TAMM-KREIZ invente
Le Fest-Noz du confinement sur Facebook
Dès fin février 2020, avec la découverte d’un « cluster » de l’épidémie de Covid-19 dans le Morbihan, de nombreux organisateurs de fest-noz annulent leurs soirées au grand désespoir des danseurs. L’épidémie prenant de l’ampleur, des annulations en cascade arrivent chez Tamm-Kreiz, LE site de référence du fest-noz sur lequel on peut consulter toutes les annonces en Bretagne, mais aussi dans le reste de la France et à l’étranger. Avec la mise en confinement du pays le 17 mars, Tamm-Kreiz réagit rapidement en proposant aux musiciens et aux danseurs de réaliser un « Fest-Noz du confinement » le samedi 21 mars. Il s’agit pour les musiciens volontaires confinés à leur domicile de jouer en direct face à une webcam.
Dès 21h, le direct facebook qui est sur le point de commencer compte déjà plus de 700 spectateurs et dépasse rapidement les 1500, avec des commentaires de danseurs et de spectateurs du monde entier, confinés dans leur salon. Même si facebook sature un peu à cette heure de grande écoute et si les musiciens sont parfois pixellisés, le son est au point et l’ambiance est au rendez-vous comme le montrent les très nombreux commentaires encourageants, qui prennent parfois des allures de conversations au bar. Ce premier Fest-Noz du confinement est un succès au point que certains médias lui consacrent un reportage et, à ce jour, trois autres éditions ont eu lieu le 28 mars, et les 11 et 25 avril.
Entretien avec Stefañ JULOU
Quelles sont tes activités à Tamm-Kreiz depuis le début du confinement? As-tu plus ou moins de travail?
Stefañ : Mon activité sur la mise à jour des infos sur le site a ralenti depuis plusieurs semaines. Je continue à publier et mettre à jour les annonces mais en ce moment ce sont beaucoup des annulations de fest-noz que je mets à jour sur nos agendas.
Du coup je profite pour faire d’autres choses, pour tester des idées, publier sur les réseaux, pour éditer des statistiques et des chiffres sur l’activité du fest-noz avec l’aide d’une de nos bénévoles Cécile GAYET. J’ai aussi pas mal de travail avec les fest-noz du confinement. J’ai toujours du travail mais je m’organise différemment!
Tu organises un fest-noz en ligne. Comment est venue l’idée? Y a-t-il eu une demande?
Stefañ : Cette idée m’est venue assez naturellement en fait. Je savais qu’on allait sur une longue période de confinement, du coup j’ai lancé cette idée sur mon profil Facebook. J’ai eu pas mal de retours de musiciens prêt à jouer le jeu. Le samedi qui suivait, on lançait la première édition.
Cette idée est venue pour essayer de rendre le confinement plus supportable pour les gens qui aiment le fest-noz. Et l’idée première, c’est de faire du LIVE et que du live pour qu’on ait cette chaleur et cette proximité avec l’artiste, chose que l’on a pas sur de la rediffusion.
Comment ça se passe au niveau technique avec les musiciens? Y a-t-il des répétitions? Êtes-vous plusieurs pour assurer la technique pour la diffusion?
Stefañ : Les musiciens et nous faisons des balances en semaine, pour vérifier que la webcam fonctionne, que le son est correct et qu’il y a un bon équilibre entre les instruments en cas de duo ou plus! Tout ces essais se passent dans une ambiance détendue avec les artistes et souvent avec beaucoup d’humour et d’amitié!
Vient le Jour J. Le samedi en début d’après-midi, nous faisons un filage, répétition d’ensemble avec alternance dans les conditions du direct, car c’est en coulisses que tout se passe pour les GO et les STOP afin qu’on ait une alternance sans coupure du flux des musiciens.
Nous voulions vraiment qu’il y ait cette alternance sur le même live comme sur scène en fest-noz.
Pour la première et la deuxième éditions, c’est Jérôme qui s’est chargé de la technique, depuis la troisième, c’est moi qui m’y colle.
C’est un moment très stressant mais agréable à la fois, et on voit que les internautes comme les musiciens jouent le jeu. On a l’impression d’être à un vrai fest-noz quelquefois, sans le contact humain bien sûr, mais l’émotion est présente et ça c’est fort!
As-tu eu beaucoup de musiciens qui se sont proposés? Comment se fait la sélection pour chaque samedi?
Stefañ : Oui j’ai eu pas mal, et j’ai également sollicité de moi-même quelques musiciens. Il n’y a pas vraiment de sélection, seulement si, à un moment donné, je vois que j’ai trop d’accordéonistes par exemple, je décale certains à l’édition suivante.
Nous avons créé un groupe de discussion sur Facebook dédié au live sur lequel les musiciens se mettent au point au niveau de ce qu’ils vont proposer afin de ne pas avoir que de la gavotte ou que du plinn par exemple.
Facebook a tendance à saturer le samedi soir. On a le son mais parfois pas l’image. Tu re-publies le fest-noz en différé avec l’image. Est-ce que tu retravailles le fichier?
Stefañ : Oui malgré nos essais, nous avons certains musiciens qui sont pixélisés sans qu’on sache pourquoi et bizarrement, lors du replay, ils redeviennent clairs… Pourquoi? On ne sait pas.
En tous cas, nos essais se passent tout le temps bien et c’est souvent la surprise de découvrir quelques artistes pixelisés en direct. C’est la magie du direct!
Les gens sont trop habitués à voir à la TV des émissions enregistrés, du coup quand ils voient un direct, ils peuvent ne pas comprendre que ça foire quelquefois… C’est comme ça!
La fréquence est passée de chaque samedi à un samedi sur deux. Pour quelle raison?
Stefañ : . Ça demande pas mal de boulot de faire le programme, de faire les essais, ceci en plus de mon travail habituel. Tout ça m’oblige à bosser souvent tard le soir et les week-end. De plus, cette semaine, nous avons fait un bal pour enfants le mercredi après-midi (15 avril) avec Le P’tit Bal des Queniaos, donc on peut dire qu’on a fait un live cette semaine. 🙂
J’ai eu un moment également où je n’avais plus assez de musiciens pour faire un live. En général, il y a 9 artistes différents à tourner 15 minutes chacun, et je me suis retrouvé avec 4 ou 5 artistes à chercher, du coup c’était trop juste, j’ai dû repousser d’une semaine.
D’ailleurs, je cherche des artistes pros ou amateurs pour les éditions suivantes ! Si éditions suivantes il y a, bien sûr!
Est-ce envisageable si le confinement devait durer de faire jouer des groupes, avec chaque musicien en simultané avec les autres, dans une mosaïque d’images?
Stefañ : Oui c’est certainement possible, mais à vrai dire, on n’est pas parti sur ce modèle ; car honnêtement, depuis le fest-noz du confinement, je découvre des artistes et duo magnifiques, qu’ils soient intermittents ou amateurs, qui je l’espère continueront à jouer.
Il y a eu des retours de France3 Bretagne, et aussi de TF1 qui a parlé du fest-noz du confinement à son journal de 13h. Qu’en as-tu pensé?
Stefañ : Pour FR3 oui, ils m’ont contacté, et c’est super agréable d’avoir eu autant de bons retours. On n’a jamais été autant médiatisé, en fait!
Pour TF1, ça fait plaisir bien sûr. On m’avait dit « tant que t’es pas encore passé avec J.-P. PERNAUD… ». Bah ça y est, c’est fait. Par contre, on n’a jamais été contacté par ces gens-là, ils sont venus, ont récupéré des extraits vidéos sans sourcer et ont diffusé sans nous dire un mot… Donc surprise, ce jour-là, de recevoir plein de messages pour me dire qu’on est au 13h ! Mais pas surpris par la méthode TF1 que je ne regarde jamais par ailleurs et que je continuerai de ne pas regarder. La TV mérite mieux que ça!
Penses-tu que les musiques de fest-noz puissent à l’avenir intéresser les médias nationaux?
Stefañ : Non, je ne pense pas que ça puisse les intéresser. En médias nationaux seuls France 3, France Info, France inter et Libé m’ont contacté pour évoquer le fest-noz du confinement #1.
Quel avenir pour le fest-noz si des conditions de « sécurité », notamment la distanciation d’un mètre entre les personnes, doivent être appliquées?
Stefañ : La question ne se pose même pas. Sans toucher, il n’y a pas de fest-noz possible. On aurait l’air fin de danser un plinn ou une scottish sans se tenir et étant chacun à 1 m de distance…
Il faut prendre son mal en patience ; la sécurité des gens d’abord, le fest-noz ensuite !
Quand cette histoire de Covid-19 sera passée, on fera la fête ; mais pour le moment, on reste chez soi!
Merci Stefañ
Entretien réalisé par Sylvie Hamon, mi-avril 2020
Photos : captures d’écran sur Facebook
Les artistes ayant participé :
#01 : Guillaume BLAIN, Thomas MOISSON, MODKOZMIK, Duo CHOGAL, Aurélien DANIELO, Yolaine DELAMAIRE et Jeff ALLUIN, Ronan PINC et Morwenn LE NORMAND, Alexandre SALLET.
#02 : Franck FAGON et Lénaig SPARFEL, Nolwenn BERNARD, Julie VINCENT et François BADEAU, Gwendal BOUFFORT, Marie et Gaël SOULABAILLE (STERNE), BERTREDAN, DERRIEN/L’HARIDON/LORHO-PASCO/DALLOT, Isabelle BOUDET, Arnaud ROYER.
#03 : Lors LANDAT, Duo SUIGNARD, IRIS HA PAPAOTRED, Mikaël LE CORRE, Erell COUPIER et Nicolas SYZ, Xavier et Lina LE COURTOIS, Luc et Gwen DANIGO, Bass Fiddler Jeremy, Stefan ROPARS.
#04 : Juri HASHIMOTO & Tatsuya OGAWA (en direct de leur domicile au Japon), LITTLE BIG NOZ, Thomas TOTOUT, Gwenolé et Yaouank AYOUL, Nolwenn LE NOUVEAU et Pascal TAS, Cécile SIX, Benoît LARDIERE, DOUAR HUD Duo, Breudeur AR BRAZ, KOAD KALET.
Les quatre directs sont en replay sur https://www.facebook.com/TammKreiz
Le programme du dernier fest-noz du confinement #5 avec des live du Canada et de Belgique et bien sûr de Bretagne le samedi 9 mai (le déconfinement étant prévu le 11 mai, une surprise est annoncée pour la suite) :
#05 : Erwann TOBIE, Duo ALCON, Mathieu LEBRETON, Maïwenn et Loan CORNIC, Jérôme DENIAUD, Gwenn ha Izaouen, Tangi LION, C’H.A.G.
Rendez-vous sur la page Facebook et le site internet de Tamm-Kreiz également pour la diffusion en direct.
Site : www.tamm-kreiz.bzh