Trân Quang HAI : une éminente figure de la tradition vietnamienne et des cultures du monde disparaît…

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Trân Quang HAI : une éminente figure de la tradition vietnamienne et des cultures du monde disparaît…

L’ethnomusicologue et musicien vietnamien Trân Quang HAI est mort le 29 décembre 2021 à l’âge de 77 ans. Fils de l’éminent ethnomusicologue Trâǹ Văn KHÊ et représentant la cinquième génération d’une famille de musiciens traditionnels depuis cinq générations, Trân Quang HAI a multiplié les activités autour de la musique au cours de son existence : musicien accompli, ethnomusicologue renommé, conférencier, compositeur, pédagogue, cet ancien élève du Conservatoire de Musique de Saigon, né le 13 mai 1944, à Linh Dông Xa (Gia Dinh), dans le Sud Viet Nam, a débarqué en France en 1961 et a étudié les musiques orientales au Centre d’études de musique orientale fondé par l’Institut de musicologie de l’Université Paris-Sorbonne. En 1968, il a travaillé comme chercheur au sein du CNRS, au département d’ethnomusicologie du Musée de l’homme et au Musée National des Arts et Traditions Populaires à Paris. Il a de plus été membre de nombreuses sociétés scientifiques dans le domaine de l’ethnomusicologie.

Parallèlement,Trân Quang HAI (son nom signifie « océan illuminant ») a mené une carrière de musicien professionnel et a donné quelque 3000 concerts dans le monde. Si son premier contact fut avec la musique classique occidentale, il a fréquenté plusieurs courants musicaux, dont l’Inde (il a joué avec Sharan Rani, Bismillah Khan, Chatur Lal, Ravi Shankar), l’Iran (Faramarz Payvar, Hassan Nahid, Hossein Tehrani, Djamchid Chemirani…), la Chine (Cheng Shui Cheng), l’Indonésie (il a appris le gamelan à l’ambassade d’Indonésie à Paris), la musique moderne, le folk (il a joué avec John Wright, Roger Mason, Catherine Perrier…), la musique contemporaine, le free jazz, respectant la tradition quand il jouait avec son père et s’en éloignant quand il jouait avec d’autres…

Après son père, il a contribué à faire connaître la tradition musicale vietnamienne en France en réalisant une bonne vingtaine de disques. Son premier 33 Tours, Cithare vietnamienne (le dan tranh), est paru au Chant du Monde en 1971 et a connu un certain retentissement. D’autres disques aussi remarqués ont suivi sur autant de labels prestigieux : Musiques du Vietnam – Traditions du Sud avec Hoang Mong Tuy (Anthologie de la musique des peuples), Viet Nam : Nouvelle Musique traditionnelle, avec Trân Van Khê et Trân Thi Thuy Ngoc (OCORA), L’Eau et le Vent ; cithare vietnamienne, Guimbardes du monde (PlayaSound), Landscapes of the Highlands (Latitudes), et plusieurs albums avec son épouse Bach Yên, dont Vietnam : rêves et réalités (PlayaSound), Vietnam (Arc en Ciel), Vietnamese Dan Tranh Music (Lyrichord), Fêtes traditionnelles vietnamiennes (Studio SM)…

Outre la cithare dan tranh, Trân Quang HAI a aussi joué de la guimbarde, des cuillères, a pratiqué et enseigné le chant diphonique sibérien et en est devenu un des plus grands spécialistes, au point d’avoir formé plus de 7000, voire 8000 stagiaires dans le monde. Il a notamment co-réalisé, composé et joué dans le film Le Chant des harmoniques de Hugo Zemp (1989).

En plus de ses réalisations discographiques (LP, CD, DVD…) et de ses participations à une vingtaine de musiques de films, Trân Quang HAI a écrit des centaines d’articles sur les musiques du monde et le chant diphonique. Plusieurs passages sur de émissions de télévision, de nombreuses participations dans des créations concernant des événements historiques, des interventions répétées lors de la Fête de la musique et ses interprétations d’œuvres de compositeurs de musique contemporaine témoignent de son activité protéiforme. Son travail de scientifique et de musicien a été dument récompensé par de nombreux prix : Prix Spécial du chant diphonique Khoomei à Kyzyl République de Touva, en 1995, cristal du CNRS en 1995, médaille de chevalier de la Légion d’honneur en 2002, et médaille d’honneur du Travail, catégorie Grand Or en 2009.

C’est peu dire que son apport a été considérable dans le domaine des musiques du monde et de la musique vietnamienne en particulier. En 2003, une partie de l’équipe d’ETHNOTEMPOS / RYTHMES CROISÉS avait rencontré Trân Quang HAI, qui s’était alors gentiment et généreusement prêté au jeu de l’entretien. Il est reproduit sur cette page : https://www.rythmes-croises.org/les-musiques-du-vietnam-dhier-a-aujourdhui-premiere-partie-tran-quang-hai/

Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches.

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