Lars HOLLMER’s GLOBAL HOME PROJECT – Sola

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Lars HOLLMER’s GLOBAL HOME PROJECT – Sola
(Krax/Amigo)

À la suite de l’excellent album Kaka, il semble que le torchon ait brûlé au sein de la formation suédoise SAMLA MAMMAS MANNA. Du coup, la famille a de nouveau craqué (référence « inside » !), suite à des dissensions musicales qui ont entraîné la création de deux clans qui se sont disputé le droit à porter le patronyme originel… Cela n’a manifestement pas empêché l’accordéoniste, claviériste et compositeur Lars HOLLMER de vaquer à d’autres occupations, loin de ces tristes querelles familiales indignes d’un tel groupe. Tout en continuant à s’investir dans le projet ACCORDION TRIBE (qui vient de sortir son second CD), Lars s’est trouvé une nouvelle formation pour continuer à jouer sa musique. Il lui a juste fallu se rendre au Japon pour la trouver !

Ainsi Lars est-il entouré, pour ce GLOBAL HOME PROJECT, de six musiciens exclusivement japonais, fins connaisseurs de musique « samlaïenne », avec lesquels il a joué sur scène au Japon en 2001. Sola rend donc compte de cette collaboration inouïe centrée sur le répertoire solo de Lars HOLLMER, qui présente ici des compositions nouvelles ou plus anciennes, mais dûment réarrangées (Parallel Angostura, Växeltango, Samma Zanzibar, Novelty). Rien qu’à voir l’ampleur de la palette instrumentale, on devine que l’on aura droit à une musique riche en textures et en bigarrures, dans l’esprit du LOOPING HOME ORCHESTRA.

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Aux coutumiers accordéon, mélodica, claviers et orgue à pompe de HOLLMER s’ajoutent clarinette (Wataru OKUMA, du groupe CICALA MVTA), Grand Piano (Kazuto SHIMIZU), violon et piano-jouet (Yuriko MUKOJIMA, du groupe PUNGO), violoncelle et scie musicale (Hiromichi SAKAMOTO), mandoline et guitare (Kei FUSHIMI), et il n’est peut-être pas inutile de signaler que la batterie – puisqu’il y en a une – est tenue par le batteur des RUINS, M. Yoshida TATSUYA en personne !

Fort de cette singulière rencontre au sommet et d’une prise de son qui sonne très « live », Sola livre une musique bariolée, un poil tordue mais toujours raffinée et généreuse, au croisement de la jovialité folklorique, avec son lot de polkas, valses et tangos déviants, du classicisme intimiste, de la suavité jazzy et de la pulsation rock.

Si certains thèmes (Nationsjazz, AKA Session) jouent la carte de l’avant-rock carnavalesque et déluré, d’autres se distinguent par leur lyrisme plus romantique (Ljuva Lägen, Continue), quand d’autres encore affichent une teinte plus dramatique et sombre (Arp. Violin, Yrsa Requem).

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C’est donc un Lars HOLLMER en grande forme que l’on retrouve dans Sola, et dont la verve pianistique et accordéoniste, additionnée au jeu cyclothymique de YOSHIDA, fait contrepoint avec l’aspect « ensemble de musique de chambre » de la formation, qui fait cependant montre d’une interprétation impeccable et bien sentie (ah ! ces lignes de violon et de clarinette !).

Il manque sans doute au GLOBAL HOME PROJECT cette once d’indiscipline et de complicité qui aurait pu le propulser sur les plates-bandes de SAMLA, mais là n’était pas non plus sa raison d’être (il s’en rapproche quand même dangereusement avec des pièces comme Trampumpa).

On peut cependant considérer Sola comme l’un des plus beaux disques de la carrière en solo de Lars HOLLMER, et à côté duquel on aurait bien tort de passer.

Stéphane Fougère

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°12 – décembre 2002)

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