Pechno Hits (Hickno Hits)
(In-Poly-Sons/Musea)
Ça ressemble à une compilation, mais c’est vraiment à une création originale qu’on a affaire. Plus qu’originale d’ailleurs, puisque les artistes regroupés autour de ce projet n’ont pas fait qu’écrire de nouveaux morceaux qu’ils auraient pu garder pour leur prochain album, ils ont tout simplement inventé un nouveau style musical, dont le nom n’étonnera pas les auditeurs habituels du label In Poly Sons : la pechno. Définie comme « une sorte de techno déconstipée », qui avoue avoir pour influences aussi bien Annie CORDY et les CHARLOTS que le classique et le jazz, la pechno est en fait un style beaucoup plus large que veut bien le dire cette définition.
On retrouve autour de ce projet les principaux groupes du label dont on a l’habitude de vous parler dans TRAVERSES/RYTHMES CROISÉS : KLIMPEREI, LOOK DE BOOK et TOUPIDEK LIMONADE, qui affinent leur humour au fil des années et des chansons…
TOUPIDEK (qui entame la galette avec un Marcel, du Champ ! qui donne parfaitement le ton à cet album) est rejoint par FREDOPHONIE à la guitare acoustique, sur trois morceaux quasi-intrumentaux aériens et poétiques, quoique différents. Impossible aussi de se passer de L’ENSEMBLE RAYÉ pour un curieux Bananalog ainsi qu’un inquiétant et joyeux Ananalog qui clôt l’album, technoïdes et tout à fait inhabituels de leur part ; de Frédéric LE JUNTER et de ses machines et objets pour un étrange Clone Me Baby, et de DRAGIBUS, qui a fusionné pour l’occasion avec la pianiste japonaise Mami CHAN pour un morceau enfantin complètement délirant et explosif comme eux seuls savent les faire.
Se sont joints à cette bande d’allumés FEW NOTES OVERBOARD, mêlant bruitages de craquements de 33 tours, mixer, cloche, scie électrique… et machines ; Jean-Claude CHARLIER ET SON ORCHESTRE d’ustensiles de cuisine et de bricolage et d’autres choses inimaginables ; Alain DE FILIPPIS et ses machines et matériaux de récupération pour un titre assez glauque, ainsi que le guitariste Richard ROBERT, pour une composition (de huit minutes, la plus longue de l’album) plutôt mélancolique et aux accents latino-jazz tranchant avec l’ambiance générale mais qui s’intègre tout à fait dans le projet pour sa fausse simplicité.
Bref, le mouvement pechno démarre à peine qu’il paraît déjà impossible de le définir. Il devrait en tout cas bousculer pas mal d’oreilles peu habituées à autant de délires en si peu de temps, puisque la plupart des morceaux durent entre quarante secondes et trois minutes.
Et surtout pas d’excuses du genre « ça doit être trop compliqué pour moi », la pechno n’est pas réservée qu’aux connaisseurs, elle ne demande qu’à contaminer le plus de monde possible comme le prouve l’appellation on ne peut plus commerciale qui présente le disque : « hits ».
Attention, pour la décontamination, c’est pas encore pour demain, l’antidote n’a pas encore été fabriqué… et aucune recherche n’est en cours à notre connaissance.
Sylvie Hamon
Pages label : http://inpolysons.free.fr
https://inpolysons.bandcamp.com/album/pechno-hits-hickno-hits
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°14 – décembre 2003)
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