XALPH – Xalph

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XALPH – Xalph
(Monster Melodies)

De la formation bordelaise XALPH, on ne connaissait en matière de discographie qu’un morceau publié dans la compilation de musiques nouvelles Enneade, parue chez Musea en 1990. Il s’agissait bien sûr d’une archive, le groupe ayant mis la clé sous la porte en 1981. Ce qui est donné à écouter sur ce LP publié par le label parisien Monster Melodies relève de même du statut d’archive. Sauf que, cette fois, la majorité des morceaux ont été enregistrés en 1974/75, soit bien avant celui inclus dans Enneade, que l’on retrouve également inclus à la fin de la seconde face de ce LP. La compilation de Musea nous avait fait découvrir XALPH à son crépuscule, le LP de Monster Melodies remonte le temps et nous fait écouter XALPH à l’aube de son parcours et nous permet de reprendre son histoire dès le début, ce qui est quand même plus logique !

Cependant, si l’on regarde attentivement la liste des musiciens et qu’on la compare avec celle mentionnée dans Enneade, on en vient à se demander si l’on parle bien du même groupe ! Car XALPH a eu une carrière mouvementée, et c’est peu dire que sa formation n’a guère été réputée pour sa stabilité. En sept ans il s’est passé beaucoup de choses dans XALPH, et la formation des débuts n’a rien à voir avec celle de la fin. C’est bien simple, on n’y retrouve aucun musicien en commun ! Voilà un phénomène qui reste assez peu courant pour être mentionné.

La formation d’origine était impulsée par Jean-Pierre DARAN, guitariste, saxophoniste et compositeur des pièces, entouré par quatre autres musiciens aux Fender Rhodes, guitare, basse et batterie. La formation de 1980 était en revanche tenue par le claviériste Serge KORJANEVSKI, entouré par d’autres musiciens, mais sur un instrumentarium toutefois identique à celui de 1974/75. Entre la formation menée par DARAN et celle menée par KORJANEVSKI, quatre autres formations ont tenu la barre de XALPH et – on vous rassure – il y en a quand même eu deux dans lesquelles on a pu trouver à la fois DARAN et KORJANEVSKI ! D’autres, comme le bassiste Jean-Pierre ALCAINE et le guitariste Francis FERRER, y ont fait des séjours prolongés mais ne sont finalement pas restés jusqu’au bout.

XALPH a été sextette, quintette, quartette, puis encore et le plus souvent sextette. Toutefois, l’écoute du LP confirme que le groupe, en sept ans d’existence, n’a pas franchement changé de son ni d’orientation musicale, cette dernière relevant d’un jazz-rock aux accents « zeuhliens » et s’inscrivant dans les sillons laissés par MAGMA. Les compositions de Jean-Pierre DARAN comme celle de Serge KORJANEVSKI se distinguent par leur allure épique, leurs envols et leurs ruptures, leurs contrastes climatiques et leurs chausse-trappes harmoniques et rythmiques.

La différence réside dans la qualité sonore : les morceaux de 1974/75 ont en effet été enregistrés sur un TEAC 3300 et font plutôt office de démos sauvées des eaux. Elles restent néanmoins fort écoutables et possèdent un côté « brut de fonte » qui va de pair avec l’énergie farouche exprimée par le groupe. En revanche, la composition de 1980, plus polie, relève d’un vrai travail de production. Et la présence, sur la seconde partie de Gya-Tei, de deux choristes, fait valoir une différence, tout en confirmant par un autre biais l’ancrage de XALPH dans une esthétique « magmaïenne ».

Ce LP contient donc les « œuvres complètes » de XALPH, ce qui est à la fois peu et déjà beaucoup, compte tenu du fait que le destin n’a pas toujours été tendre avec cette entité qui a connu des rendez-vous sans suite (projet d’album sur les labels Utopia et Tapioca), en dépit de quelques moments forts (un tournage pour France 3, un festival de musiques nouvelles organisé par la revue ATEM, aux côtés d’ART ZOYD, UNIVERS ZÉRO, VORTEX et Philippe CAUVIN).

L’arbre généalogique fourni à l’intérieur de la pochette permet de joindre les deux bouts de l’histoire de XALPH. Une copie du poster annonçant le festival d’ATEM, d’un billet de concert avec NOETRA et d’une lettre de Klaus BLASQUIZ sont les autres « bonus papiers » de cette édition joliment présentée (avec vinyl transparent, s’il vous plaît !) qui ravira les collectionneurs, notamment ceux qui avaient toujours rêvés de posséder un disque de XALPH de son vivant. Mieux vaut tard…

Stéphane Fougère

Label : https://www.monstermelodies.fr/product-page/xalph

 

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