Terry RILEY – Les Yeux Fermés / Lifespan

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Terry RILEY – Les Yeux Fermés / Lifespan
(Elyson Fields Records)

Merci au label américain Elison Fields de rééditer Lifespan en CD ! Ce disque donne à écouter une facette plutôt rare des œuvres de Terry RILEY, un maître de la musique répétitive et minimaliste qui a fait autre chose que In C (il faut le savoir car ce n’est pas évident lorsqu’on regarde le bac des disquaires). Lifespan est la bande originale d’un film paru en en 1974, dans lequel Klaus KINSKI joue le rôle d’un médecin allumé qui découvre le secret de la vie éternelle. La musique y est variée dans ses compositions et les morceaux sont courts pour Terry RILEY, de 3 à 12 minutes, sans doute pour mieux accompagner le film (que je n’ai pas vu).

Les thèmes peuvent s’avérer accrocheurs. Les airs ont des références explicites pour certains morceaux courts : presque du BACH jazzy sur la G Song, où un saxophone rejoint l’orgue pour appuyer la mélodie et effectuer des variations, du jazz sur The Oldtimer. Sa voix sur In the Summer apporte un sentiment plutôt mystique à la POPOL VUH.

L’orgue prédomine toutefois avec toutes les nuances que Terry RILEY sait pouvoir en faire et qui ont fait sa marque : grandes nappes tranquilles sur Slow Melody, petites notes sautillantes qui forment par superposition une sorte de séquenceur artisanal sur In the Summer ou les deux en même temps sur Delay qui, au bout de ses 12 minutes, nous a fait partager plusieurs facettes de la technique particulière de Terry RILEY de jouer de l’orgue.

En effet, Terry RILEY joue simultanément mais de façon indépendante des phrases musicales, parfois sur des instruments différents, dont la superposition vient construire un paysage sonore unique. Un dispositif de retards et boucles, tenu par magnétophone(s) provoque, selon les morceaux, un écho qui peut accentuer le « séquenceur » ainsi créé.

En fait, la réédition de Lifespan clôt le disque. Celui-ci s’ouvre sur la réédition de la bande originale du film Les Yeux fermés de Joël SANTONI, paru en 1972, un film semble-t-il planant (voir www.neospheres.free.fr) durant lequel Terry RILEY peut exprimer son art dans un contexte plus habituel pour lui : il a le temps !

Cette B.O.F. n’est pas bof pour autant (pardon). Deux morceaux composent cette œuvre (un par face du LP à l’époque). Le premier est joué à l’orgue et quelques notes de piano surgissent à la 15e minute. Terry RILEY nous offre ici un véritable voyage sonore : il use de sa technique musicale pour créer l’événement, l’atmosphère est tranquille sans être mystique, elle est planante sans être chimique.

Le second est joué aux saxophones, pendant une sorte d’introduction de cinq minutes où les saxophones se superposent pour former par la répétition de leurs phrases une sorte de « souffle continu » qu’URBAN SAX a su magnifier. Puis vient l’orgue (pas électronique celui-là) qui reprend le « rythme » des saxes mais d’une manière plus douce. Un sax en écho vient accompagner l’orgue plus tard, rejoint par un deuxième sax. Ils terminent tous les deux sur un rythme presque jazzy de piano.

Un bel objet, un concept album (musiques de film 70’s de Terry RILEY), à la pochette nouvelle (adieu les moches pochettes originales rappelées par un sticker sur l’enveloppe du disque) et au son propre (encore merci !) pour une musique intemporelle qu’il faut découvrir, maintenant qu’elle est accessible.

Frédéric Vion

Site : http://terryriley.net

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°23 – mars 2008)

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