Manuel GÖTTSCHING
Le Nouvel Âge de la guitare électrique
Le 12 décembre 2022, nous apprenons la mort du compositeur, guitariste et claviériste berlinois Manuel GÖTTSCHING (né en 1952), figure pionnière d’une certaine « kosmische musik » dont l’influence est restée vivace, notamment dans le milieu de la musique électronique. Pour lui dire au revoir, RYTHMES CROISÉS exhume un article réalisé il y a plusieurs années (en 2006), mais qui, pour des raisons demeurées obscures, n’a jamais été publié dans TRAVERSES.
Très souvent abordée et aussi particulièrement appréciée par l’équipe de TRAVERSES, la musique électronique des années 1970 est une fois encore à l’honneur. Après s’être intéressés aux allemands de TANGERINE DREAM, Klaus SCHULZE, au Krautrock en général, ou pour la France à HELDON et Richard PINHAS, continuons notre hommage envers un autre musicien, une figure de la musique planante, de la Kosmische Musik. L’un des représentants du mouvement allemand, plus précisément de l’école de Berlin, Manuel GÖTTSCHING, nous fait le plaisir d’être au-devant de l’actualité, certes discrète mais bien réelle.
L’année 2006 marque en effet les 25 ans de l’album E2-E4, et l’occasion est donc venue de nous intéresser à ce musicien plutôt discret. Car Manuel GÖTTSCHING a sorti récemment, sur son propre label MG.ART créé en 2002, pas moins de trois CD intitulés respectivement E2‑E4 Live, Concert For Murnau et Die Mulde, auxquels s’est ajouté un disque en collaboration avec Joaquin Joe CLAUSSEL. Cela est donc suffisant pour nous replonger dans l’histoire fabuleuse d’un magicien du son, dont les motivations ont toujours été guidées par trois règles : Exploration, Innovation et Émotion. TRAVERSES vous invite donc à découvrir son actualité bouillonnante, mais aussi à revenir sur sa carrière pour tenter de mieux cerner le secret qui se cache derrière cette entité énigmatique qu’est ASH RA TEMPEL.
Tout comme Richard PINHAS avec HELDON ou Edgar FROESE avec TANGERINE DREAM, le nom de Manuel GÖTTSCHING évoque son groupe ASH RA TEMPEL. Les deux sont indissociables, liés par les liens du sang : le sang du rock’n’roll et de l’électronique qui coule dans leurs veines depuis le début des seventies, et qui a donné naissance à une œuvre aussi passionnante que celles de ses compatriotes cités plus haut.
ASH RA TEMPEL a vu le jour en 1970 et se compose de Manuel GÖTTSCHING (guitare, électroniques), Harmut ENKE (basse) et du célèbre Klaus SCHULZE (batterie). Ce dernier vient de quitter TANGERINE DREAM après son premier album, Electronic Meditation.
En 1971, sort l’album éponyme Ash Ra Tempel sur le label Ohr produit par le légendaire Conny PLANK, qui a travaillé avec CLUSTER, KRAFTWERK, KILLING JOKE, HUNTERS & COLLECTORS. Deux longues pièces de 19 et 25 minutes, Amboss et Traummaschine, affirment clairement la ligne directrice musicale du groupe : une ambiance lancinante, une sorte d’incantation sonore cosmique entre électronique et rock psychédélique. Il témoigne d’une volonté de bidouiller quelque chose de nouveau, qui se démarque de la culture rock anglo-saxone et américaine. La même année, SCHULZE quitte le Temple, pour mener une carrière solo des plus exemplaires, qui commence avec Irrlicht. Mais, cela est une autre histoire !
Manuel GÖTTSCHING devient le seul maître à bord, l’âme du groupe et sa principale force créatrice. L’inspiration étant au rendez-vous, ASH RA TEMPEL va sortir, sous diverses formations, quatre albums entre 1972 et 1973.
Il y a d’abord l’hypnotique Schwingungen, enregistré en février 1972 et qui contient trois titres (Light/Look at Your Sun ; Darkness/Flowers Must Die et le minimaliste Suche and Liebe, puis le fabuleux Seven Up enregistré à Berne en août 1972, paru sur Die Kosmischen Kuriere, et contenant deux pièces, Space et Time, livrant un subtil mélange de rock-blues, d’électronique et de psyché, où figurent des musiciens d’AGITATION FREE et le mythique prophète pourvoyeur de LSD, Timothy LEARY.
Ensuite, sort en 1973 le superbe Join Inn, toujours sur le label Ohr. Enregistré en décembre 1972, A.R.T. comprend alors GÖTTSCHING, ENKE, la chanteuse Rosi MULLER et de nouveau en invité, SCHULZE (batterie, orgue…). Jenseits, le deuxième morceau, reste un bel exemple de musique planante et cosmique : peut-être la plus belle composition du ASH RA TEMPEL de cette époque, avec Time figurant sur Seven Up, à l’esprit très floydien.
Il apparait un nouveau changement de personnel avec la parution de Starring Rosi, enregistré en juillet-août 1973. Auprès de Manuel (guitare, basse, synthé, mellotron …), nous retrouvons Rosi (chant, concert harp…), Harald GROSSKOPF (batterie) et Dieter DIERKS (succédant à ENKE, à la basse). Starring Rosi est un bon album de guitare et de rock typiquement 70’s, accompagné par la jolie voix de Rosi. Les sept compositions sont moins marquées par cette atmosphère planante et sont aussi nettement plus courtes, allant de 2 à 8 minutes, mais elles demeurent agréables à l’écoute. Ce disque est le dernier enregistrement avec un tel collectif.
Un nouveau chapitre commence en 1974, lorsque Manuel GÖTTSCHING enregistre en juillet-août, dans son propre studio (Studio Roma), un album d’une grande modernité : Inventions For Electric Guitar, dernier album sorti sur Ohr en 1975, est crédité en tant que sixième album de ASH RA TEMPEL ; mais, en fait, étant seul aux commandes, il est considéré comme sa première tentative en solo. C’est un disque aventureux, certes complexe ou parfois ennuyeux pour certains, mais il est la porte ouverte à un certain minimalisme et au désir d’expérimenter, où l’influence de Steve REICH, Philip GLASS et Terry RILEY est évidente.
Loin de tout l’attirail électronique utilisé par TANGERINE DREAM, Manuel préfère se servir d’un seul instrument, la guitare électrique, dont il explore les possibilités pour créer quelque chose d’unique avec de magnifiques effets sonores sur les longs morceaux Echo Waves et Pluralis. Débarrassé de ce rock-psyché des premiers A.R.T., Inventions for Electric Guitars est un album visionnaire, avec, pour reprendre les termes de KDM, « various normal, half speed, double speed ans rhythm guitar tracks ». Il livre des sons répétitifs extraordinaires, d’une rare poésie quasi-cosmique, atteignant une émotion jamais égalée et toujours présente aujourd’hui. Nous faisons allusion ici au deuxième titre, le plus court des trois et intitulé Quasarsphere. Ses six minutes sont un grand moment de musique, déchirant et inoubliable à la fois. Par son jeu d’une grande précision, clair et limpide, GÖTTSCHING s’avère être un excellent guitariste ; à mon avis, il surpasse même Edgar FROESE. Sa musique fascine, car il a su mêler l’univers de l’électronique (représenté par l’orgue Farfisa, l’ARP Odyssey, l’ARP Sequencer, l’Ems Synthia, l’Eko Rhythm Computer…) à celui du rock et de la guitare (Gibson Les Paul, Stratocaster). L’alchimie entre les machines et la guitare est perceptible sur les autres disques de Manuel, parus sous le nom d’ASHRA.
Le « TEMPEL » disparaît, annonçant une nouvelle ère, déjà amorcée par la signature d’un contrat avec « Virgin Records London » au printemps 1977. Ce son de guitare, notamment influencé par la musique californienne, fusionnant avec les fluides nappes synthétiques, reflètent l’univers de Manuel GÖTTSCHING/ASHRA.
Les albums solo New Age Of Earth (1976-1977) et Blackouts (1977-1978) témoignent de cette harmonie. L’atmosphère en devient nostalgique et émouvante. Cette mélodieuse musique atteint son apogée sur Dream And Desire, datant de 1977 (Spalax 1991). Celui-ci reste encore maintenant un très beau disque imprégné d’une mélancolie renversante.
Dès 1977, et la tournée faisant suite à New Age Of Earth, ASHRA apparait sur scène sous la forme d’un trio, en août à Londres, puis en automne de la même année. Le guitariste est entouré de vieilles connaissances : Harald GROSSKOPF à la batterie et Lutz ULBRICH à la guitare et aux instruments électroniques. Ce dernier a joué dans AGITATION FREE et a déjà tourné avec Manuel en 1974 (le 6 décembre à la salle Wagram de Paris) et en 1975 (tournée passant en Angleterre, en Allemagne et en France dont Arles et Cannes au mois d’août). Ils utiliseront d’ailleurs le rappel de cette prestation cannoise et enregistreront d’autres pièces, la même année, pour l’album Le Berceau De Cristal (Spalax, 1993). Cette « musique pour faire rêver » sera utilisée pour le film éponyme de Philippe GARREL, avec NICO.
Le trio sort ensuite deux assez bons albums qui n’ont plus rien à voir avec les œuvres précédentes aux longs morceaux planants. Correlations en 1979 et Belle Alliance en 1980 montrent un ASHRA dynamique, rock, à la limite entre le disco et la new wave. C’est même carrément dansant, à l’écoute de certains titres, tels que Ice Train, Club Cannibal ou Wudu. En 1989, Lutz et Manuel livreront aussi le magnifique Walkin’ The Desert. À l’origine, cette pièce en quatre mouvements fut jouée en 1988, accompagnée d’un narrateur, dans le cadre du Wüstenklange-Desert Sounds, au Berlin Planetarium. (NICO y donna par ailleurs son ultime concert, disponible sur le CD Fata Morgana.)
La formation GÖTTSCHING/ULBRICH/GROSSKOPF sera dans le temps la plus stable, puisque nous la retrouvons sur Tropical Heat (enregistré en 1985/86, sorti en 1991), puis sur les fabuleux @shra (1998) et @shra Vol. 2 (2002), témoignages de concerts donnés à Tokyo en 1997 ; le groupe qui bénéficie du renfort de Steve BALTES (synthés, électroniques) est très en forme et prouve que, bien après toutes ces années, la musique de GÖTTSCHING & Cie n’a rien perdu de son énergie, de son inventivité et de son avant-gardisme. Les compositions interprétées ces soirs-là sont de grands moments d’électronique, et nous transportent aisément vers les limites de la trance-techno. Un autre CD live à Nimègue, en 1997, et intitulé Sauce Hollandaise (1998), est hélas épuisé (à quand une réédition ?).
Mentionnons aussi la sortie en 1996 d’autres documents « archivistique », comme la série épuisée The Private Tapes : six CDs dont l’intérêt était d’offrir des raretés de 1970 à 1979. Nous nous contenterons du double CD The Best Of The Private Tapes (1998), toujours disponible sur le site officiel, où ressurgit un titre bonus de 1972, Gedanken, paru sur le disque Kosmische Musik, qui ne figure pas sur les Private Tapes d’origine. Ou bien encore en 2002, The Making of avec trois CDs et des versions rares, parfois gigantesques de 30-40 minutes de 1978, révélant le trio dans leur studio en pleine recherche pour le futur album Correlations.
Au niveau de la quantité, la discographie de GÖTTSCHING n’est pas aussi impressionnante que celle de son ami Klaus SCHULZE. À côté d’ASH RA TEMPEL/ASHRA, il faut ajouter des apparitions au cours des années 1970-1990 dans des projets parallèles, des collaborations ou des participations comme « special guest » : par exemple, avec le groupe ALPHAVILLE et l’album The Breathtaking en 1989. Citons rapidement Tarot avec Walter WEGMULLER en 1973, The Cosmic Jokers, Planeten Sit In et Galactic Supermarket en 1974, ainsi que Early Water avec Michael HOENIG (AGITATION FREE) enregistré en 1976 et sorti en 1995, malheureusement introuvable de nos jours (une réédition serait la bienvenue).
Avec Klaus SCHULZE, nous le retrouvons aussi bien sur scène que sur disque : concert à Bruxelles le 28 novembre 1980, tournée européenne de 1981, sur les albums Richard Wahnfried (Tonwelle en 1981), In Blue (1995) et Jubilee Edition (1997) qui propose des extraits de concerts de 1981. En 2000, ils vont même faire renaître ASH RA TEMPEL sous la forme d’un duo pour l’album Friendship (enregistré entre 1998 et 2000) et Gin Rosé (live au Royal Festival Hall de Londres, le 2 avril 2000). Ces deux CDs, sortis sur Manikin Records, ont été longtemps épuisés, mais heureusement ils ont été depuis réédités.
Pour les collectionneurs et les fans irréductibles, n’oublions pas de mentionner l’existence de quelques raretés sur diverses compilations qui, avec le temps, sont devenus des « collectors » très difficiles à acquérir : outre Gedanken, déjà mentionné précédemment, il y a les titres Aquamarine (1986 sur Klem, uniquement en cassette. Il s’agit d’un live à Berlin, du 15/12/1976) et Der Vierte Kuss (1996 sur Rhino, Supernatural Fairy Tales, The Progressive Rock Era, coffret de 5 CDs, contient cette version démo enregistrée le 10/12/1970).
En solo, les trois premiers disques de Manuel GÖTTSCHING ont été affublés de « l’étiquette » ASH RA TEMPEL/ASHRA. En 1981 toutefois, il enregistre, cette fois sous son seul nom et toujours dans son laboratoire, le mythique Studio Roma, le célèbre E2-E4, un disque qui va annoncer le futur de la musique électronique. Il faudra attendre l’année 1984 pour le voir paraître sur le label de SCHULZE, Inteam. Ce prodigieux disque ne contient qu’une seule et longue pièce de presque une heure, découpée en neuf parties. Manuel, à la guitare et aux instruments électroniques, livre une musique totalement hypnotique et minimaliste. En avance sur son temps, E2-E4 va être, par la suite, une œuvre majeure pour la scène techno. Un peu comme KRAFTWERK, il sera copié, samplé, mais heureusement jamais égalé.
Chroniques CD
E2‑E4 Live (2005, MG.ART)
Ce « maxi CD » permet d’apprécier une version live de l’une des créations les plus emblématiques de Manuel GÖTTSCHING. Il l’a interprété accompagné de l’ensemble ZEITKRATZER le 25 mars 2005 à Berlin (Volksbühne). Dommage que cette performance ne dure que 20 minutes à peine (rappelez-vous que la pièce d’origine fait presque une heure !). La version en effet gagne en densité émotionnelle qui manque peut être à la version 100 % électronique de l’album sorti en 1984. La froideur des machines fait place à une chaleur colorée inattendue et réjouissante. Cette collaboration entre le guitariste et l’ensemble contemporain ne manque pas d’imagination. La guitare privilégie les sonorités classiques. L’orchestre est très convaincant avec cette pièce complexe en lui redonnant vie, en livrant une musique lancinante, répétitive, qui va crescendo.
Concert For Murnau (2005, MG.ART)
En 2002, Manuel s’est vu proposer par les organisateurs du festival de films Braunschweig à Brunswick, de composer pour l’année suivante, la musique d’un film muet. Le film en question est intitulé The Haunted Castle du célèbre réalisateur F. W. MURNAU (Nosferatu, Aurore, Faust, Tabou…), et date de 1921. Cette musique fut jouée en totale synchronisation avec les images du film, le 31 octobre et le 1er novembre 2003, avec le Staatsorchester Braunschweig et dirigé par Marc NIEMANN. Manuel a ainsi composé une musique à la fois électronique, classique et orchestrale (comprenant un violoncelle, deux violons et deux cors). Sur ce CD, nous avons le plaisir d’entendre cette œuvre dans l’ordre exact où elle fut présentée, et pratiquement dans son intégralité. Nous retiendrons de très beaux moments : par exemple, le fantastique The Party, pur joyau de grande musique de presque 10 minutes, ou un émouvant duo (notamment sur Demaskierung) entre les cors et les instruments électroniques. Ce concert pour MURNAU montre, pour la première fois, Manuel GÖTTSCHING réunissant admirablement l’univers du classique et de l’électronique.
Die Mulde (2005, MG.ART)
Ce disque contient une superbe pièce électronique dans la grande tradition du genre, composée à l’origine en 1997, pour l’installation de 34 miroirs à Höfgen, à proximité de la rivière Mulde (disponible aussi sur une vidéo), et remixée pour l’occasion. Seulement disponible en version vidéo, ce CD propose enfin cette impressionnante pièce éponyme d’une durée de 40 minutes. Elle est un hymne sensationnel de musique électronique. Nous sommes transportés par les sons spatiaux et mélancoliques de ce morceau gigantesque. Certains se replongeront, non sans une certaine nostalgie, au temps de New Age Of Earth ou Dream And Desire (1976-1977). L’autre titre bonus est un inédit de 32’16. En fait, l’architecture musicale de Hp Little Cry ne date pas d’hier. Manuel GÖTTSCHING, l’avait déjà crée en 1981, à l’aide d’un Prophet 10. Seule, la guitare a été rajoutée et enregistrée en 2004.
Joaquin Joe CLAUSSELL meets Manuel GÖTTSCHING (2006, MG.ART)
Ce disque fera sans doute dresser les cheveux des puristes, mais reflète assez bien l’esprit de Manuel GÖTTSCHING, qui refuse l’immobilisme en acceptant de revisiter sa musique. Il s’agit d’une rencontre entre deux musiciens, deux écoles reliées par un même lien, celui d’aller de l’avant tout en n’oubliant pas le passé. C’est cela aussi la musique: construire, déconstruire pour apporter un nouveau souffle. La musique est une aventure sonore en perpétuelle mutation. Ce disque en est la preuve flagrante et le résultat est assez réussi.
Il contient trois titres, enregistrés live, de Manuel GÖTTSCHING (Bataclan à Paris, le 14 décembre 1976) et de ASHRA (Quartier Latin à Berlin, le 19 août 1979). Mais, il ne s’agit pas d’un live comme les autres. En effet, ce CD permet de découvrir un autre musicien Joaquin Joe CLAUSSEL. Ce dernier vient apporter sa petite touche en superposant à l’univers de Manuel/ASHRA, des effets sonores et autres rythmes électroniques enregistrés en 2006.
Deux titres sont concernés par cette drôle de collaboration rendue possible par les techniques modernes du studio : Deep(er) Distance extrait du Bataclan, et Ain’t No Time For Tears avec ASHRA en 1979. Ces pièces retrouvent une nouvelle jeunesse et un dynamisme foudroyant. Deep(er) Distance, avec ces « additional beatsty », a un côté presque techno, rappelant le live de ASHRA à Tokyo en 1998. CLAUSSEL fait aussi des merveilles sur Ain’t No Time For Tears : sa « sacred Rhythm Version » de plus de 10 minutes bénéficie de l’ajout de « additional percussions transposed, overdubs, tape loops and effects », ainsi que de la présence de Brian MITCHELL (organs).
Ce titre de ASHRA est à 1000 lieux des envolées synthétiques habituelles. Le groupe étonne par sa musique à mi-chemin entre le rock, le jazz rock typiquement 70’s, et même l’ambiance quelque peu latino qui s’y dégage (belle rythmique menée par la batterie de GROSSKOPF et la basse de Mickie WESTPHAL).
Sacrilège diront certains ! Pourquoi rajouter en 2006 divers éléments sonores sur des classiques de musique électronique ? Il faut avouer cependant que cette idée de revisiter ces morceaux tient la route. Cette fameuse rencontre entre GÖTTSCHING version 1976/79 et CLAUSSELL sorte de sorcier sonore du 21e siècle, où 30 ans les séparent, est plutôt la bienvenue. Et puis, il ne faut pas oublier que les puristes peuvent retrouver ces mêmes versions live, dans leur sonorité d’origine, sur The Private Tapes. Réjouissons-nous tout de même de pouvoir apprécier le dernier titre, Shuttlecock, une merveille spatiale et cosmique de 18 minutes, et extrait de concert donné par Manuel à Paris : ici, il n’est pas question de bidouillages de la part de CLAUSSELL, mais seulement d’un grand moment de musique planante.
Article et chroniques réalisés par Cédrick Pesqué
(Article inédit prévu a priori pour TRAVERSES n°20 – juillet 2006 et remanié en 2022)
Site : www.ashra.com/
Page : http://manuelgottsching.blogspot.com/