Paddy MOLONEY à la flûte, Mairtin O’CONNOR à l’accordéon, Liam O’FLYNN à l’uillean pipe), mais aussi Justin VALI (chant et valiha de bambou) venu de Madagascar orner de ses cordes huit morceaux, dont un de sa composition, le superbe Fali-Faly qui donne prétexte à une succession folle de solos d’accordéon, de valiha, de violon, de flûte et de banjo.
Quelques groupes de passage sont venus faire un tour le temps d’un morceau avec le trikitixa du maître : les Québécois de LA BOTTINE SOURIANTE, qui ouvrent le disque avec un air traditionnel au ton jazzy, Arin Quebec, les trois Suédois de HEDNINGARNA (sans les filles) sur un Bok Espok qui mettrait en transes n’importe quel accordéon, et enfin les Basques d’OSKORRI pour un pétillant hommage (Arin-Oskorri) composé par leur hôte pour leur 25e anniversaire et qui devrait leur donner du cour à l’ouvrage pour au moins encore aussi longtemps.
Kepa JUNKERA nous offre ici plus de 2 heures de musique pour faire la fête et, les jours sans fête (ça arrive !) on peut écouter ce double CD tranquille en feuilletant les 140 (!) pages du luxueux livret central et en lisant les textes (traduits à la fin) qui présentent chaque morceau. Non, l’accordéon n’est pas un instrument ringard et fini ! Heureusement pour lui, il a trouvé un maître qui a su lui redonner un souffle nouveau et vivifiant.
Sylvie Hamon
(Chronique orginale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°5 – octobre 1999)
Site : www.kepajunkera.com