Klaus SCHULZE – Deus Arrakis

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Klaus SCHULZE – Deus Arrakis
(SPV Recordings)
Et de cette musique surgira le chagrin. Avant de rejoindre les étoiles et comme pour nous dire au revoir, Klaus SCHULZE nous offre (avec l’aide de son ami Tom DAMS comme producteur) cet album d’une obscure beauté. Deus Arrakis est un voyage électronique dans l’au-delà, à la fois poétique et cosmique, composé de trois pièces fantastiques : OsirisSeth et Der Hauch des Lebens (que nous pourrions traduire par « Le Souffle de la vie »).  Comme vous pourrez le constater au regard de deux de ces titres, KS nous transporte au cœur de l’Égypte Antique et de ses divinités.

Au cours de sa carrière, il faut rappeler qu’il aura par sa musique rendu hommage à la science fiction (Frank HERBERT et Dune, le film Silent Running de Douglas TRUMBULL) et à des personnages historiques (les albums X et Audentity avec le morceau Sebastian im Traum).
Avec Deus Arrakis, Klaus et ses fabuleuses machines ont rejoint l’éternité étoilée et reposent désormais au paradis céleste des dieux. Il est lui-même un dieu (le dieu du rêve) et sa formidable pyramide constituée de son impressionnante discographie s’élève ainsi dans les airs pour explorer l’infini spatial.
Avec Osiris, c’est dix-huit minutes de pure merveille. Il s’agit de l’un de ses plus beaux titres depuis bien longtemps. Et par conséquent, il paraît peu probable de trouver le temps long devant ces envolées déchirantes, cette mélancolie qui vous serre le cœur.
Le titre suivant, Seth, est assez terrifiant avec ces déflagrations sonores au tout début. C’est une pièce qui s’avère nettement plus sombre et d’une grande tristesse, amplifiée dès l’arrivée du violoncelle du fidèle Wolfgang TIEPOLD. Son jeu rappelle parfois celui de Dune, car il arrive à créer un paysage unique de solitude et d’austérité quasi-sacrée.
Cette pièce est la parfaite incarnation sonore de cette divinité des temps anciens (pour rappel, Seth est le frère d’Osiris ; il est le dieu du désordre, du chaos), car elle est d’une grande complexité et d’une grande richesse, se dressant comme un labyrinthe sinueux, dangereux et obscur où tout le savoir-faire de KS (les détails sonores qui s’accumulent et s’ajoutent à la trame principale) et l’accompagnement dépouillé, miséricordieux de TIEPOLD (la synergie brillante entre deux purs esprits) se révèlent une dernière fois. La conclusion de ce long morceau est prenante, dramatique et très sombre, se mouvant avec lenteur, comme si nous assistions à son dernier souffle de vie.
À ceux qui vont découvrir Klaus SCHULZE avec ce disque, cette pièce est à réserver à un public averti ; elle est complexe et assez déroutante. Ce n’est pas une musique facile développant une jolie mélodie sur des rythmes dansants comme peut le faire TANGERINE DREAM. Seth nécessite une écoute sérieuse et demande une certaine réflexion pour comprendre son élaboration et entrer complètement dedans. En fait, c’est le cas pour la plus grande partie de son œuvre : souvenez-vous par exemple de ses albums des années 1990 qui ne sont pas à la portée de tout le monde !
Étonnamment, la dernière grande composition, Der Hauch des Lebens, commence d’une manière plus lumineuse et « space ». Cela ressemble presque à du Steve ROACH. Ce titre donne la drôle impression de pénétrer dans un lieu interdit et sacré, où règne un silence de mort, troublé légèrement par le chant envoûtant d’une prêtresse (incarnée par la voix de Eva-Maria KAGERMANN ; nous ne savons pas grand-chose sur cette chanteuse qui serait née en Suisse en 1972).  Au bout de presque dix minutes, nous retrouvons ces rythmes purement schulziens et ces envolées mélancoliques surgissant comme s’il s’agissait d’un chant d’étoiles mourantes. Cette composition aventureuse à la beauté cosmique marque la fin d’une vie magnifique vouée  pour notre plus grand bonheur à la musique électronique et planante.
Cet album est une vraie réussite et se distingue largement de ses prédécesseurs assez monotones et ennuyeux. Certes, c’est toujours un peu long (75 minutes !) mais ces pièces marquent les esprits par cette aura mélancolique et émouvante, la qualité des mélodies (à la fois simples et complexes) et la puissance de l’instrumentation aussi bien électronique que classique.
Merci pour tout Klaus et bon voyage.
Cédrick Pesqué
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