Klaus SCHULZE : Gone with the (Time)Wind

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Klaus SCHULZE : Gone with the (Time)Wind

La nouvelle a été annoncée par son fils Maximilien sur son compte facebook : le compositeur et multi-instrumentiste allemand Klaus SCHULZE est mort le 26 avril 2022 à l’âge de 74 ans des suites d’une longue maladie. Le pionnier des musiques électroniques planantes avait des soucis de santé ces dernières années, mais son décès s’est produit « de manière soudaine et inattendue »  (sic). Il laisse une œuvre musicale monumentale, haute d’une bonne centaine d’albums.

Si sa carrière a débuté au sein de groupes phares du krautrock (Tangerine Dream à la fin des années 1960, puis Ash Ra Tempel en 1970), sa production soliste a très vite défini une voie musicale bien à lui. Expérimentant avec plusieurs modèles des premiers synthétiseurs avec une inspiration débordante, Klaus SCHULZE s’est vite imposé comme la figure de proue d’une musique entièrement électronique (y compris les percussions) que l’on appellera « l’école de Berlin », avec des albums comme Irrlicht, Cyborg, Blackdance, Timewind, Picture Music, Mirage, X… Outre ses prolifiques œuvres solistes (parmi lesquelles on trouve aussi de notables musiques de films, comme Body Love, Angst, Le Moulin de Daudet…), Klaus SCHULZE a aussi collaboré dans les années 1970 avec plusieurs musiciens allemands qui ont fait l’histoire de la « kosmische muzik », comme Walter Wegmüller (Tarot), Dieter Dierks, Manuel Göttsching, Harald Grosskopf et Jürgen Dollase (The Cosmic Jokers), et s’est investi aussi dans le méga-groupe de jazz-rock fusion Go du percussionniste japonais Stomu Yamasht’a, avec Michael Schrieve et Steve Winwood.

Klaus SCHULZE a de plus fondé le label Innovative Music (1978), et a enregistré plusieurs disques sous le pseudonyme Richard Wahnfried. Au milieu des années 1980, il a délaissé l’enregistrement analogique au profit du digital (Dig it) et a composé à l’aide de séquencers (Trancefer, Audentity, En=Trance) puis, au début des années 1990, a enregistré Beyond Recall avec que des samples de bruitages naturels.

Ses œuvres des années 1990 furent plus tournées vers le jazz et la musique classique : SCHULZE a notamment repris du Wagner, et a travaillé avec des chanteurs d’opéra et des musiciens classiques. Il a aussi développé une longue collaboration avec le musicien trance-ambient Pete Namlook avec la série d’albums The Dark Side of the Moog, tout en poussant son projet Wahfried dans une direction plus technoïde. Plusieurs albums enregistrés en concert ont de même vu le jour durant cette période (The Dresden Performance, The Royal Festival Hall vol. 1 & 2, The Dome Event).

À partir de 2005, les albums phares de Klaus SCHULZE ont fait l’objet de rééditions CD augmentées de copieux bonus sur le label SPV. Mais Klaus SCHULZE n’étant pas du genre à rejouer deux fois la même chose lors de ses concerts, il a engrangé de nombreuses heures de bande d’enregistrements inédits qui ont alimenté la série d’albums La Vie électronique, haute de 16 volumes : les 15 premiers sont des triples CD, le 16e est un coffret de 5 CDs. Tous complètent les imposants coffrets Silver Edition, Historic Edition, Jubilée Edition et Ultimate Edition publiés dans les années 1990 et qui recélaient déjà une pléthore d’inédits. Notons de même ses albums Contemporary Works 1 et 2, le preeier étant un coffret de 10 CDs, et le second un coffret de 5 CDs.

En 2008, Klaus SCHULZE a entamé une collaboration artistique très remarquée avec la chanteuse australienne de Dead Can Dance Lisa Gerrard, avec qui il a enregistré l’album Farscape et plusieurs albums live.

En 2010, ses problèmes de santé ont obligé Klaus SCHULZE à mettre fin à sa carrière scénique. Il a toutefois continué à enregistrer des albums studio, le dernier en date étant Silhouettes, paru en 2018. Début avril 2022, le label SPV a révélé un premier extrait d’un nouvel album qui sortira donc très bientôt à titre posthume, Deus Arrakis, inspiré de l’œuvre littéraire de Frank Herbert, qu’il avait déjà explorée avec Dune (1979).

Tentaculaire, la production artistique de Klaus SCHULZE a inspiré plusieurs générations de musiciens et créateurs, tant dans la musique planante que techno. C’est dire si c’est un monument des musiques électroniques qui disparaît…

Pour une approche détaillée de ses œuvres phares, nous vous renvoyons avantageusement à l’article de Frédéric Gerchambeau : Biographie d’un romantique électronique.

Stéphane Fougère

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