Steve ROACH : Rétrospective – Première Époque, 1982 – 2000

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Steve ROACH

Rétrospective – Première Époque, 1982 – 2000

Il y a quelques temps de cela, votre serviteur avait déjà entamé une discographie commentée du maître californien, meneur historique du « dark ambiant ». Alors ébloui par l’aura de ce musicien en phase ascensionnelle, je ne m’étais pas montré avare d’éloges.

La locomotive « roachienne » tint bon le rythme encore un moment, mais par la suite – aux abords des mid-90’s -, ses albums furent si décevants que je n’en fis aucune chronique, me disant que l’artiste était inéluctablement sur la pente descendante. Steve, par la qualité subtile et la complexité de ses nappes, avait en effet fixé au synthé les nouveaux repères du bon goût, laissant derrière lui les balourds (TANGERINE DREAM, SCHULTZE, qui posèrent en leur temps l’ancien standard du son électronique) et les mièvres (toute l’école de la « relaxation new-age » style YANNI, PEPE, MORATI et consorts).

Par bonheur, l’an 2000 correspond à l’année du retour qualitatif et de l’explosion quantitative. Cela méritait bien de refaire un tour d’horizon discographique, avec notes (de 0 à 5 étoiles) à l’appui.

Now (1982–Soundquest)

Voici le premier album, aux séquenceurs, de Steve ROACH. Tout à fait dispensable.

Traveler (1983–Fortuna)

Encore plus ringard, plus plat que Now. Notre homme, qui dans sa jeunesse avait l’habitude de scruter le désert avec « le » son du synthé dans sa tête, part du mauvais pied. Ces deux albums furent réédités en un seul compact. Ne pas acheter !

Structures from Silence ** (1984–Fortuna)

Contient quelques bons titres. La complexité des nappes n’est pas encore là, mais l’aisance mélodique, la simplicité et la profondeur de la respiration séduisent déjà.

Quiet Music (1986–Fortuna)

Contient les 4 disques regroupés en 1 CD et représente un recul qualitatif par rapport à Structures from Silence, son précédesseur. La musique est délayée et traîne en longueur, sans inspiration. Something in Tears, le seul titre potable, est hélas aussi le plus court. Économisez-vous pour la suite.

Empetus ** (1986–Fortuna)

Dans cet album, Steve ROACH explore de nouveau les séquenceurs, mais avec plus de maturité, plus de pêche, plus de lumière que Now et Traveller. Les nappes restent encore classiques, mais l’aisance « roachienne » est déjà là. Un bon album sans plus qui se termine par le superbe The Memorie, à la fois profond et mélodique.

Western Spaces ** (1987–Innovative Comm.)

En collaboration avec Kevin BRAHENY et Richard BURMER, montre déjà la différence (alors presque imperceptible) entre la conception musicale de ROACH, basée sur l’ambiance et la puissance, et celle de ses confrères californiens basée sur la mélodie, la rêverie poétique.

The Leaving Time ***

Ce disque confirme ce que l’on pressentait déjà : la connexion indubitable de Steve ROACH avec le monde du rock progressif/alternatif ; Michael SHRIEVES, l’ex-batteur de SANTANA, grand admirateur de MAGMA, David TORN, le guitariste le plus déjanté de chez ECM (qui ici se la joue sobre), et Jonas HELLBORG à la basse slappée-tapée, font de cet album le brûlot salvateur qui devait logiquement effacer les trop faciles planeries accumulées par Steve depuis ses débuts, maintenant en route vers de nouvelles aventures !

Dreamtime Return **** (1988–Fortuna).

C’est l’album pont entre l’ancien style du new-age et le futur dark-ambiant, réalisé avec David HUDSON. Premier album fort de Steve, il est le précurseur de Desert Solitaire. Il ajoute par-dessus ses nappes des percussions et, surtout, un instrument qui plus tard fera des ravages : le didgeridoo.

« Le retour des temps du rêve » aborigène effectue un pas vers une conception ethnique de la musique. Ethno-ambiant sera d’ailleurs l’autre qualitatif pour une musique qui veut se démarquer du new-age.

Desert Solitaire *** (1989–Fortuna)

Où l’on retrouve Kevin BRAHENY et Michael STEARNS, marque pour ainsi dire le vrai point de départ du « style Steve ROACH », c’est-à-dire de l’empilement des nappes de synthé, mais fait avec une telle classe, une telle délicatesse, que jamais l’auditeur n’en perçoit la complexité.

L’album contient le premier titre atonal du Californien. Il bascule alors franchement du côté de Brian ENO (époque Apollo, On Land) et quitte les rivages des new-agers pour cadres fatigués. À noter que le titre d’entrée, Flatland, est excellent.

Stormwarning * (1989–Soundquest)

Ce live, basé sur des séquences très rapides de synthé allant crescendo, sort après Dreamtime Return, bien qu’enregistré après Desert Solitaire. Cet album très schultzien n’apporte rien mais est là un peu comme une borne, une dernière borne avant de quitter l’ancien monde.

Strata **** (1990–Hearts of Space).

Il est enregistré avec Robert RICH, son alter ego musical qui s’oriente comme lui vers des horizons plus épais, plus consistants et plus ethniques, alors que Jon SERRIE et les autres BURMER restent dans un rêve de velours pour planétarium. Robert, qui a déjà participé à Dreamtime Return, se charge ici du software (flûtes, peaux, guitares trafiquées) et Steve du hardware (les nappes).

La fusion est totale. La musique évoque l’Asie du Sud-Est, autant que l’Amérique Centrale, mais surtout une mémoire commune et lointaine à tous les hommes. Un autre continent dans le temps plutôt que dans l’espace.

Sound of the Earth **** (1990–Fortuna)

Enregistré avec David HUDSON, musicien aborigène, au didgeridoo, et Sarah HOPKINS au violoncelle, Sound of the Earth s’avance dans les dangereuses contrées de l’atonalité, exercice qui chez tout autre que Steve ROACH serait périlleux, mais la grâce, celle qui soutient Strata, est là. L’album est juste plus raide, plus épais, plus sec métaphysiquement que ses deux prédécesseurs. Un départ en rythme très violent coupe net toute connotation new-age de quelque sorte que ce soit.

Soma **** (1992–Hearts of Space)

Toujours avec Robert RICH, cet album est plus léger, bien que dans la même lignée. Entendons-nous bien : plus léger quand on vient de sortir un album aussi profond que Strata, cela veut dire qu’à côté, tous les albums de MAGMA semblent superficiels. La grâce même qui marque Soma trahit une grande maturité spirituelle. D’évidence, cette musique ne s’adresse plus à des adolescents.

World’s Edge **** (1992–Fortuna)

Il reprend les mêmes ambiances que Suspended Memories. Le style ROACH est désormais parfait, établi, imparable : des percus aux rythmes originaux et complexes tout en paraissant pourtant évidemment simples, qui surfent sur des nappes souvent sans mélodie, mais à la tessiture éthérée et profonde d’alliance parfaite des forces célestes et des forces telluriques, de la puissance et de la finesse, du proche et du lointain. on regrette toutefois un trop long To the Treshold of Silences, de 60 minutes, qui n’amène rien. Sinon, l’album est parfait, magnifiquement parfait.

SUSPENDED MEMORIES – Forgotten Gods ***** (1993–Fathom/Hearts of Space)

Tribal, profond, luxuriant, c’est l’album qu’on peut écouter mille fois en découvrant toujours quelque chose à la millième écoute. La symbiose, la grâce qui régnaient sur Strata et Soma avec Robert RICH, sont menées à la puissance 2 avec Jorge REYES (aux voix, peaux et flûtes précolombiennes) et Suzo SAIZ (à la guitare ambiante). C’est de puissance qu’il s’agit bien ici et non de relaxation. S’il n’y en avait qu’un…

SOLITAIRE : Ritual Ground * (1993–Silent)

Ce disque n’indique pas clairement la participation de Steve à côté d’Elmar SCHULTE. Malgré quelques bons titres qui reprennent certaines formules toutes faites, l’ensemble sonne comme du sous-Steve ROACH. L’Allemand, visiblement, alourdit le maître.

Origins **** (1993–Fortuna)

C’est un classique à mettre à côté de Forgotten Gods et de Well of Souls ; un Steve ROACH archétypal avec la profondeur, l’épaisseur, les rythmes, le didjeridoo, la transe, la grâce. Sombre et lumineux à la fois, c’est le signe de la vraie divinité qui est toujours paradoxale.

The Lost Pieces *** (1993–Rubicon)

Reprend des pièces antérieures à la plongée tribale de Steve. L’album est très mélodieux, très équilibré. L’épaisseur et la finesse des nappes (épaisseur sonore mais finesse structurale) sont typiques de la période post-Dreamtime Return. Un en-cas avant le plat de résistance.

Artifacts **** (1994–Fortuna)

Les chefs-d’œuvre se suivent et se ressemblent. Sans commentaire.

The Dream Circle *** (1994–Soundquest, rééd. 1999–Timeroom)

Propose un seul titre de 70 minutes à mettre en boucle, ce qui serait suicidaire si l’Esprit n’habitait pas l’album (au début tiré à 3 000 exemplaires signés de la main de Steve). Une atmosphère de savane assommée par le soleil s’en dégage. La respiration des nappes reprend la respiration de la terre qui exhale à cette heure l’air chaud. Très bon.

SUSPENDED MEMORIES – Earth Island **** (1994–Fathom/Hearts of Space)

Cet album n’arrive pas à rééditer l’exploit de Forgotten Gods. Toujours dans une veine mythico-précolombienne, il est à la fois plus léger, plus fin, moins brut que son prédécesseur. Toutefois, un titre (First Blessing) se dégage non seulement de l’album, mais de toute la discographie de Steve ROACH. Ce seul titre mérite amplement l’acquisition de ce CD, très bon au demeurant.

Well of Souls **** (1995–Projekt)

Une nouvelle collaboration avec un inconnu : Vidna OBMANA (qui veut dire « illusion d’optique » en yougoslave, nom d’artiste du Belge Dirk SERRIE). De suite, poum ! une droite, paf ! une gauche. De la musique chamanique pure. L’album talonne de très près SUSPENDED MEMORIES. Les percus sont plus claires, leur son plus découpé. La transe s’installe à jamais dans le fond culturel de ma discothèque.

Les mélodies sont oubliées, ce qui ne veut pas dire que les structures musicales sont absentes. Non, grâce aux rythmes, ces structures sont bien présentes. Mais la mélodie définit la personne, l’essence de ses sentiments, de ses espoirs, bref la place dans le temps de son histoire personnelle. Par l’abandon de la mélodie (par son sacrifice dirais-je), Steve nous propulse dans le temps mythologique, nous fait côtoyer des êtres et des forces dont notre cogitation mentale et nos préoccupations esthétiques empêchent la venue.

In fine, le seul titre mélodique, The Dwelling Place, s’avère encore plus fort, comme s’il était le résultat d’une épure drastique de l’âme.

Kiva *** (1995–Fathom/Hearts of Space)

Enregistré avec Michael STEARNS et Ron SUNSINGER, l’album intègre des rites hopis (ou navajos ?). Il navigue entre la transe, parfois un peu lourde, et le chant sifflé. Le plus épais dans la production de STEARNS, et à mon sens le moins bon, le moins gracieux en tout cas, depuis Dreamtime Return. Excellent à condition d’être en forme.

The Magnificent Void *****  (1996–Fathom/Hearts of Space)

Rompt avec les percussions et nous propose 75 minutes non stop de nappes. Au début atonales, celles-ci s’orientent finalement vers la tonalité terminant en un hymne d’une majesté et d’une puissance presque écrasante, rappelant Mars, celui qui apporte la Guerre de Gustav HOLTZ. L’album le plus puissant de synthé fait à ce jour, l’alter ego quant à la qualité de SUSPENDED MEMORIES.

Halcyon Days **** (1996–Fathom/Hearts of Space)

Enregistré avec Stephen KENT et Kenneth NEWBY, cet album remet Steve sur de meilleurs rails. Avec ses deux nouveaux acolytes (de TRANCE MISSION et LIGHTS IN A FAT CITY), il revisite l’ethno-ambient, mais avec un son plus brut, plus présent, plus acoustique qu’à accoutumée. L’ouverture rythmique, tout en puissance, est typique. Les temps sont en général plus rapides, la puissance moins souterraine, moins hypnotique, le contour des visions créées pour la musique plus net.

Caverns of Sirens **** (1997–Projekt)

Enregistré avec Vidna OBMANA, il renoue ici avec le style ethnique. L’album est excellent, mais on arrive à distinguer en qualité les morceaux les uns des autres, signe que la grâce s’échappe petit à petit.

On this Planet ** (1997–Fathom/Hearts of Space)

C’est un live overdubé de-ci, de-là. Malgré l’excellent final qui reprend le titre de l’album, et une intro impressionnante, ce disque apparaît comme composé de « plans » mis bout à bout sans parfois beaucoup d’inspiration, comme quoi le simple accolement d’un rythme et d’une nappe ne suffit pas à créer la transe si la baraka n’est pas là. Un album moyen, c’est-à-dire mauvais pour Steve ROACH, mais qui recevra l’Award du meilleur son dans le secteur des Indépendants. Pourquoi faut-il que l’ »establishment » ne reconnaisse les artistes qu’au moment où ils deviennent mauvais ?

Dust to Dust – (1998–Projekt)

Chouette, une collaboration avec Roger KING à la basse, se dit-on. Roger KING, patron de l’excellentissime label Projekt, producteur de maints albums cruciaux du Californien (Well of Souls, Cavern of Sirens). Avec lui et Steve aux synthés, l’album ne peut être que bon. Eh non ! Nul à ch… ! Premier flop, premier bide monstrueux.

En exploitant une ambiance de simili western, Steve retombe dans la sphère occidentale, lui qui avait pour habitude de nous emmener dans l’inconnu, il nous ramène dans le connu et pas des meilleurs : l’horizon mental des pionniers de l’Ouest, revisité, voire spatialisé, certes, reste un horizon de blancs, donc sans transcendance. Imaginez une intro de J.J. CALE pendant les 70’s, ou DIRE STRAITS dans Telegraph Road qui aurait rencontré Jon SERRIE. Au secours !

Ascension of Shadow * (1998–Projekt)

3 CD, 400 balles, un bon titre : The Memory Pools. Enregistré avec Vidna OBMANA qui, décidément, le tire vers des titres trop complaisamment longs, voire vides, trop planants. The Memory Pools rachète ce tryptique puisqu’avec First Blessing (dans Earth Island) Steve signe l’un de ses meilleurs titres (le seul rythmé d’ailleurs).

The Ambiant Expanse *** (1998)

C’est une compilation contenant des titres de Vir UNIS, Patrick O’HEARN (bien plus profond qu’à l’accoutumée), de Stephen BACCHUS (un homme qui navigue en général dans les eaux les pires du new-age) et évidemment Vidna OBMANA, qui signe hélas ici le plus mauvais titre de la compilation, et bien sûr de Steve ROACH, magistral. Le tout étant produit par Steve, cela revient à écouter du Steve ROACH tant les ajouts du producteur dans les nappes sont typiques. Très planant, sans rythme, mais très écoutable.

Body Electric ** (1999–Projekt)

Avec Vir UNIS, le petit jeune qui veut donner des idées au maître (qui hélas les trouve intéressantes), signe un engagement de Steve dans l’univers des sons techno, tout en gardant bien sûr la touche ethno-dark ambient. L’intro Born of Fire est très réussie, et le final est bien ficelé, le milieu de l’album souffre hélas d’un manque d’inspiration et de consistance qui nous font paraître cette modernisation comme un moyen de temporiser un passage à vide.

Light Fantastic ** (1999–Fathom)

Cet album n’est plus co-signé Vir UNIS, mais celui-ci figurant sur quasiment tous les titres, on peut s’attendre au pire. L’album, difficile à cause des tics techno, s’écoute bien tout compte fait, mais mis à part le final (out Vir UNIS) ne laisse pas une grande impression après plusieurs mois de recul.

Slow Heat (1999–Timeroom).

Ce disque reprend la formule de Dream Circle, sauf que la grâce est partie. Autant dire, hormis 10 minutes, qu’on s’emmerde ferme !

Truth & Beauty ***** (1999–Timeroom)

Cet album comprend des inédits enregistrés entre 1988 et 1997, notamment des chutes de l’époque bénie du trio ROACH, SAIZ et REYES. Enfin de la musique, de la très bonne musique après tant d’albums si fades. Seule question : pourquoi n’ont-ils pas sorti ces bandes à l’époque ?

Midnight Moon (2000–Projekt)

Ce disque est fait exclusivement à la guitare, ou plus précisément au E-bow, petit électro-aimant qui permet à la corde de vibrer de manière continue, et donc d’avoir un son continu. Celui-ci, traité par des reverbs, le rapproche bigrement du son du synthé.

Midnight Moon signe donc avant tout un exploit technique, celui d’un claviériste qui passe à la guitare. Mais pour l’auditeur non instrumentiste, l’album reste du Steve ROACH pur jus, mais hélas des moins inspirés. Pas de percus, des nappes ambigues voire souvent totalement inintéressantes, même si l’épaisseur et le travail roachiens sont là.

Vine, Bark & Spore ***** (2000–Timeroom)

Enregistré avec Jorge REYES, il signe un retour, un grand retour. L’album, nous avait dit Jorge REYES, serait intense, violent, brut. Seul un titre (Healing Temple) pourrait peut-être se prévaloir de ces qualificatifs. Mais le reste de l’album est « light ». En français, cela veut dire léger, mais aussi lumineux. Et c’est bien de lumière qu’il s’agit ici.

Même si l’Amérique précolombienne est à l’honneur, comme le veut la présence de Jorge, on pense presque à la lumière d’un vitrail d’église lorsqu’on écoute cet album, avec son final Come From Here, qui est saturé (à nouveau !) d’âme. Halleluia, la grâce est revenue. (Steve ROACH à la guitare, mais à ce niveau, on ne fait plus attention aux modalités techniques.)

Atmospheric Conditions **** (2000–Timeroom)

Ce disque est proche, très proche de Magnificent Void, c’est tout dire. Le final, un brin trop angoissant, lui retire de justesse le qualificatif de chef-d’œuvre.

Live Archive ** (2000–Groove Unlimited)

Enregistré avec Vidna OBMANA, ce document souffre du syndrome des improvisations d’ambient qui voudraient combler le vide patent d’inspiration par des tours de passe-passe sonores. Quelques bons titres (Ascension) émaillent toutefois ce CD.

The Serpent’s Lair ***** (2000–Projekt). (avec Byron METCALF)

Aaargh ! les percus qui tuent ! Aaargh les nappes inspirées ! Oui j’en veux !! Ooouuuiiii ! Rite of Passage est « le » titre de l’album le plus tonique depuis…, depuis ? Non, le plus tonique tout court. Certaines séquelles de l’époque Vir UNIS subsistent, mais fondues et intégrées dans l’ensemble, elles ne font que rehausser la couleur de l’album. Fort, très fort. (Continuez à ajouter des « très » pour les phrases suivantes !…)

Prayers to the Protector *** (2000–Celestial Harmonies)

Où le doyen de Dharamsala, le monastère d’exil du Dalaï-Lama, vient nous abreuver de ses bénédictions. Après avoir
entendu Lama GYURME et Jean-Philippe RYKIEL, il débarque chez Steve à l’improviste et, tous les matins devant les micros du studio Timeroom, psalmodie ses mantras. Déjà entendu sur l’intro de Ascension for Protection (dans The Cavern of Sirens) et sur The Dreamer Descend (un mini-CD enregistré pour le petit mais prestigieux label Amplexus), les bandes avec Thupten PEMA LAMA nous sont présentées ici in extenso. C’est un bon album qui, hélas, arrive dans l’ombre d’albums que l’on peut qualifier d’ores et déjà d’historiques.

Early Man *** (2000–Manifold/Timeroom, rééd. 2 CD 2001-Projekt)

On pourrait reprendre la dernière phrase de la chronique de Prayers to the Protector. Cet album, en majorité ambient, avec quelques passages rythmiques, n’apporte rien de neuf hormis la jaquette qui est en pierre. Cela dit, il surpasse aisément tous les albums compris entre On this Planet et Midnight Moon.

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En définitive, même si Steve ROACH a fait quelques albums peu inspirés, le Californien reste quand même le maître incontesté du genre qu’il a lancé, et malgré les suiveurs (parfois très inspirés, comme Amir BAGHIRI ou Mathias GRASSOW), il est le seul à pouvoir créer la surprise dans son domaine, grâce à son esprit d’exploration incessante, mais aussi je pense grâce à l’esprit du désert, ce désert qu’il contemplait dans sa jeunesse et qui s’engouffre dans les consoles de son studio d’enregistrement Timeroom et nous parle d’un autre temps, d’un autre espace.

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Article réalisé par Héry

Pour de plus amples renseignements sur l’actualité de Steve ROACH et pour se procurer ses récents CD :
www.steveroach.com

(Article original publié dans
TRAVERSES n°8 – mars 2001)

 

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3 comments

  1. Je me tâte pour entreprendre la suite de l’exégèse de Steve, car il y a vraiment beaucoup d’albums. Après l’an 2000, il est carrément passé au stade industriel.

  2. Merci pour cette très intéressante discographie commentée de Steve Roach. Envisagez-vous de poursuivre avec les années 2000 et 2010 ? Cordialement,

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