VÄRTTINÄ – Iki
(Fréa / Music & Words / L’Autre Distribution)
Il n’était pas question pour le groupe folk finlandais VÄRTTINÄ de fêter ses 20 ans de carrière en se contentant de sortir un conventionnel « best-of » agrémenté d’un petit inédit ou d’un remix fun. Après l’album live 6’12, c’eut été plutôt feignant. Non, VÄRTTINÄ, qui a récemment connu un important changement de personnel, était plutôt impatient de marquer sa renaissance d’une pierre blanche, autrement dit de signer un nouvel opus.
Iki est en l’occurrence le dixième du genre et opère, en termes de production, un retour stratégique à un son folk-pop plus direct et aiguisé, presque live en studio, en tout cas rafraîchissant après l’excellent Ilmatar, aux arrangements certes plus chargés.
Du VÄRTTINÄ des origines, il ne reste que la chanteuse en chef Mari KAASINEN, qui signe ici encore un bon paquet de textes, et le guitariste, bouzoukiste et saxophoniste Jaine LAPPALAINEN. L’accordéoniste Markku LEPISTÖ est toujours présent, de même que le guitariste Antto VARILO, qui a beaucoup écrit pour ce nouveau disque. On note également le retour du violoniste Lassi LOGREN, qui était présent à la première époque du groupe.
Les nouvelles recrues vocales se nomment Johanna VIRTANEN, mise en évidence sur le très beau Tuulen Tunto, et Susan AHO, qui a également composé la musique de quelques morceaux alors que son mari, Timo KIISKINEN, qui ne fait pas partie du groupe, en a fourni les textes. Ça fait en tout trois chanteuses, au lieu de quatre précédemment. Mais elles dégagent une présence et une maîtrise toutes aussi fortes.
Le titre de ce nouveau disque, Iki, n’a pas été choisi au hasard : il signifie « éternel » en finlandais, et « respiration » en japonais. Cette « respiration éternelle » de VÄRTTINÄ est ici transmise sur un ton intimiste, épuré.
L’album s’ouvre comme il se referme, sur la magnifique pièce a capella scindée en deux parties Syllinen Syli, composée à l’origine pour les trente vocalistes féminines du PHILOMELA CHOIR.
Potran Korean met lui aussi en relief les harmonies vocales des trois chanteuses, tout en se permettant une entorse au régime, puisqu’on y perçoit une voix d’homme ! L’instrumental Vihi, qui le suit, confirme l’inspiration alerte des musiciens.
Le nouveau percussionniste Jaska LUKKARINEN, étale de bien inattendues couleurs dans Sepan Poika. Nahkaruoska s’inscrit dans la lignée des chansons « värttiniennes » énergiques au débit de chant rapide, sans forcément les dépasser en vitesse (mais quand même !).
Le disque a beau arborer des teintes forestières, feuillues et printanières, la face sombre des émotions humaines est amplement explorée dans plusieurs morceaux qui comptent parmi les plus marquants du disque (Tumma, Syllinen Syli, Maahinen Neito et Tauti – ces deux derniers étant parés d’accents balkaniques), au point qu’on a un peu de mal à avaler le mielleux chant nuptial Morsian.
Mais au total, Iki est une réalisation plus qu’honnête de VÄRTTINÄ et devrait contenter les fans endurcis tout en séduisant de nouvelles oreilles. Bon anniversaire, au fait !
Stéphane Fougère
Site Web : www.varttina.com
(Chronique originale publiée dans
ETHNOTEMPOS n°13 – septembre 2003)