The NECKS – Mosquito / See Through
(ReR Megacorp / Orkhêstra)
THE NECKS, c’est spécial. C’est différent aussi. Musique minimale, radicale. Forte. Très forte. Essentiel pour ceux qui se demandent toujours pourquoi à certains moments une bête sonorité vous fait sauter au plafond alors qu’à d’autres une myriade de notes et d’accords monstrueusement compliqués et difficiles à exécuter vous laissent plutôt froid voire déçu.
Un simple trio basse, batterie et clavier. Ils ont déjà une douzaine de CD depuis 1989. Celui-ci est double. Et comme d’habitude ce sont de longs morceaux (souvent un ou deux sur l’album entier) où la progression (si, si, ça progresse et plus qu’une écoute inattentive ou une attitude fermée pourrait laisser croire) se fait inexorablement au plus profond de l’auditeur.
Tout cela est très subjectif… oui. Et comme vous l’aurez remarqué, je suis un fan. Mais il n’empêche que l’on peut tout de même décrire au mieux. Une musique tranquille, faite de longs sons, des notes de piano très espacées, qui sonnent merveilleusement bien et longtemps. Peu de notes différentes, le tout de manière très consonante avec le même scénario pour la basse, alors que les percussions se concentrent sur des cymbales discrètes venant et repartant, entrecoupées d’autres percussions africaines, toujours sobres.
En fond, un petit train de notes très aiguës et rapides, douces, de clavier électrique rappelle un télégraphe. L’ensemble est bien équilibré au niveau des sonorités. La douceur du rythme contraste avec la force qu’engendre cette suite de notes presque élémentaires. Comment quelques chose de dépouillé et apparemment simple comme cela peut-il paraître si fort !
Ce n’est pas les quelques légers bruitages en arrière-plan de temps en temps qui nous donneront la réponse. La réponse est plus simple et plus compliquée : la magie et la force de la musique ne résident ni dans les prouesses, ni dans les complexités, ni dans l’outrance (il paraît que l’Art doit faire mal…) ou l’innovation, la folie ou une quelconque notion définissable par un seul terme. C’est simplement plus complexe que cela.
Pour en revenir aux NECKS et à leur double CD Mosquito / See Through, ils sont tombés juste au milieu. Au milieu de cette consonance mouvante qui apaise tout en excitant doucement, très doucement, car le rythme s’accélère mais lentement comme le mouvement imperceptible des aiguilles de l’horloge.
Une fois conquis, une fois que l’on ne sait plus pourquoi on aime ni combien, ni comment, on se prend à savourer cette basse au son chaud sans être rocailleuse tout en goûtant tour à tour le petit son de télégraphe en fond à la recherche d’un message évident ou les différentes mélodies lentes égrenées au piano.
Minimale dans sa structure, dans le matériel utilisé, cette musique est maximale dans ses effets. Moins radicale et provocatrice que les débuts du minimalisme qui signent une époque, THE NECKS est résolument moderne, ancien, d’ici et d’Australie. Unique.
Romain Rioboo
Site : www.thenecks.com
Label : http://www.rermegacorp.com/
Distributeur : www.orkhestra.fr
(Chronique originale publiée dans
TRAVERSES n°18 – août 2005)