Peter HAMMILL – In the Passionkirche, Berlin, MCMXCII

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Peter HAMMILL – In the Passionkirche, Berlin, MCMXCII
(DVD ou double CD) (Voiceprint)

Ce concert donné dans le cadre apparemment somptueux de la « Passionkirche » de Berlin lors de la tournée de l’album Fireships avait vaguement – mais alors très vaguement – circulé en VHS en 1992. C’était depuis lors un collector suprême et sa réédition en DVD et en double CD comblera en priorité les discothèques avides des fans endurcis. Ce document reste à ce jour le seul officiel qui permet de voir un concert solo de Peter HAMMILL, généralement structuré en trois sections : voix/piano, voix/guitare, voix/piano + rappel(s).

Plusieurs extraits d’un entretien avec l’artiste ont été intercalés entre les chansons, ce qui transforme cette captation de concert en un semi-documentaire sur HAMMILL, l’artiste et l’homme. Ce dernier s’exprime sur des sujets plus ou moins intimes : le succès, ses relations avec ses fans, ses qualités et ses défauts, la solitude, la religion, la politique, la mort… C’est intéressant, mais quiconque souhaitait juste s’imprégner de l’ambiance d’un concert trouvera ces inserts intempestifs.

De toute façon, l’ordre de la « setlist » du concert a été modifié (on n’a jamais vu un concert solo du « Thin Man » commencer par The Future Now !). C’est là que la version double CD devient indispensable, car dans celle-ci le bon ordre a été reconstitué, et l’on peut ainsi apprécier le concert dans sa continuité d’origine. L’idée était bonne, sauf que les plages musicales ont été mises bout à bout sans pauses entre elles et comme les applaudissements du public ont presque tous été supprimés pour la vidéo, les morceaux s’enchaînent comme à la radio ! Et quand par un mauvais hasard il manque une bonne partie du début d’un morceau – comme c’est le cas pour Modern – l’effet est pour le moins gênant..

Mais surtout, quitte à reconstituer l’ordre de la set-list, il aurait fallu en même temps la compléter en incluant les trois morceaux joués lors de ce concert et qui ne figurent pas dans la vidéo, à savoir Just Goods Friends, Stranger Still et… Refugees. (Argh !) Sinon, les grands classiques du concert hammillien « typique » y figurent (My Room, Patient, A Way Out, Traintime) ainsi que trois morceaux de Fireships (Curtains, I Will Find You et Given Time).

Quant au concert proprement dit, Peter HAMMILL donne son sentiment dans le livret : il avait déjà toute une tournée dans les pattes, était donc fatigué, et la présence de caméras l’a stressé encore davantage. Difficile dans ces conditions d’être à 200 % de sa forme comme les fans l’exigent et l’attendent ! L’Église a beau être celle de la Passion, le jeu hammillien de la Passion fonctionnait ce soir-là en régime réduit. L’artiste se contente d’assurer en professionnel sans être pleinement habité et possédé. Les interprétations restent correctes mais pas forcément transcendantes.

De plus, le choix d’une instrumentation toute électrique et les sons produits (notamment à la guitare) ne rendent pas toujours justice au climat de certaines chansons. Mais c’est le propre des concerts hammilliens de comporter une part de risque dans leur approche du répertoire. Il est vrai aussi que le double album live Typical rend plus généreusement compte à la fois de ce qui a été joué lors de la tournée Fireships et des éclairs de génie dans la réinterprétation/recréation des morceaux que peut recéler un concert solo de Peter HAMMILL.

Pour les amateurs, In the Passionkirche est cependant un bon complément à Typical puisqu’il contient deux pièces qui ne figurent pas dans ce dernier : l’intrigant et aride Something about Ysabel’s Dance (de l’album Out of Water), et la fameuse Usher Suite, qui n’est autre qu’une sélection de thèmes issus de l’ambitieux opéra-rock conçu par HAMMILL, The Fall of the House of Usher, qui n’a jamais été joué en intégralité sur scène. Cette Suite en est un condensé de presque vingt minutes et s’affiche comme une pièce maîtresse du répertoire joué à la Passionkirche, d’autant qu’elle n’a jamais été rejouée par Peter HAMMILL dans ses tournées subséquentes.

Le DVD comprend en bonus une interview de Peter HAMMILL réalisée en 2009, assurément au même moment, au même endroit et par le même journaliste que celle incluse dans le DVD de VAN DER GRAAF GENERATOR Live at the Paradiso. Et de même, l’absence de sous-titres se fait sentir.

Stéphane Fougère

PS : Ce DVD et ce double CD, à l’origine vendus séparément, ont été réunis au sein d’un coffret paru chez Floating World sous le titre Live in Berlin 1992, avec une pochette différente et qui lui donne encore plus l’allure d’un pirate. Il s’agit juste d’un « repackaging », et qui ne contient évidemment aucun bonus. Mais c’est une façon plus économique de se procurer le son et l’image de ce concert berlinois.

(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°28 – mai 2010,
et mise à jour en 2020)

 

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